Virus : le Liban se reconfine, les hôpitaux débordés

Ted Chaiban, directeur régional MENA de l’UNICEF inspecte les dommages à l’hôpital de la Quarantaine à Beyrouth suite à l’explosion chimique du port (Ibrahim Amro/AFP)
Ted Chaiban, directeur régional MENA de l’UNICEF inspecte les dommages à l’hôpital de la Quarantaine à Beyrouth suite à l’explosion chimique du port (Ibrahim Amro/AFP)
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Publié le Vendredi 21 août 2020

Virus : le Liban se reconfine, les hôpitaux débordés

  • Reconfinement au Liban, en raison des taux records de contaminations et du débordement des hôpitaux par les blessés de la gigantesque explosion du 4 août au port de Beyrouth
  • Les autorités redoutent que le secteur de la santé ne peine à répondre à un nouveau pic des infections au virus, surtout que certains hôpitaux près du port ont été très endommagés BEYROUTH : Au Liban, qui affronte des taux records de contaminations et des

BEYROUTH : Au Liban, qui affronte des taux records de contaminations et des hôpitaux débordés par les malades du Covid-19 et les blessés de la gigantesque explosion du 4 août au port de Beyrouth, un reconfinement décrété par les autorités entre en vigueur vendredi pour plus de deux semaines. Il est assorti d'un couvre-feu quotidien de 18H00 à 06H00 locales.

Prévues jusqu'au 7 septembre, ces mesures ne concernent pas les quartiers sinistrés par l'explosion meurtrière.

Le pays, qui a recensé officiellement jusqu'à présent au moins 9.758 cas de coronavirus, dont 107 décès, est "au bord du gouffre", avait averti le ministre de la Santé Hamad Hassan.

Et maintenant, "la catastrophe du coronavirus" ?

"Quoi maintenant ? En plus de ce désastre, la catastrophe du coronavirus ?", lâche Roxane Moukarzel. Encore sous le choc après la déflagration qui a dévasté des quartiers de Beyrouth le 4 août, les Libanais se reconfinent vendredi après un pic de contaminations au Covid-19.

A cette mesure prise pour deux semaines s'ajoute un couvre-feu de 18H00 à 06H00, afin de faire face à des taux record de contaminations ces derniers jours, portant le bilan depuis le début de l'épidémie au Liban à 10.952 cas, dont 113 décès.

Inquiète des conséquences de l'épidémie, Mme Moukarzel accueille favorablement la décision du reconfinement, en particulier après l'explosion au port de la capitale qui a fait au moins 181 morts et des milliers de blessés et ravagé des quartiers entiers.

Un premier confinement d'un mois avait été imposé à la mi-mars, avant d'être progressivement levé, mais l'aéroport n'a rouvert que le 1er juillet avec une activité réduite. Un nouveau confinement a été imposé fin juillet mais n'a duré que cinq jours car levé le jour de l'explosion. L'aéroport de Beyrouth fonctionne normalement.

"D'un point de vue économique, fermer le pays n'est pas une bonne chose car les gens veulent vendre, mais mieux vaut qu'ils perdent un peu au lieu de tomber malade", affirme Mme Moukarzel.

"Il n'y a plus de place dans les hôpitaux. Si les gens commencent à tomber malade, où vont-ils les mettre ?", dit cette mère de famille de 55 ans.

Les autorités redoutent que le secteur de la santé ne peine à répondre à un nouveau pic des infections au virus, surtout que certains hôpitaux près du port ont été très endommagés.

Le reconfinement n'affectera pas les efforts de nettoyage et de secours dans les quartiers les plus affectés par l'explosion, selon les autorités.

Les magasins d'alimentation, supermarchés et autres commerces peuvent rester ouverts, mais ils doivent observer des mesures de prévention.

La pandémie de Covid-19 n'a fait qu'accentuer la crise économique inédite au Liban, avec une inflation galopante, des restrictions draconiennes sur les retraits en dollars et des milliers de personnes qui ont perdu leur emploi ou une large partie de leurs revenus.

Même avant l'explosion d'une énorme quantité de nitrate d'ammonium entreposée au port -qui a provoqué la colère des Libanais à l'égard des dirigeants qu'ils accusent d'être responsables de par leur incurie -, le taux de la population considérée comme pauvre a doublé avec la crise, selon les estimations de l'ONU.

Achoura annulée

Assis dans son atelier de menuiserie, dans un quartier de Beyrouth plus éloigné du port, Qassem Jaber, 75 ans, ne voit pas en quoi un autre reconfinement serait utile.

"Il n'y a pas de travail. Les gens n'ont pas d'argent et n'ont rien à manger", a-t-il affirmé. Le commerçant est déterminé à rester ouvert pour aider les gens à reconstruire leurs maisons.

"Qu'est-ce que le coronavirus vient faire là-dedans ? On s'en remet", a-t-il ajouté.

Pour ce musulman chiite, le Hezbollah a cependant bien agi en appelant ses partisans à éviter les grands rassemblements cette année à l'occasion de l'Achoura, qui commémore le martyre de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, un des événements fondateurs de l'islam chiite.

En temps normal, des milliers de chiites se rassemblent dans les rues pour les commémorations, qui ont lieu vendredi.

Mais le chef du mouvement chiite Hezbollah, Hassan Nasrallah, a ordonné de suspendre les commémorations publiques en raison de la résurgence de l'épidémie.

"La situation est devenue hors de contrôle, il y a beaucoup de cas et les hôpitaux ne peuvent plus gérer cela", a affirmé lundi Hassan Nasrallah, exhortant ses partisans à se contenter de placer des drapeaux noirs devant leurs maisons et commerces pour marquer l’évènement.

"Ils ont annulé l'Achoura pour que personne ne soit infecté", a affirmé M. Jaber.

"Tous les jours, nous avons 100, 200, 300 nouveaux cas. S'ils maintenaient l'Achoura, tout le monde serait collé l'un à l'autre. Ce ne serait pas bien", a-t-il ajouté.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".