STRASBOURG: La ville de Strasbourg compte sur la visite effectuée dimanche par Emmanuel Macron et les dirigeants de l'UE pour redorer son blason de «capitale européenne», terni par l'absence depuis plus d'un an des eurodéputés, pour cause de Covid-19.
«Le chef de l'Etat a décidé de prendre à bras le corps la question du statut européen de la ville de Strasbourg», s'est réjoui Jeanne Barseghian, la maire écologiste de Strasbourg, siège officiel du Parlement européen.
L'édile voit dans le lancement de la Conférence sur l'avenir de l'Europe, organisé dimanche après-midi dans l'hémicycle du Parlement européen, «un symbole porteur d'espoir» pour un retour prochain des sessions parlementaires, réclamé à cor et à cri par les élus locaux de tous bords.
«C’est ici que bat le cœur de la démocratie européenne», a déclaré Emmanuel Macron qui a appelé à tenir à Strasbourg dès juin la prochaine plénière du Parlement européen, quand son président David Sassoli s'est contenté d'évoquer un retour «très bientôt».
Attendre au-delà de juin «ne serait pas normal», a considéré Jeanne Barseghian. «Maintenant tout cela doit se traduire en actes», a-t-elle souligné.
Outre le Conseil de l'Europe et son bras judiciaire, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), Strasbourg dispose d'un imposant bâtiment dédié au Parlement européen.
Mais les eurodéputés n'y siègent que trois jours et demi par mois pour les sessions plénières, le reste de l'activité parlementaire se passant à Bruxelles. Et depuis le début de la crise sanitaire, cette transhumance, source de polémiques depuis des décennies, a cessé.
Quelle que soit leur couleur politique, les maires successifs de Strasbourg ont toujours célébré la dimension européenne de la ville, symbole de la réconciliation franco-allemande.
La municipalité actuelle, qui a créé une instance de concertation spécifique, table sur la Conférence sur l'avenir de l'Europe puis sur la présidence française de l'UE début 2022 pour accueillir d'autres événements européens.
Cette ambition européenne est nourrie depuis 1980 par des contrats triennaux noués avec l'Etat et les collectivités territoriales, la dernière mouture en date, 2021-2023, ayant été signée dimanche en présence d'Emmanuel Macron.
«Le président de la République a eu un discours volontaire et politique par rapport à Bruxelles», a considéré le président (LR) de la région Grand Est Jean Rottner. «Il faut que la position de Strasbourg soit clairement reconnue au niveau de l'Europe», a-t-il ajouté.
Doté de 189 millions d'euros, ce contrat vise à améliorer l'accessibilité de Strasbourg pour les eurodéputés et fonctionnaires européens, créer un poste à Bruxelles pour défendre la place de Strasbourg auprès des institutions européennes ou encore financer des projets dans la recherche, la culture, la démocratie et les droits humains.
Parallèlement, les collectivités font le pari de la construction en face du Parlement européen d'un grand bâtiment proposé aux institutions européennes.
«L'urgence est que les sessions reprennent, mais il est clair que (...) l'objectif est d'accueillir de manière pérenne et permanente de nouvelles activités européennes», avait souligné vendredi Jeanne Barseghian.