AMMAN: Les Palestiniens ont fait la fête dimanche soir devant la porte de Damas, après avoir contraint les autorités israéliennes de retirer les barrières métalliques qui bloquaient l’accès à l'Esplanade des Mosquées, à l'entrée principale de la vieille ville de Jérusalem, aux festivités du ramadan.
Ofer Zalzberg, directeur du programme Moyen-Orient à l'Institut Herbert Kelman pour la Transformation des Conflits, explique à Arab News les motivations d'Israël: Tel Aviv aurait ôté les barrières car il reconnaît que l’interdiction favorise «une expansion des manifestations palestiniennes vers Jérusalem et la Cisjordanie, une autre expansion, celle des affrontements entre Juifs et Arabes à travers Israël, en plus de provoquer des attaques de missiles du Hamas à partir de Gaza».
Les décideurs israéliens espèrent que cette décision va servir à rétablir le calme, selon Zalzberg. «Ils sont conscients néanmoins qu’il se pourrait que ça ne soit pas le cas, et que les manifestations palestiniennes soient enchevêtrées avec d’autres dynamiques, comme celle de l’intention peu populaire du président Mahmoud Abbas de reporter les élections, et le désir de certains membres du Hamas de s’en dissocier publiquement».
Mais les analystes palestiniens ne voient pas, tous, de lien entre les manifestations et le scrutin.
L'ancien ministre palestinien du Travail, Ghassan Khatib, précise à Arab News que les «manifestations à Jérusalem viennent en réaction aux limitations autour de la porte de Damas. Les élections sont par contre reliées à un nombre d'autres dossiers, comme les restrictions israéliennes sur le vote des habitants de Jérusalem, l'arrestation de plusieurs candidats de Hamas par Israël, ainsi que la dynamique palestinienne interne».
Johnny Mansour, historien et conférencier de Haïfa, affirme à Arab News qu'Israël «est entièrement préoccupé par les négociations post-électorales relatives à la coalition, et ne prendra aucune décision rapidement».
Mansour prévient que s’il y a bien une seule décision qu'Israël serait capable de prendre facilement, ce serait de s’assurer que le Hamas ne s’enracine pas en Cisjordanie.
«La victoire sur les barrières métalliques va être de courte durée, et le conflit reviendra rapidement à la case départ, indépendamment de ce qui s'est passé dans la vieille ville de Jérusalem».
Le professeur de politique de l’Université Bir Zeit, Ali Jarbawi, croit que la participation des Palestiniens de Jérusalem aux prochaines élections a reçu le feu vert quand les États-Unis ont déplacé leur ambassade à Jérusalem.
C'est devenu une question de souveraineté pour les Israéliens, selon lui, ils ne vont pas y renoncer facilement.
Si les tensions actuelles vont inévitablement s’essouffler, une autre date charnière se profile.
De nombreux musulmans palestiniens vont déferler sur la ville lors des derniers dix jours du ramadan.
Les préparatifs vont bon train pour Laylat al-Qadr, la Nuit du destin qui tombe le 10 mai cette année. Une date qui coïncide avec la Journée de Jérusalem, célébrée par les israéliens afin de commémorer leur contrôle sur la vieille ville après la guerre de juin 1967.
Cet article est la traduction d'un article paru sur Arab News.