« Canal Istanbul » : Erdogan s'accroche à son projet « fou » malgré les critiques

Un navire navigue dans le détroit du Bosphore le 23 avril 2021 à Istanbul, en direction de la mer Noire / AFP
Un navire navigue dans le détroit du Bosphore le 23 avril 2021 à Istanbul, en direction de la mer Noire / AFP
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Publié le Vendredi 30 avril 2021

« Canal Istanbul » : Erdogan s'accroche à son projet « fou » malgré les critiques

  • Ses détracteurs accusent M. Erdogan de s'accrocher à un projet qui conduira la Turquie à une catastrophe écologique et un endettement aussi massif qu'inutile
  • Le président russe Vladimir Poutine a « souligné l'importance » de préserver la Convention de Montreux lors d'un entretien avec M. Erdogan plus tôt en avril, selon le Kremlin

ISTANBUL : Il avait lui-même qualifié ce projet de "fou". Le président Recep Tayyip Erdogan est déterminé à bâtir un gigantesque canal parallèle au détroit du Bosphore à Istanbul, une initiative décriée par l'opposition, les défenseurs de l'environnement et même la Russie.

Ses détracteurs accusent M. Erdogan, qui règne sans partage sur la Turquie depuis 2003, de s'accrocher à un projet qui conduira la Turquie à une catastrophe écologique et un endettement aussi massif qu'inutile.

La construction d'une telle infrastructure, baptisée "Canal Istanbul", serait également un bouleversement géopolitique, la Russie redoutant qu'elle permette aux pays de l'Otan de déployer plus facilement des navires de guerre en mer Noire, son pré carré historique.

Mais M. Erdogan, que ses partisans adulent pour avoir bâti de nombreuses infrastructures depuis son arrivée au pouvoir, fait fi des critiques: "Que cela vous plaise ou non, nous allons commencer à construire ce canal", a-t-il déclaré plus tôt en avril.

Si le dirigeant turc défend son canal avec autant d'acharnement face aux critiques, c'est parce qu'il le considère comme "le joyau de la couronne" de ses "projets fous" d'infrastructures, estime Anthony Skinner, du cabinet de consultants Verisk Maplecroft.

La construction du canal "représenterait le point d'orgue" de sa carrière politique, en faisant de lui "un président qui a remodelé Istanbul, le coeur battant de la Turquie", ajoute-t-il.

« Une raison: l'argent »

Mais le rêve d'Erdogan n'est pas donné.

Une étude menée en 2019 estimait le coût de ce canal long de 45 km à 75 milliards de livres turques (environ 12 milliards d'euros au taux de change de l'époque).

Sur les plans, cette voie d'eau artificielle passerait à l'ouest d'Istanbul en joignant, du nord au sud, la mer Noire et la mer de Marmara.

Mais le financement de ce projet, dont la construction doit officiellement démarrer en juin, reste encore flou.

L'un des principaux détracteurs de ce canal n'est autre que le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, l'un des opposants les plus en vue de M. Erdogan.

Lors d'une rencontre avec la presse étrangère mi-avril, M. Imamoglu a affirmé que les terrains bordant le futur canal avaient été cédés à des soutiens de M. Erdogan dans les milieux de la construction et de l'immobilier.

"Il s'agit d'un projet de BTP et d'immobilier", a déclaré M. Imamoglu. "La principale raison qui motive Erdogan, c'est l'argent, l'argent et encore l'argent."

Amadouer Washington

A l'étranger, les critiques viennent principalement de Moscou, pays qui redoute de voir l'accès de la mer Noire, un espace considéré comme stratégique surtout depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, facilité pour les navires de ses adversaires de l'Otan.

Aux termes de la Convention de Montreux, qui régit la navigation sur le détroit du Bosphore, unique voie d'accès naturelle à la mer Noire, les pays non-riverains doivent signaler à l'avance le passage de leurs navires qui ne peuvent rester que pour une durée très limitée.

Début avril, un groupe d'amiraux turcs hostiles à l'Otan s'est attiré les foudres de M. Erdogan en l'appelant à appliquer la Convention de Montreux au futur canal.

"Le Canal Istanbul, qui n'a rien à voir avec la Convention de Montreux, apportera plus de prospérité et de paix à la Turquie", a rétorqué le président turc.

Pour Atilla Yesilada, économiste au centre de réflexion GlobalSource Partners, M. Erdogan pourrait voir dans ce canal un moyen d'amadouer Washington, après des années de tensions diplomatiques coûteuses pour Ankara.

"Il est possible qu'Erdogan envisage de troquer un libre passage des navires de l'Otan en mer Noire contre (la levée des) sanctions" imposées par Washington contre Ankara pour l'achat de missiles russes, indique M. Yesilada.

Taxer les navires?

Tenir le canal hors de la Convention de Montreux pourrait aussi permettre à la Turquie de faire payer les navires commerciaux pour un passage accéléré, alors que ces derniers sont parfois contraints d'attendre plusieurs semaines à l'entrée du Bosphore en raison des embouteillages.

La Turquie pourrait même "avoir recours à des tactiques pour allonger les délais (dans le Bosphore), comme des contrôles, pour rediriger les navires vers le canal", relève M. Yesilada.

Mais MM. Yesilada et Skinner estiment qu'utiliser le canal comme moyen de négociation pourrait provoquer des tensions avec la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine a "souligné l'importance" de préserver la Convention de Montreux lors d'un entretien avec M. Erdogan plus tôt en avril, selon le Kremlin.

"Au final, je ne vois pas ce que la Turquie pourrait y gagner, hormis plus de problèmes", estime M. Yesilada.


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.