TOULOUSE : "Le décollage, c'est une phase dont on se passerait bien !": A la cité de l'espace, à Toulouse, le stress a laissé place au soulagement de voir Thomas Pesquet, "l'enfant du pays", s'envoler pour la station spatiale internationale.
Dans la cabine de contrôle reconstituée à la Cité de l'espace, les scientifiques du Centre national d'études spatial (Cnes) et de l'Agence spatiale européenne (Esa) s'agitent. Devant eux, huit écrans retransmettent les images du décollage, et une visualisation de l'avancée de l'ISS est projetée sur tout le mur.
La tension monte à mesure que l'heure fatidique du décollage approche. "On sait tout ce qui se passe dans les minutes avant le décollage, et à chaque seconde, on peut avoir un arrêt du compte à rebours et devoir tout recommencer à zéro", explique Philippe Droneau, directeur chargé de mission à la Cité de l'espace. "Le lancement, c'est une phase dont on se passerait bien", souffle-t-il.
A côté de lui, Grégory Navarro, responsable d'expérience pour la mission Alpha, abonde: "on est toujours un petit peu anxieux parce que ce sont objets technologiques complexes, mais il y a tellement de gens compétents qui ont travaillé dessus que ça devrait bien se passer..."
A côté des écrans, les secondes défilent sur le compte à rebours. Les noms des astronautes déjà présents défilent sur un bandeau lumineux, en rouge, Thomas Pesquet les rejoindra bientôt.
"Ils décollent dans trois minutes, ça se présente bien, ils ont passé énormément d'étapes", rassure Philippe Droneau. La voix détaillant le déroulé du décollage en Floride se fait entendre. La pression monte.
Débuts aux CNES
"À partir de maintenant, plus d'intervention humaine. Tout passe en automatique", commente M. Droneau.
D'un coup, le brouhaha s'éteint, remplacé par un silence écrasant. "Ten, nine, eight..." c'est le début du décompte, en Floride. Les yeux rivés sur les huit écrans, les scientifiques de l'ESA et du Cnes retiennent leur souffle.
Le feu jaillit des réacteurs, et la fusée blanche SpaceX se transforme en boule rouge, propulsée vers l'ISS. Deux timides clappements de mains brisent le silence, tout de suite rejoints par un tonnerre d'applaudissements. A la Cité de l'espace, on respire mieux.
"Ca y est Thomas est parti vers l’espace !", s'exclame Maurice Marnat, ingénieur au Cnes.
Pour les scientifiques présents, le départ de Thomas Pesquet, qui a débuté au Cnes en tant qu'ingénieur, représente une émotion particulière. "C’est une fierté de le voir partir et de travailler pour ça. C'est l’enfant du pays !", affirme Grégory Navarro, responsable d'expérience pour la mission Alpha.
A la Cité de l'espace, Thomas Pesquet est partout: sur les écrans, des images de ses expériences précédentes sur la Station spatiale internationale (ISS) sont projetées.
Pesquet représente également le visage du Cnes, dont les ingénieurs sont rarement mis en lumière, le modèle de l'exploration spatiale française.
"Je suis très fier en tant qu’ancien astronaute parce que Thomas est très bon", raconte Philippe Perrin. "Thomas, c’est une envie de réussir, je pense qu’on a terriblement besoin de modèles comme lui : des gens qui prennent des risques, qui travaillent."
A ses côtés, Claudie Haigneré, première européenne partie dans l'espace, est "émue de revivre ces moments forts" et "fière de savoir qu’il y a une nouvelle génération d’astronautes français".
La réussite du décollage sonne aussi, pour le Cnes et l'ESA, le début de nombreuses expériences. "A partir de lundi, on pourra débuter les expériences spatiales, détaille Maurice Marnat. "Maintenant, faire de la science !"