BEYROUTH: La «durabilité» est un terme à la mode dans l'industrie de la mode, ces derniers temps. En raison de l'impact environnemental de la mode, les marques du monde entier – et celles du Moyen-Orient – déploient d’importants efforts pour être plus «durables», utilisant des tissus respectueux de l'environnement et réduisant le nombre de collections qu'elles proposent chaque année.
Cependant, le créateur libanais Éric Ritter, fondateur de la marque de streetwear Emergency Room, développe une stratégie différente, et il appelle à un changement radical dans le monde de la mode.
Ce créateur de talent commence son processus de conception en explorant les matériaux disponibles sur le marché plutôt que de commencer par un modèle et de commander des matériaux habituels.
«Nous allons au souk, nous faisons un état des lieux, et nous commençons notre processus de conception, et non l'inverse», confie-t-il à Arab News.
Toutes ses créations sont fabriquées au Liban, et principalement à Tripoli, une ville du nord du pays.
«À Tripoli, il y a le beileh, des rues remplies de friperies de vêtements d'occasion. Ce que nous faisons, c'est que nous nous rendons tout simplement là-bas, où nous trouvons toujours des piles de vêtements. Si beaucoup de jeans sont disponibles, nous en achetons tout un tas et nous commençons à les couper et à les utiliser pour fabriquer des vestes», explique-t-il.
«En réalité, nous travaillons avec les ressources dont nous disposons. Nous n'essayons pas d'importer, de générer ni de créer de nouveaux matériaux, mais nous nous concentrons sur ce qui est disponible, à la manière d’un chef dans son restaurant», poursuit-il.
Ritter a lancé sa marque, principalement axée sur le recyclage, il y a environ trois ans.
Le créateur l'a nommée «Emergency Room» parce que «cela a commencé avec l'idée ou le sentiment qu'il y avait une urgence dans la mode», souligne-t-il.
«Nous avons décidé de l'appeler “Espace d'urgence” parce que nous avions vraiment l’intention de procéder d'une manière éthique et respectueuse de l'environnement», indique encore Ritter.
Une grande part de travail manuel intervient dans le processus de création, c’est la raison pour laquelle beaucoup de pièces présentent des bords bruts ou non formatés.
«Nous devons vraiment changer du tout au tout notre façon de faire», conclut-il à l’adresse des amateurs de mode et des créateurs.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com