COPENHAGUE : Le Danemark faisait face vendredi à une polémique croissante contre sa décision controversée de priver des réfugiés syriens de permis de séjour du fait d'une situation jugée "sûre" à Damas, avec des critiques de l'ONU.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés s'est dit "préoccupé" par la décision de Copenhague -- qui remonte à l'été dernier -- même si les expulsions restent pour l'heure suspendues en l'absence de liens depuis des années entre le gouvernement danois et le régime syrien.
"Le HCR ne considère pas que les récentes améliorations de la sécurité dans certaines parties de la Syrie soient suffisamment fondamentales, stables ou durables pour justifier la fin de la protection internationale d'un quelconque groupe de réfugiés", a affirmé l'organe onusien dans une déclaration depuis New York jeudi soir.
Le Haut-commissariat "continue à appeler à la protection des réfugiés syriens et demande à ne pas les reconduire de force nulle part en Syrie, peu importe qui contrôle la zone en question".
Depuis fin juin 2020, Copenhague a entrepris une vaste opération de réexamen individuel des dossiers de 461 Syriens originaires de la capitale syrienne, sous contrôle du régime de Bachar al-Assad, au motif que "la situation actuelle à Damas n'est plus de nature à justifier un permis de séjour ou l'extension d’un permis de séjour".
Il est considéré comme le premier pays de l'Union européenne à avoir pris cette décision.
La semaine dernière, le plaidoyer télévisé d'une adolescente menacée d'expulsion à quelques mois du bac a eu raison de la relative indifférence qui entourait jusque là la question dans le petit pays scandinave.
Aya Abu-Daher, 19 ans, avait ému le pays en demandant, les larmes aux yeux, ce qu'elle avait "fait de mal".
"Excellente élève" selon le proviseur de son lycée de Nyborg, qui se mobilise pour que la famille puisse rester, la jeune Syrienne a récemment appris que son permis de séjour, arrivé à expiration fin janvier, ne serait pas renouvelé.
Comme elle, 94 Syriens s'en sont vus privés en 2020, sur les 273 dossiers étudiés individuellement, selon le dernier bilan disponible de l'Agence danoise des migrations, qui remonte à janvier. Une partie d'entre eux ont été placés en centre de rétention.
Le Danemark, dont la politique d'accueil est très restrictive avec un objectif assumé de "zéro demandeur d'asile", encourage les retours volontaires des Syriens et ne délivre que des permis de résidence temporaire depuis 2015.
Légalement, ces permis sont donnés sans limite de temps en cas de "situation particulièrement grave dans le pays d'origine caractérisée par des violences arbitraires et des agressions contre des civils". Mais ils peuvent être de facto révoqués lorsque la situation n'est plus jugée comme telle.