PARIS: La prévention du terrorisme est demeurée l'écrasante priorité du renseignement français en 2020, et ce en dépit des tensions géopolitiques mondiales et des cyberattaques, révèle jeudi le rapport annuel de la commission de contrôle des services.
Le dossier a représenté 46,3% des demandes d'autorisation d'utilisation des techniques de renseignement, constate la Commission nationale de contrôle des techniques du renseignement (CNCTR).
Ce chiffre s'établissait à 38% en 2019 et a donc encore continué à progresser. L'autorité administrative indépendante veille sur la légalité des activités des services depuis 2015, année des attentats contre Charlie Hebdo (janvier) puis du Bataclan (novembre). L'importance de la lutte antiterroriste n'a depuis jamais été démentie.
Les «finalités relevant des intérêts géostratégiques de la France» suivent avec 20% des saisies de la CNCTR, une proportion globalement stable, elle aussi, depuis 2015. Des voix s'élèvent à cet égard au sein des services et de la part de certains experts pour que cette priorité soit renforcée.
Suivent ensuite à hauteur comparable, pour 14% des saisines, d'une part la prévention de la délinquance et criminalité organisée, d'autre part la prévention des violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique. A relier notamment aux débordements de plus en plus fréquents des manifestations.
Les «intérêts économiques, industriels et scientifiques de la France» ne représentent pour leur part que 5% des saisines, en recul de six points. La baisse peut surprendre alors que les attaques cyber se sont multipliées au cours de l'année, mais elle est «une conséquence directe de la pandémie de Covid-19 qui a entraîné une réduction drastique de l'activité économique», fait valoir le rapport.
«La conscience du risque est parfaitement établie et prise en compte» au sein des services a assuré le président de la CNCTR, Francis Delon, lors d'un point-presse.
La pandémie explique elle aussi évidemment une forte baisse des demandes relatives aux techniques les plus intrusives, qui impliquent un «contact physique» avec les cibles, en particulier les «captations de paroles» et d'images à titre privé – en d'autres termes, la pose de micros et de caméras.
Le nombre d'individus surveillés, stable depuis 2018, est demeuré stable (21 952, contre 22 210 en 2019).
La CNCTR a été sollicitée par le gouvernement pour donner des avis sur trois points du projet de loi antiterroriste, examiné une première fois en conseil des ministres fin avril. Ces avis seront rendus publics ultérieurement.
Le vote définitif de la loi est prévu par le gouvernement avant la fin du mois de juillet.