En Arménie, les fragiles espoirs des blessés de guerre

A Erevan, les manifestants marchent pour demander la démission de leur Premier ministre Nikol Pachinian (Photo, AFP).
A Erevan, les manifestants marchent pour demander la démission de leur Premier ministre Nikol Pachinian (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 07 mars 2021

En Arménie, les fragiles espoirs des blessés de guerre

  • Les affrontements, qui ont fait plus de 6 000 morts, se sont soldés par une défaite humiliante pour Erevan qui a dû céder la ville symbolique de Choucha et d'importants territoires
  • La débâcle a aussi entraîné une profonde crise politique en Arménie avec une série de manifestations pour exiger la démission du Premier ministre Nikol Pachinian

EREVAN: Le regard épuisé de Nver Gasparian trahit des nuits sans sommeil et une douleur incessante. Cet automne, cet Arménien de 20 ans a été gravement blessé aux jambes lors de la guerre au Nagorny Karabakh.

« Je ne veux pas me souvenir. Au contraire je veux tout oublier au plus vite. Effacer de ma mémoire les images et les sons... », raconte-t-il, depuis un hôpital spécialisé d'Erevan, la capitale, dédié aux soldats blessés au combat.

Comme des milliers d'autres, Gasparian n'est pas revenu indemne des six semaines de conflit ayant opposé l'Arménie à l'Azerbaïdjan, entre septembre et novembre 2020.

Ces affrontements, qui ont fait plus de 6 000 morts, se sont soldés par une défaite humiliante pour Erevan qui a dû céder la ville symbolique de Choucha et d'importants territoires entourant la région séparatiste du Nagorny Karabakh. 

La débâcle a aussi entraîné une profonde crise politique en Arménie avec une série de manifestations pour exiger la démission du Premier ministre Nikol Pachinian, porté au pouvoir lors d'une révolution pacifique en 2018, mais désormais accusé par l'opposition d'être responsable de ce fiasco. 

Pachinian, qui a réuni de son côté des milliers de personnes lors de meetings, dit avoir évité une défaite encore plus terrible. 

Nver Gasparian, blessé lors de la bataille pour Choucha, est loin de ces considérations politiques. Il dit ne « pas penser à demain » et ne pas savoir s'il entamera des études. 

« Je ne pense qu'à me soigner et à retrouver la mobilité de mes jambes », lâche-t-il, usant d'un appareil à pédales pour renforcer ses muscles.

Cauchemars, insomnies

Le médecin militaire Roman Oghanian a lui été blessé à la jambe par des éclats d'obus lorsqu'un tir a frappé l'ambulance dans laquelle il se trouvait, tuant l'un de ses amis à bord.

« Dieu m'a sauvé deux fois d'une mort certaine. Donc je ne prévois pas de baisser les bras », assure le jeune soignant de 25 ans qui n'a gardé aucun souvenir des moments ayant suivi sa blessure. Il ne sait pas qui l'a sauvé de l'ambulance en flammes et s'est réveillé à l'hôpital.

« Je veux maintenant reprendre le travail aux urgences et aider des gens », affirme-t-il.

Selon le ministère arménien de la Santé, près de 600 soldats blessés au Karabakh sont désormais handicapés et environ 150 d'entre eux ont besoin de prothèses. Plusieurs centres de soin s'efforcent de soigner leurs traumatismes physiques et psychiques.

« Nous les aidons à comprendre quels changements se sont produits dans leur corps, à prendre conscience de cette nouvelle situation et nous les motivons pour continuer à vivre », explique Loussine Poghossian, médecin-cheffe du « Centre de Rééducation des Défenseurs de la Patrie » d'Erevan.

« Ils ne doivent pas seulement apprendre à vivre sans bras ou sans jambes, ou sans la vue, ils doivent aussi soigner des lésions psychiques. Car ces gars de 18 ou 20 ans ont vu des choses horribles », poursuit-elle, évoquant des insomnies et des cauchemars récurrents chez des nombre d'entre eux.

Certains se murent dans le silence, d'autres parlent avec profusion et nervosité.

« Je suis vraiment pressé de vivre, j'ai des projets, ma chère et tendre m'attend. On prévoit de se fiancer dans deux mois », dévoile avec un sourire timide Sarkis Haroutiounian, un conscrit de 20 ans qui était à quelques mois de la démobilisation quand la guerre a éclaté.

Le 28 octobre, il a perdu ses deux jambes, arrachées par une explosion.

Originaire d'un village resté sous contrôle arménien dans le Nagorny Karabakh, il prévoit d'y rejoindre sa famille, une fois qu'il aura appris à vivre avec des prothèses.

« Il ne faut pas regarder en arrière », dit-il. « Rien n'arrive en vain. »


Une « puissante » explosion dans un port iranien fait plus de 400 blessés

Un épais panache de fumée s'élève alors que des automobilistes conduisent leurs véhicules sur une autoroute près de la source d'une explosion au quai du port Shahid Rajaee au sud-ouest de Bandar Abbas dans la province iranienne d'Hormozgan, le 26 avril 2025. (Photo de Mohammad Rasole MORADI / IRNA / AFP)
Un épais panache de fumée s'élève alors que des automobilistes conduisent leurs véhicules sur une autoroute près de la source d'une explosion au quai du port Shahid Rajaee au sud-ouest de Bandar Abbas dans la province iranienne d'Hormozgan, le 26 avril 2025. (Photo de Mohammad Rasole MORADI / IRNA / AFP)
Short Url
  • Ce port, crucial pour le commerce, est situé à plus d'un millier de kilomètres au sud de Téhéran, près de la grande ville de Bandar Abbas, qui donne sur le détroit d'Ormuz.
  • « 406 personnes ont été blessées et ont été transférées vers des centres médicaux », a indiqué la télévision d'État.

TEHERAN : Une « puissante explosion » a fait  samedi plus de 400 blessés dans un important port du sud de l'Iran, ont rapporté les médias d'État, qui n'ont pas donné de précisions sur l'origine du sinistre dans l'immédiat.

« Une puissante explosion s'est produite sur un quai du port Shahid Rajaï », a déclaré à la télévision Esmaïl Malekizadeh, un responsable local de l'administration portuaire.

Ce port, crucial pour le commerce, est situé à plus d'un millier de kilomètres au sud de Téhéran, près de la grande ville de Bandar Abbas, qui donne sur le détroit d'Ormuz.

« 406 personnes ont été blessées et ont été transférées vers des centres médicaux », a indiqué la télévision d'État.

Selon l'agence de presse officielle Irna, Shahid Rajaï est le plus grand port commercial d'Iran. 

Plus de 70 % des marchandises iraniennes transitent par ce port qui borde le détroit d'Ormuz par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole.

« L'incident est dû à l'explosion de plusieurs conteneurs stockés dans la zone du quai du port Shahid Rajaï », a indiqué à la télévision d'État un responsable local des secours, Mehrdad Hassanzadeh.

Selon l'agence Isna, le premier vice-président, Mohammad Reza Aref, a ordonné l'ouverture d'une enquête pour déterminer la cause exacte de l'incident et l'étendue des dégâts. 

La télévision d'État a diffusé des images d'un important panache de fumée noire s'élevant dans le ciel depuis le port.

Une autre vidéo, relayée par l'agence Mehr, montre une explosion dans un hangar qui provoque un épais nuage de fumée et de poussière, filmée par une caméra de surveillance.

Selon l'agence de presse Fars, la détonation a été entendue à une cinquantaine de kilomètres à la ronde.

« L'onde de choc a été si forte que la plupart des bâtiments du port ont été gravement endommagés », a indiqué de son côté l'agence de presse Tasnim. 

Le nombre d'employés présents au moment de l'explosion n'est pas connu pour l'instant.

Samedi est le premier jour ouvré de la semaine en Iran.

La compagnie nationale de distribution de pétrole a déclaré que les installations pétrolières n'avaient pas été endommagées et qu'elles « fonctionnaient actuellement normalement ».

Des explosions de cette magnitude sont rares en Iran, mais le pays a connu des incidents meurtriers ces derniers mois.

En septembre dernier, une explosion dans une mine de charbon avait ainsi fait plus de 50 morts.


Ukraine: Zelensky dit espérer "des résultats" après sa rencontre avec Trump

 Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 26 avril 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) rencontre le président américain Donald Trump (à gauche) en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo by Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)
Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 26 avril 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) rencontre le président américain Donald Trump (à gauche) en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo by Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)
Short Url
  • « Bonne réunion. Nous avons longuement discuté en tête-à-tête. J'espère que nous obtiendrons des résultats sur tous les points abordés », a-t-il indiqué sur les réseaux sociaux.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré samedi espérer « des résultats » après sa rencontre « symbolique » avec son homologue américain, Donald Trump, qui pousse fortement pour une cessation des hostilités entre Ukrainiens et Russes, après plus de trois ans d'invasion russe de l'Ukraine.

« Bonne réunion. Nous avons longuement discuté en tête-à-tête. J'espère que nous obtiendrons des résultats sur tous les points abordés », a-t-il indiqué sur les réseaux sociaux, réitérant sa demande d'un cessez-le-feu total et inconditionnel. « Cette réunion était très symbolique et pourrait devenir historique si nous parvenons à des résultats communs », a ajouté M. Zelensky.  


Zelensky arrive à Rome, une rencontre avec Trump semble possible

Cette combinaison d'images créées le 18 mars 2025 montre, de gauche à droite, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025, le président américain Donald Trump dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 18 mars 2025. (Photo de SAUL LOEB et Maxim Shemetov / diverses sources / AFP)
Cette combinaison d'images créées le 18 mars 2025 montre, de gauche à droite, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025, le président américain Donald Trump dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 18 mars 2025. (Photo de SAUL LOEB et Maxim Shemetov / diverses sources / AFP)
Short Url
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, arrivé samedi à Rome pour assister aux funérailles du pape François,
  • Donald Trump a affirmé que la Russie et l'Ukraine étaient « très proches d'un accord », tandis que son homologue russe Vladimir Poutine évoquait la « possibilité » de « négociations directes » entre Moscou et Kiev.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, arrivé samedi à Rome pour assister aux funérailles du pape François, pourrait y rencontrer son homologue américain Donald Trump, a indiqué à l'AFP un haut responsable.

« Les deux présidents pourraient se rencontrer », a-t-il ajouté.

Donald Trump, qui était arrivé dans la capitale italienne vendredi soir, a affirmé peu après que Kiev et Moscou, qui a lancé une invasion de l'Ukraine il y a trois ans et occupe 20 % de son territoire, étaient « très proches d'un accord ».

Samedi soir, il a affirmé que la Russie et l'Ukraine étaient « très proches d'un accord », tandis que son homologue russe Vladimir Poutine évoquait la « possibilité » de « négociations directes » entre Moscou et Kiev.

Le président américain a également assuré que la Russie conserverait la Crimée, une péninsule ukrainienne qu'elle a annexée en 2014.

Mais en dépit de ses pressions, Volodymyr Zelensky a réaffirmé vendredi soir que la Crimée appartenait à Kiev.

« Les États russe et ukrainien sont très proches d'un accord et les deux parties devraient maintenant se rencontrer, au plus haut niveau, pour le finaliser », a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social peu après son arrivée à Rome, où il doit assister samedi aux funérailles du pape François.

Depuis plusieurs semaines, les États-Unis mènent des discussions séparées avec Russes et Ukrainiens dans le but de trouver un accord sur un cessez-le-feu. 

Jeudi soir, aux États-Unis, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assuré sur la chaîne CBS que son pays était prêt à un accord pour que les combats cessent.

Des déclarations sont faites au lendemain de frappes russes de missiles sur Kiev qui ont fait au moins 12 morts et des dizaines de blessés. D'après le président ukrainien, l'un des missiles a été produit en Corée du Nord à partir de « au moins 116 composants provenant d'autres pays, dont la plupart, malheureusement, ont été fabriqués par des entreprises américaines ». 

Donald Trump a également assuré que Washington exerçait « une forte pression » sur Moscou pour mettre fin au conflit, estimant que la Russie ferait « une assez grosse concession » en ne cherchant pas à s'emparer de toute l'Ukraine.

Kiev et ses alliés européens accusent la Russie de prolonger intentionnellement les pourparlers en présentant publiquement des exigences maximalistes : le contrôle des cinq régions ukrainiennes dont elle revendique l'annexion, le fait que l'Ukraine ne rejoigne pas l'Alliance atlantique et sa démilitarisation.

L'Ukraine veut quant à elle des garanties de sécurité militaires solides de la part de ses alliés occidentaux pour dissuader Moscou d'attaquer à nouveau après la conclusion d'un éventuel cessez-le-feu.

Le président Zelensky est arrivé à Rome samedi matin en compagnie de son épouse, a indiqué son porte-parole Serguiï Nykyforov. « Volodymyr Zelensky, la Première dame Olena Zelenska et la délégation ukrainienne prendront part à la cérémonie des funérailles », a-t-il ajouté.

Vendredi soir pourtant, le président ukrainien avait déclaré qu'il n'était plus certain d'avoir le temps de se rendre à Rome.