Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a affirmé vendredi que le parti chiite souhaitait la formation d'un gouvernement « efficace » auquel il prendrait part, après la démission du cabinet de Hassane Diab, six jours après les explosions du 4 août, qui ont ravagé le port de Beyrouth et la capitale, faisant plus de 180 morts et 6.500 blessés selon un bilan encore provisoire.
« Le Hezbollah veut un gouvernement efficace, capable de mener les réformes et de reconstruire Beyrouth, tout en luttant contre la corruption et en effectuant un audit financier », a affirmé Naïm Kassem, lors d'un discours prononcé à l'occasion d'une cérémonie commémorant Achoura, vendredi. Le 14 août, lors d'un discours télévisé, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'était prononcé en faveur d’un gouvernement d’union nationale regroupant les formations politiques de tous bords.
"Nous voulons un gouvernement auquel nous participerons, que nous soutiendrons et qui soit rassembleur dans la mesure du possible, en bénéficiant du soutien de représentants du peuple, dans le cadre de la Constitution", a ajouté Naïm Kassem.
« Chuchotements dans les coulisses »
Depuis la démission du gouvernement Diab, des tractations informelles ont lieu entre les différentes formations politiques de la majorité afin de se mettre d'accord sur le nom du Premier ministre en amont des consultations parlementaires contraignantes, ainsi que sur la forme que prendrait le futur cabinet. Ces tractations sont principalement orchestrées par le président de la Chambre, Nabih Berry, alors que le président de la République, Michel Aoun, s'abstient toujours de fixer la date des consultations. Nabih Berry souhaite un retour du leader du Courant du Futur Saad Hariri au Sérail, une option rejetée par le chef de l'État et le chef du Courant patriotique libre (aouniste) Gebran Bassil, ainsi que par l'opposition populaire et certaines formations politiques hostiles au pouvoir en place. Aucune percée qui mettrait sérieusement sur les rails la formation de la future équipe ministérielle n'a été enregistrée jusque-là. L’entente élargie autour du nom du prochain Premier ministre, mais aussi du plan d’action de son cabinet, se fait donc toujours attendre.
"Pourquoi les consultations parlementaires n'ont-elles pas encore eu lieu, comme il le faudrait, au lieu des chuchotis de coulisses ?", s'est interrogé samedi le leader druze et chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, sur son compte Twitter. Le député Hagop Pakradounian s'est lui rendu à Aïn el-Tiné où il a été reçu par M. Berry. "Le temps n'est pas aux conditions et aux intérêts personnels", a estimé le parlementaire. Il a affirmé que le Liban "est en danger", appelant à la formation d'un gouvernement "de sauvetage qui mette en place toutes les réformes".
Pour ce qui est de la communauté internationale, elle suit de près le processus politique au Liban. À en croire certains médias locaux, la France aurait préparé un document devant servir de feuille de route pour le prochain cabinet, qui serait « un gouvernement de mission » principalement chargé de mener les réformes et d’organiser des législatives anticipées. Mais selon une source proche du dossier, ce document serait toujours en discussion.