LONDRES : Appelés par l'OMS à la solidarité face à la pandémie, les pays riches du G7 discutent mercredi des moyens d'assurer une distribution plus équitable des vaccins anti-Covid.
Réunis à Londres depuis lundi pour leur première rencontre en personne en deux ans, les chefs de diplomatie de l'Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni doivent reprendre leurs discussions mercredi pour se pencher notamment sur la situation sanitaire.
A l'heure où l'avancée des campagnes de vaccination en Europe ou aux Etats-Unis permettent une levée progressive des restrictions en place contre le coronavirus, les pays pauvres manquent encore cruellement de doses à injecter pour lutter contre la pandémie.
Le système de partage avec les pays pauvres Covax, qui se fournit principalement en vaccins d'AstraZeneca, patine: il n'a livré que 49 millions de doses dans 121 pays et territoires, contre un objectif de 2 milliards en 2021.
Et la situation dramatique en Inde est venue rappeler que la crise du Covid-19, qui a fait plus de 3,2 millions de morts dans le monde, n'était pas terminée.
Le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a expliqué que la réunion de Londres donnait l'occasion d'apporter des "réponses positives" à la question de l'aide aux "pays les plus vulnérables". Il a cité le financement de Covax mais aussi l'utilisation des abondantes doses excédentaires commandées par les pays riches avant de savoir quels vaccins seraient efficaces.
Lors d'une rencontre mardi soir à Downing Street, le Premier ministre britannique Boris Johnson et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken ont évoqué un possible effort du G7 pour "accroître la capacité de fabrication internationale", selon Downing Street.
Lundi, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a appelé les pays du G7 à payer les fonds manquant pour garantir un accès équitable aux vaccins.
Il s'est inquiété d'un déficit de financement de 19 milliards de dollars (sur les 22 nécessaires cette année) auquel est confrontée l'initiative collective lancée il y a un an pour tenter de niveler les inégalités dans la lutte contre le Covid-19.
Elle est connue sous le nom d'Accélérateur ACT (un acronyme anglais pour "outils de lutte contre le Covid").
"Nous estimons que nous aurons besoin de 35 à 45 milliards de dollars supplémentaires l'année prochaine pour vacciner la plupart des adultes dans le monde", a ajouté le chef de l'OMS, appelant le G7 à "prendre la tête des efforts mondiaux".
L'ancien Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé les dirigeants du G7 à assumer les deux tiers des coûts liés à la lutte contre la pandémie (y compris 27% pour les Etats-Unis, 23% par l'UE et 5% par le Royaume-Uni).
Strict protocole
Le système s'est heurté à la volonté des Etats les plus riches qui, face à la pression populaire, se sont procuré le plus de doses possibles au détriment des autres.
Le dispositif est également mis à mal par la décision prise par l'Inde de bloquer les exportations des doses produites par AstraZeneca via le Serum Institute of India (SII), le géant asiatique étant lui-même débordé par l'épidémie de Covid.
Avant de se retrouver en personne mi-juin dans le sud-ouest de l'Angleterre, les chefs d'Etat et de gouvernement du G7 s'étaient engagés en février à doubler, à 7,5 milliards de dollars, leur soutien collectif à la vaccination, notamment via le programme Covax.
Pour faire face à l'urgence, le président français Emmanuel Macron avait alors plaidé pour que les pays riches envoient 3 à 5% de leurs doses disponibles à l'Afrique "très vite".
Avant la situation sanitaire mercredi, leurs ministres des Affaires étrangères ont évoqué lundi soir et mardi, à huis clos, les crises internationales: programmes nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord, Chine, Russie, Syrie et réchauffement climatique.
Les rencontres entre les participants se font selon un strict protocole en raison de la pandémie, avec délégations réduites, masques, distanciation et parois transparentes.
Malgré ces limites, le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, s'est félicité du retour des rencontres en face-à-face: "C'est ainsi qu'on forge un consensus, qu'on noue des accords".