NEW YORK : Le lendemain de la réclamation, par le secrétaire d'État américain Mike Pompeo à l’ONU de rétablir les sanctions internationales contre l’Iran, l'émissaire américain pour l'Iran Brian Hook a exhorté les membres du Conseil de sécurité à agir.
“Le Président M. Donald Trump a rétabli les sanctions quand il s’était retiré de l’accord. A présent, c’est à l'ONU de rétablir les sanctions, » a insisté Hook, se référant au Plan d’Action Global Commun (JCPOA), connu aussi sous le nom d’ Accord sur le nucléaire iranien, et dont les EU se sont retirés en 2018.
“Jusqu’à présent, personne ne juge que le comportement de l’Iran mérite un allègement des sanctions. Jusqu’à présent, personne ne considère que si l’embargo sur les armes du sponsor principal du terrorisme et de l’antisémitisme dans le monde arrive à échéance, ceci pourra assurer la sécurité nationale. »
En s'abstenant de voter en faveur de la résolution des États-Unis, le 14 août, sur la reconduction sine die de l’embargo sur les armes iraniennes, qui arrive à échéance en octobre, le Conseil de sécurité a laissé les États-Unis avec une seule option : lancer le « snapback », d’après Hook.
Le « snapback » est un mécanisme, dans le cadre du Plan d’Action Global Commun (JCPOA) autorisant tout pays signataire de l’accord – les USA, La Chine, la Russie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Union européenne – de déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité sur toute contravention à l’accord par l’Iran. Si les doutes ne sont pas dissipés, toutes les sanctions de l'ONU imposées avant l’accord nucléaire, seraient automatiquement rétablies, y compris l’embargo sur les armes. De plus, l’Iran serait appelé à suspendre toute activité d’enrichissement nucléaire.
Alors que l’administration de Trump insiste sur le fait que l’accord nucléaire, endossé par le Conseil de sécurité, donne aux pays participants le droit d’initier un snapback, même après s’être retirés de l’accord, la plupart des pays membres du Conseil s’opposent, quant à eux, à cette version, étant donné que le pays en question ne fait plus partie de l’accord.
En réponse aux critiques lancées contre l’attitude intransigeante de Washington au cours des négociations avec les autres pays membres, Hook a précisé que les États-Unis étaient le seul pays à proposer le renouvèlement de l’embargo sur les armes.
“Depuis décembre 2018, les États-Unis évoquent le renouvèlement (de l’embargo)”, a-t-il souligné. « Nous avons été très méthodiques, très patients et très ouverts aux suggestions. Nous n’avons fait aucun compromis. Je pense que ça n’existe que dans les idées des médias. »
Durant le vote qui a eu lieu la semaine dernière, 11 sur 15 des pays membres su Conseil de sécurité, n’ont pas voté pour rétablir la résolution des États-Unis visant à renouveler l’embargo sur les armes iraniennes. La Chine et la Russie s’y sont même opposées. Seule La République Dominicaine a voté pour la proposition.
Sur une question sur la décision de la Chine, Hook a répondu que Pékin doit des explications aux nations du Moyen-Orient qui ont appelé le Conseil de sécurité à renouveler l’embargo.
“Il faut demander à la Chine pourquoi elle a réfuté les points de vue du Conseil de Coopération du Golfe,” a-t-il ajouté. « L'ONU est certainement une organisation multilatérale d’une grande importance, sans pour autant être la plus pertinente. »
“Le corps multilatéral le plus pertinent est sans aucun doute le GCC (Conseil de Coopération du Golfe), et ses six pays (membres) se sont tous unis et ont mis de côté leurs différends pour demander au Conseil de sécurité de renouveler l’embargo sur les armes. » Certains pays sont plus proches du danger que d’autres, et le Conseil est dans l’obligation de respecter leurs points de vue demandant l’extension de l’embargo.
Hook a accusé les membres du Conseil d’avoir manqué à leur devoir : « En tant que membres du Conseil de sécurité, votre rôle est d’assurer la paix et la sécurité internationales - et le Conseil a échoué vendredi". Dans ce contexte, il a assuré que les États-Unis iront vers des actions unilatérales pour « geler les avoirs et restreindre les voyages des Iraniens qui ont travaillé sur le développement d’armes ou programme nucléaire, et des Iraniens qui sèment la terreur. »
Hook a ajouté qu’un snapback signifie : “Le rétablissement par l'ONU des sanctions sur les banques iraniennes qui financent les programmes de missiles ainsi que les programmes nucléaires". Le rétablissement des sanctions encouragera les pays membres de l'ONU à interdire l'entrée des armes iraniennes dans les zones de conflit.
Il a de même réitéré l’appel de Trump et de Pompeo à la communauté internationale d’abandonner l’accord nucléaire, « qui tient aujourd’hui plus de la forme que du fond, et de se joindre à nous pour aboutir à un accord plus sévère. »
Apres avoir présenté sa démission, Hook cèdera le dossier iranien à la fin du mois d’août à Elliot Abram, l'actuel représentant américain spécial pour le Venezuela.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com