Une dispersion chaotique des mercenaires hors de Libye inquiète l'ONU

Selon des diplomates, il y a un consensus à l'ONU pour parler de la nécessité d'un retrait qui soit coordonné et d'une réforme du secteur de la sécurité en Libye. (Photo, AFP/Archives)
Selon des diplomates, il y a un consensus à l'ONU pour parler de la nécessité d'un retrait qui soit coordonné et d'une réforme du secteur de la sécurité en Libye. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 30 avril 2021

Une dispersion chaotique des mercenaires hors de Libye inquiète l'ONU

  • Selon des diplomates, le nombre de mercenaires étrangers en Libye est estimé à « plus de 20 000, dont 13 000 Syriens et 11 000 Soudanais »
  • Réclamer au plus vite un départ, dans des déclarations ou des résolutions, a un « impact » sur les pays de la région et la paix et la sécurité au Sahel, relève un diplomate

NATIONS UNIES, ETATS-UNIS : Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu jeudi sa première réunion consacrée au risque d'une dispersion des mercenaires présents en Libye dans les pays de la région, illustrée par les évènements au Tchad qui ont conduit à la mort de son président.

Cette session, à huis clos, avait été demandée par les membres africains du Conseil de sécurité (Kenya, Niger et Tunisie) bien avant le décès il y a dix jours, dans des conditions toujours imprécises, du président Idriss Déby Itno, monté officiellement au front après une offensive de rebelles tchadiens venus de Libye.

Selon des diplomates, le nombre de mercenaires étrangers en Libye est estimé à « plus de 20 000, dont 13 000 Syriens et 11 000 Soudanais ». Leur départ est demandé par les nouvelles autorités libyennes, et depuis plusieurs mois par l'ONU et les grandes puissances.

Lors de la réunion, personne n'a évoqué un début de retrait de ces hommes surarmés dont une dispersion représente une nouvelle menace pour les armées de la région, souvent en manque d'équipements et mal entraînées, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources.

Réclamer au plus vite un départ, dans des déclarations ou des résolutions, a un « impact » sur les pays de la région et la paix et la sécurité au Sahel, relève un diplomate sous couvert d'anonymat. Attention à ne pas régler un problème en Libye en en créant un autre dans les pays voisins, ont plaidé certains de ces Etats, ajoute un autre diplomate. 

Aujourd'hui, les 15 membres du Conseil de sécurité ont tous établi un lien direct entre le retrait de Libye des mercenaires et combattants étrangers avec ce qui s'est passé au Tchad, selon deux sources diplomatiques.

« Avec un lien de cause à effet comme celui-là, les lignes vont changer dans les jours et semaines à venir », prédit l'une d'elles. Avec ce qui s'est passé au Tchad, on ne parle plus « dans le vide », relève-t-elle.

« Scénario hollywoodien fascinant »

« Unanimement ils ont reconnu ce lien » et la nécessité de « faire quelque chose », ajoute la deuxième source. Reste à savoir quoi.

Selon des diplomates, il y a un consensus à l'ONU pour parler de la nécessité d'un retrait qui soit coordonné, d'une réforme du secteur de la sécurité en Libye, d'un processus de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants et du besoin d'accompagner ce processus de retrait.

Le Kenya a réclamé d'étendre le mandat de la mission politique de l'ONU en Libye à un contrôle de sa frontière sud, a précisé un diplomate, mais il s'agit d'une idée plutôt difficile à réaliser et qui lui ferait changer de dimension.

Le Conseil de sécurité a récemment ajouté à cette mission onusienne une composante de surveillance du cessez-le-feu, limitée à 60 personnes, un format bien insuffisant pour superviser un retrait de mercenaires comme pour organiser une démobilisation et un désarmement de groupes armés.  

« Sans un bon contrôle, sans un accompagnement efficace, ce qui s'est passé au Tchad pourrait se répéter à nouveau dans ce pays ou s'étendre du Sahel à la corne de l'Afrique, au Soudan, au Sud-Soudan, au Niger, en Ethiopie, en Centrafrique, au Mozambique », mettent en garde des diplomates.

Lors de la réunion, des frictions ont opposé les Etats-Unis et la Russie à l'évocation du groupe Wagner, réputé proche de Moscou et dont l'implication dans l'offensive récente des rebelles tchadiens a été avancée de source américaine, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources diplomatiques.

Lors d'une conférence de presse tenue juste avant la réunion, l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dmitry Polyanskiy, a balayé ces accusations. « C'est vraiment un scénario hollywoodien très fascinant. Cela n'a rien à voir avec la réalité. Il n'y a pas de faits, seulement des rumeurs », a-t-il dit.  

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".