Maroc: Un Ftour Pluriel pour la tolérance et la cohabitation des religions

L'archevêque de Rabat, Cristobal Lopez; le rabbin Jaky Sebag; l'imam Omar el-Mroni, et le père Manuel Corrulon, lors de l'édition du Ftour Pluriel qui a eu lieu le 26 mai 2019. (Photo fournie)
L'archevêque de Rabat, Cristobal Lopez; le rabbin Jaky Sebag; l'imam Omar el-Mroni, et le père Manuel Corrulon, lors de l'édition du Ftour Pluriel qui a eu lieu le 26 mai 2019. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Vendredi 07 mai 2021

Maroc: Un Ftour Pluriel pour la tolérance et la cohabitation des religions

  • Les représentants des trois principales religions monothéistes se sont réunis autour d’un repas de rupture du jeûne du mois de Ramadan au Maroc
  • Ftour Pluriel est une initiative de l’association Marocains Pluriels, créée par Ahmed Ghayet, une figure emblématique du militantisme associatif et culturel au Maroc et en France

CASABLANCA: Partage, tolérance, espoir, joie, chant, danse, prières… C’est dans une ambiance bon enfant, ponctuée par des messages de paix et imprégnée de dialogue interculturel et interreligieux, que la 9e édition de Ftour Pluriel s’est tenue le 29 avril 2021.

Lancée en 2013 par l’association Marocains Pluriels, cette initiative est devenue une véritable tradition, reprise notamment à Marrakech, à Beyrouth, à Tunis, à Paris et à Montréal. Son objectif est de rassembler musulmans, juifs et chrétiens – entre autres – autour d’un repas de rupture du jeûne du mois de ramadan, sous le signe de la spiritualité, de la paix et de la fraternité. Cette année, comme en 2020, l’événement s’est déroulé de manière virtuelle.

Deux heures de spiritualité, de bonne humeur et de partage

«Normalement, avant la Covid-19, nous accueillions près de quatre cents personnes en format présentiel. Malgré les mesures restrictives, nous avons maintenu ce rendez-vous, choisissant d’ailleurs comme thème “Les retrouvailles”. Et ces retrouvailles ont largement battu notre précédent record, puisque notre live a été suivi par plus de 4 000 spectateurs.

Affiche de l'événement (Photo, fournie).

Nous sommes à plus de 7 000 vues, sans compter le nombre de vues de notre replay», déclare avec fierté à Arab News en français Ahmed Ghayet, le président de l’association Marocains Pluriels, qui œuvre pour le vivre-ensemble, lutte contre le racisme et milite pour la jeunesse. «Mais, au-delà des chiffres, je suis heureux que ces retrouvailles aient été de cette qualité. Nous avons réussi à réunir les quatre coins du monde: le Maroc, la France, Israël, la Belgique, le Canada et l’Espagne. Toutes les religions, toutes les générations, toutes les opinions se sont retrouvées au diapason durant les deux heures de ce Ftour Pluriel», se réjouit-il.

Appel aux représentants des trois religions monothéistes

Cette édition 2021 a réuni des personnalités de différentes religions et confessions, des diplomates de haut niveau et des jeunes militants associatifs, ainsi que de grands noms de la musique du monde, arabe, marocaine, juive ou de l’Afrique subsaharienne. Le moment le plus attendu était le discours d’ouverture d’André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI. Juif de confession, Azoulay n’a manqué aucune édition de ce Ftour Pluriel. «Cet événement est à l’image d’un Maroc qui est aujourd’hui un cas d’école en termes de tolérance, d’altérité et de cohabitation des religions.

Aujourd’hui, des juifs marocains en savent beaucoup plus sur la richesse et les caractéristiques les plus profondes de l’islam, et vice versa. Je peux dire que le Maroc a réussi cet exercice, dans un monde marqué par le déni, l’antisémitisme, le terrorisme, le racisme et la division. La résilience et la spécificité marocaines sont là pour dire non seulement qu’il faut continuer, mais qu’il y a une autre sortie à cette crise, à ces archaïsmes, à ces régressions, à ces démagogies, à ces racismes, à ces extrémismes qui fleurissent trop souvent tout autour de nous», affirme-t-il. Puis il lance un appel aux représentants des trois religions monothéistes à organiser plus souvent des événements comme Ftour Pluriel dans les mosquées, les synagogues et les églises marocaines.

Invités de marque et diplomates vantent les valeurs de tolérance

Un avis partagé par les trois représentants de ces religions: le cardinal Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat, Jacky Sebag, rabbin de la synagogue Neve Shalom de Casablanca, et l'islamologue et théologien Moulay Abdellah Cherif Ouazzani.

Par ailleurs, la nouveauté de l’édition 2021 résidait dans la participation de plusieurs diplomates, comme l’ambassadeur du Japon au Maroc, Takashi Shinozuka, le consul général des États-Unis, Lawrence M. Randolph, et l’ambassadrice de France au Maroc, Hélène Le Gal.

Repas virtuel au Ftour Pluriel (Photo, fournie).

Leurs discours unificateurs et inspirants ont fait l’éloge du vivre-ensemble qui règne au Maroc depuis des siècles; ils ont été ponctués de prestations artistiques. L’un des moments forts de cette soirée fut sans conteste la diffusion d'une vidéo présentant la prestation de l’icône de la musique judéo-marocaine Raymonde el-Bidaouia, en duo avec la regrettée Haja el-Hamdaouia.

1
Sur fond de crise sanitaire, le Ftour Pluriel de l'année 2021 s'est tenu en visioconférence. (Photo fournie)

Ahmed Ghayet, militant infaillible du vivre-ensemble

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Ahmed Ghayet est une figure emblématique du monde associatif et politique en France et au Maroc. Né en France, ce Franco-Marocain ressent la fibre associative dès son plus jeune âge, plus précisément depuis 1983; le déclic est pour lui la fameuse «Marche des Beurs» [«Marche pour l’égalité et contre le racisme», NDLR]. Depuis, il n’a de cesse de militer «pour les maghrébins de France, contre la ghettoïsation d’une jeunesse marginalisée, vantant les valeurs qui appellent à l’unité et l’acception, tout en combattant les discours, notamment médiatiques, qui divisent et qui ciblent de plus en plus les communautés arabo-musulmanes en France», nous confie-t-il.

Écrivain, militant culturel et associatif, Ghayet intègre le monde politique fin des années 1990 pour devenir conseiller d'Élisabeth Guigou, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, après avoir occupé ce poste auprès de Martine Aubry. Il lance sa fameuse association Maillages, qui porte à son actif plusieurs réalisations. Puis il crée au Maroc l’association Marocains Pluriels, qui œuvre pour la diversité, le vivre ensemble et le partage, agissant par, pour et avec la jeunesse, et l’encourageant à s’engager. L’action d’Ahmed Ghayet est soutenue par le roi du Maroc, Mohammed VI. Le souverain le décore d’ailleurs en 1999 du Wissam alaouite [l’équivalent de la Légion d’honneur française, NDLR]. Une véritable fierté pour Ghayet, qui voit son infaillible militantisme récompensé.


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Short Url
  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Short Url
  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
Short Url
  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.