Les jeunes générations, qui n’ont pas du tout appris à l’école ce que fut Annie et nombre de ses camarades, étaient émerveillées de croiser la route de cette nonagénaire à la chevelure blanche qui chevauchait les carrés de l’insurrection citoyenne de Février une rose à la main. La native de Hadjout fut une combattante au long cours, permanente, constante et inlassable, tant l’injustice exercée par Paul ou Ahmed l’insupportait. Elle fut ainsi cette femme pleinement algérienne.
D’une discrétion remarquable, elle a toujours vécu auprès des humbles, au secours des faibles et souvent aux côtés des celles et ceux qui se battent. Elle n’était jamais en retard d’une guerre. Sans démagogie aucune, Annie Steiner détestait les feux de la rampe, répugnait le confort que pouvait lui procurer son statut. Jamais dans la haine de soi, encore moins dans le désespoir, celle qui a passé cinq longues années dans les geôles coloniales a de tout temps cru en sa société, sa résilience et son désir d’avenir. Comment ne pas l’être, elle qui, là où elle passait, prêchait l’espérance, semait la dignité et infusait la béatitude comme une prophète de bonheur.
Sans faire de son engagement révolutionnaire un étendard, Annie n’aimait pas trop parler d’elle-même et de ses hauts faits d’armes, parce qu’elle était profondément enracinée dans un présent chargé d’injustice.
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