La guerre des cultures ouverte en Turquie avec la reconversion d’une église historique

La police turque montant la garde sur le toit du musée Kariye, l'église Saint-Sauveur in Chora, du XIe siècle, lors d'une visite du prince Charles et de son épouse Camilla à Istanbul, le 28 novembre 2007. (Reuters)
La police turque montant la garde sur le toit du musée Kariye, l'église Saint-Sauveur in Chora, du XIe siècle, lors d'une visite du prince Charles et de son épouse Camilla à Istanbul, le 28 novembre 2007. (Reuters)
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Publié le Lundi 24 août 2020

La guerre des cultures ouverte en Turquie avec la reconversion d’une église historique

  • L’Église Saint Sauveur-in-Chora (Kariye) à Istanbul, un pôle d’attraction touristique, sera ouverte au culte musulman
  • Dans le quartier d’Edirnekapi, l’église-musée est entourée de seize mosquées, ce qui suscite doutes et critiques sur l’urgence de la démarche

ANKARA : Quelques semaines après que les premières prières ont été tenues à Sainte-Sophie (Hagia Sophia), un autre site touristique, le musée de l’Église Saint Sauveur-in-Chora (Kariye en turc), sera ouvert au culte musulman, selon un décret présidentiel publié dans le Journal officiel le 21 août.
Bâti au VIe siècle, et transformé en église à l’époque byzantine au XIe siècle, ce monastère fut par la suite transformé en mosquée au XVIe siècle puis en musée en 1945.

Tout va changer quand la propriété passe du ministère de l’Éducation à la Direction des Affaires Religieuses. La plus haute juridiction administrative du pays, le Conseil d’État, a statué que cette mosquée pouvait uniquement être utilisée dans le cadre de sa fonction essentielle et a jugé illégale la décision précédente qui a transformé la mosquée en musée.

À ce jour, aucune date pour les premières prières n’a été fixée. Cette reconversion n’a pas moins suscité un débat parmi les Turcs ainsi que les experts internationaux sur la protection du patrimoine, soulignant que les mosaïques et les fresques de l’ancien bâtiment risqueraient d’être dissimilées.

Dans le quartier d’Edirnekapi, à Istanbul, se situent autour du musée Kariye seize mosquées, ce qui suscite des critiques sur l’urgence d’une certaine démarche qui ne fera que polariser d’emblée la société.

Pour le Directeur du département d’études turques à l’université de Strasbourg, Samim Akgonul, la reconversion d’églises en mosquées ne répond pas au manque de lieu de culte musulmans en Turquie : “Ce sont des actions symboliques et politiques qui ne sont pas liés à la religion. C’est sous cet angle qu’il faut comprendre la conversion de Hagia Sophia en mosquée » indique-t-il à Arab News.

Tout comme Hagia Sophia, l’Église Chora est classée au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO parmi les chefs-d’œuvre architecturaux. Malgré les travaux de restauration effectués dans le bâtiment, le musée Kariye a attiré 100000 touristes l’année passée.

Selon Akgonul, Hagia Sophia a toujours été un symbole de puissance : « Elle a représenté la puissance de l’empereur Justinien après la sédition Nika, et celle du Sultan ottoman Mehemet II après la conquête de Constantinople, et de Mustafa Kemal Ataturk après la fondation de la République turque. Aujourd’hui, elle incarne le pouvoir du Président truc Recep Tayyip Erdogan, après la transformation du régime, » dit-il.

Le statut de Hagia Sophia a longtemps suscité un débat dans le pays, notamment durant les périodes électorales. Toutefois, le musée Kariye est différent, s’agissant, d’après Akgonul, d’une église peu connue, à comparer avec Hagia Sophia : “Sa reconversion en mosquée a probablement été décidée en décembre 2019, mais elle n’a été révélée qu’aujourd’hui, par crainte d’une réaction qui aurait empêché la reconversion d’Hagia Sophia. Dans ce cas, on peut considérer que c’est un acte prémédité, et non une coïncidence », affirme l’universitaire.

Il ajoute : « Cela fait partie des mesures stratégiques, une manière de donner des gages aux électeurs islamiques et nationalistes en disant : « Nous allons reconquérir la ville et le pays, après une petite pause » ». Malheureusement, ça marche. Des millions de personnes qui n’ont jamais entendu parler de Chora et ne l’ont jamais visitée, considèrent cette action comme une reconquête.

L’UNESCO n’a pas immédiatement réagi. Le Dr Mine Yildirim, président du Comité norvégien d’Helsinki pour la Liberté de Croyance en Turquie, estime que le respect de la liberté de religion et de croyance exige plutôt de la part des autorités des mesures en direction du rétablissement des lieux de culte - synagogues, églises ou maisons des derviches - qui ont perdu leur fonction initiale : « Nous savons que cela n’est pas possible, et qu’il existe plusieurs endroits placés sous la garde de la Direction générale des Fondations qui sont transformés en musée, librairies ou endroits publics, » confie-t-il à Arab News.

Quoiqu’il existe des églises et des synagogues qui ont été récemment restaurées, la permission des autorités publiques est requise pour que leurs communautés puissent les utiliser. La fonction initiale de ces bâtiments n’a pas pour autant été rétablie. 


Samas, de Zad Moultaka à l'IMA, pour crier la paix

Des visiteurs participent à une performance créée par l'artiste Zad Moultaka au Tunnel des Tuileries à Paris le 30 septembre 2016 dans le cadre du festival d'arts nocturnes « Nuit Blanche ».  (AFP)
Des visiteurs participent à une performance créée par l'artiste Zad Moultaka au Tunnel des Tuileries à Paris le 30 septembre 2016 dans le cadre du festival d'arts nocturnes « Nuit Blanche ». (AFP)
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  • Cette œuvre a été créée le 11 mai 2017 spécialement pour le pavillon du Liban à la Biennale de Venise 2017. Il s'agit d'une installation artistique, poétique et politique qui traverse l'histoire de la civilisation orientale
  • L’artiste s’interroge : la civilisation porte-t-elle en elle les germes de sa propre destruction ?

PARIS: L'Institut du Monde Arabe accueillera, du 9 décembre 2024 au 6 avril 2025, une œuvre artistique créée par le compositeur et artiste plasticien libanais Zad Moultaka, intitulée "Shamash", en solidarité avec le peuple libanais.

Cette œuvre a été créée le 11 mai 2017 spécialement pour le pavillon du Liban à la Biennale de Venise 2017. Il s'agit d'une installation artistique, poétique et politique qui traverse l'histoire de la civilisation orientale et clame un appel urgent à la paix dans le monde d’aujourd’hui.

Zad Moultaka s’est inspiré du Code d’Hammurabi, gravé sur une stèle de basalte il y a 4 000 ans. "Shamash" est également le nom du dieu babylonien du Soleil, représenté sur cette stèle comme la source des lois et des civilisations.

L’œuvre se compose d’une structure visuelle et musicale monumentale : un moteur d’avion de chasse trône au centre de la salle, face à un mur recouvert de 150 000 pièces de monnaie libanaises réfléchissant la lumière. Comme la musique est un élément central de cette œuvre, une composition intitulée " Shamash A’tema" ("Soleil Obscur") est diffusée par des haut-parleurs. Cette pièce musicale mêle des extraits de lamentations sur la chute tragique de la ville sumérienne d’Ur et des textes originaux de Zad Moultaka, inspirés du modèle sumérien.

Zad Moultaka s’est inspiré du Code d’Hammurabi, gravé sur une stèle de basalte il y a 4 000 ans. "Shamash" est également le nom du dieu babylonien du Soleil, représenté sur cette stèle comme la source des lois et des civilisations.

L’artiste s’interroge : la civilisation porte-t-elle en elle les germes de sa propre destruction ?

L’œuvre se divise en trois parties, alliant innovations sonores et expérience visuelle. Elle reflète le cycle infini de justice et de violence aveugle, qui semble inéluctable. L’artiste érige un temple hors du temps et refuse la tragédie actuelle du Moyen-Orient. Il questionne le sens de la justice dans le monde d’aujourd’hui et de demain, à une époque où le Moyen-Orient replonge dans une vague de violence intense, rappelant les lamentations d’Ur et les récits d’enfants emportés par l’eau et le feu.

L’artiste s’interroge : la civilisation porte-t-elle en elle les germes de sa propre destruction ? Tous les éléments de l’œuvre invitent à réfléchir à cette question et nous placent au cœur d’un cycle de destruction et de reconstruction, traversé cependant par des rayons de lumière symbolisant l’espoir.

Dans ce sens, le moteur de l’avion de chasse capté par Zad Moultaka dans son œuvre transforme la guerre en une chanson.


Réouverture de Notre-Dame: Hiba Tawaji parmi les artistes de la cérémonie inaugurale

La chanteuse libanaise Hiba Tawaji est également annoncée : après sa participation en 2015 dans l'émission "The Voice", elle a repris le rôle d'Esméralda dans la comédie musicale "Notre-Dame de Paris". (AFP)
La chanteuse libanaise Hiba Tawaji est également annoncée : après sa participation en 2015 dans l'émission "The Voice", elle a repris le rôle d'Esméralda dans la comédie musicale "Notre-Dame de Paris". (AFP)
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  • "Tous les créneaux sont épuisés": il a fallu quelques heures seulement mardi pour que les places permettant d'accéder à Notre-Dame de Paris pour les célébrations religieuses de la semaine de réouverture soient réservées
  • Le diocèse de Paris rappelle sur son site que "la capacité de la cathédrale étant strictement limitée à 1.500 personnes, nous ne pouvons malheureusement pas accueillir d'autres participants pour ces célébrations"

PARIS: "Tous les créneaux sont épuisés": il a fallu quelques heures seulement mardi pour que les places permettant d'accéder à Notre-Dame de Paris pour les célébrations religieuses de la semaine de réouverture soient réservées.

Un système de réservation en ligne a été lancé mardi matin pour que fidèles et visiteurs puissent réserver gratuitement une ou plusieurs places à l'un des offices religieux ouverts au public pendant la semaine du 8 au 15 décembre. Chaque jour auront lieu des vêpres à 17H45 et une messe à 18H30.

"Tous les créneaux sont épuisés", a affirmé vers midi l'application Notre-Dame de Paris.

"Toutes les places disponibles pour les célébrations de la semaine d'octave (8-15 décembre) ont été réservées", indique de son côté le site internet de Notre-Dame.

Le diocèse de Paris rappelle sur son site que "la capacité de la cathédrale étant strictement limitée à 1.500 personnes, nous ne pouvons malheureusement pas accueillir d'autres participants pour ces célébrations".

La "semaine d’octave" sera un peu particulière car dédiée à tous ceux qui ont œuvré pour la reconstruction de Notre-Dame.

 


Les membres de la communauté d'AlUla plantent 500 000 arbres et arbustes dans la réserve naturelle de Sharaan

Cette initiative a mobilisé les habitants d'AlUla, les étudiants et les employés de la commission en novembre pour atteindre cet objectif, selon un communiqué de presse. (SPA)
Cette initiative a mobilisé les habitants d'AlUla, les étudiants et les employés de la commission en novembre pour atteindre cet objectif, selon un communiqué de presse. (SPA)
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  • Dirigé par la Commission royale pour AlUla, le projet soutient l'Initiative verte saoudienne, qui vise à planter 10 milliards d'arbres dans tout le pays.
  • À ce jour, les efforts de réensauvagement ont permis de relâcher plus de 1 000 animaux indigènes dans quatre réserves protégées d'AlUla.

RIYADH : La réserve naturelle de Sharaan, à AlUla, a subi une transformation significative avec la plantation de 500 000 arbres et arbustes, dans le cadre des efforts de restauration des écosystèmes indigènes.

Dirigé par la Commission royale pour AlUla, le projet soutient l'Initiative verte saoudienne, qui vise à planter 10 milliards d'arbres dans tout le pays.

Selon un communiqué de presse, l'initiative a mobilisé les habitants d'AlUla, les étudiants et les employés de la commission en novembre pour atteindre cet objectif.

Le projet de reboisement a utilisé des graines provenant de la région et cultivées dans la pépinière de plantes indigènes de la commission, en donnant la priorité aux espèces qui améliorent la santé des sols, la rétention d'eau et la disponibilité des nutriments, tout en créant une source de nourriture durable pour les herbivores introduits dans le cadre du programme de réensauvagement de la commission.

À ce jour, les efforts de réensauvagement ont permis de relâcher plus de 1 000 animaux indigènes dans quatre réserves protégées d'AlUla. Ce projet s'inscrit également dans un projet pilote plus large de réhabilitation écologique mené en partenariat avec l'Initiative verte saoudienne, qui teste des techniques de restauration pour les régions arides.

Stephen Browne, vice-président de la Commission chargé de la faune et du patrimoine naturel, a déclaré que la Commission rétablissait l'équilibre de la nature afin de préserver le patrimoine naturel et culturel d'AlUla.

« La plantation de 500 000 arbres et arbustes est une étape importante dans la réalisation des objectifs climatiques du Royaume », a-t-il ajouté.

« La régénération des habitats naturels d'AlUla, qu'il s'agisse de ses vallées, de ses montagnes, de ses oasis, de sa flore ou de sa faune, est l'une des principales ambitions de la Commission, au même titre que l'implication, l'amélioration et la qualification de notre communauté », a déclaré M. Browne.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com