Nervosité turque avant la reconnaissance du génocide arménien par Biden

Des soldats se tiennent au-dessus des crânes de victimes arméniennes de la violence ottomane sur le front du Caucase pendant la Première Guerre mondiale en 1915 (Photo, AFP/Musée du génocide arménien)
Des soldats se tiennent au-dessus des crânes de victimes arméniennes de la violence ottomane sur le front du Caucase pendant la Première Guerre mondiale en 1915 (Photo, AFP/Musée du génocide arménien)
Des militants tiennent des photos des Arméniens victimes de massacres commis par des Turcs ottomans, à la gare de Haydarpasa à Istanbul. (Photo, Reuters)
Des militants tiennent des photos des Arméniens victimes de massacres commis par des Turcs ottomans, à la gare de Haydarpasa à Istanbul. (Photo, Reuters)
Short Url
Publié le Vendredi 23 avril 2021

Nervosité turque avant la reconnaissance du génocide arménien par Biden

  • À la veille du 24 avril, journée de commémoration du génocide arménien, cette décision tant attendue est désormais une préoccupation majeure pour Ankara
  • «Le Congrès veut punir non seulement Erdogan, mais aussi la Turquie. Il veut un langage dur et des mesures sévères contre la Turquie»

ANKARA: Les tensions entre Washington et Ankara risquent de s’accentuer samedi, lorsque le président américain Joe Biden sera le premier leader américain à reconnaître officiellement le génocide arménien de 1915.

Le massacre d'environ 1,5 million d'Arméniens au début du XXe siècle a été officiellement reconnu comme un génocide par le Sénat américain en 2019, mais Donald Trump, alors président, n'a pas fait de même.

À la veille du 24 avril, journée de commémoration du génocide arménien, cette décision tant attendue est désormais une préoccupation majeure pour Ankara et risque d’enflammer une relation déjà tendue. La Turquie nie tout lien historique avec ces atrocités, puisqu'elles ont eu lieu en temps de guerre à l'époque ottomane.

Biden, qui a mis les droits de l'homme au centre de son programme présidentiel, a promis de reconnaître le génocide arménien au cours de sa campagne. La vice-présidente Kamala Harris est originaire de Californie, où résident actuellement plus de 200 000 Arméniens. Quarante législateurs américains, dirigés par le président de la commission des relations étrangères du Sénat, Bob Menendez, ont récemment envoyé une lettre à Biden pour l'exhorter à tenir sa promesse.

Le fait qu'un appel téléphonique prévu entre Biden et le président turc Recep Tayyip Erdogan ait été retardé jusqu'à samedi a été considéré par beaucoup d’analystes comme un signe que Biden reconnaîtra le génocide et soulèvera l'atrocité d’Ankara.

Les présidents américains ont évité dans le passé d'utiliser le mot génocide pour commémorer les massacres, étant victime de la realpolitik pour préserver les relations de l'Amérique avec un allié de l'OTAN.

Le 20 avril, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré que toute reconnaissance officielle par Biden des massacres d'Arméniens à l'époque ottomane comme un génocide nuirait sans aucun doute gravement aux relations entre les deux pays. «Si les États-Unis veulent que les relations se détériorent encore plus, c’est leur choix», a-t-il déclaré.

Ankara et Washington sont en désaccord sur plusieurs questions depuis quelques années, notamment au sujet de l’acquisition par la Turquie de systèmes de missiles S-400 de fabrication russe ainsi que le bilan de la Turquie en matière des droits de l’homme qui se dégradent de jour en jour; plusieurs ressortissants américains ont été arrêtés pour des motifs liés au terrorisme.

«Non seulement le sentiment anti-Erdogan est intense à Washington, en particulier au congrès, mais la volonté antérieure de faire des concessions à Erdogan en raison de l'adhésion de la Turquie à l'OTAN semble désormais avoir disparu», a déclaré jeudi Wolfango Piccoli, coprésident de Teneo Intelligence. .

«Les relations entre la Turquie et les États-Unis sont sur une trajectoire descendante constante depuis près de 10 ans. La reconnaissance possible du génocide arménien aggravera sans aucun doute l'inconfort au milieu des frictions persistantes dans les relations américano-turques, mais ne constituera décidément pas un point de rupture », a-t-il poursuivi.

La déclaration prévue de Biden devrait inciter des dizaines d’autres pays à emboîter le pas. Aujourd’hui, plus de 30 pays reconnaissent les massacres d’Arméniens comme un génocide.

Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche turc à l'Institut de Washington, estime que l'intention de Biden de reconnaître le génocide arménien met en évidence le changement d'attitude de l’ordre établi américain envers la Turquie, les démocrates et les républicains, tous deux ensemble, exercent maintenant une pression sur Biden pour qu'il reconnaisse le génocide.

«Ce n'est pas la première fois qu'un président américain arrive au pouvoir avec une promesse électorale de reconnaître le génocide arménien. Mais, une fois arrivés au pouvoir, ils sont immédiatement confrontés à un barrage de fonctionnaires et d'agences du gouvernement américain qui insistent sur la nécessité de maintenir les relations américano-turques et l'emportent sur toute promesse électorale », a déclaré Cagaptay à Arab News. «Mais ce n’est pas le cas cette année».

Selon Cagaptay, il y a actuellement très peu de départements gouvernementaux américains qui sont bienveillants envers la Turquie.

«Contrairement au passé, quand il était son plus grand partisan, le Pentagone est sans doute maintenant le principal adversaire de la Turquie à Washington. Le Congrès veut punir non seulement Erdogan, mais aussi la Turquie. Il veut un langage dur et des mesures sévères contre la Turquie. Biden reconnaîtra sûrement le génocide», a-t-il affirmé.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.