MOSCOU : Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a affirmé lundi qu'il restait «beaucoup de questions» à régler entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le Nagorny Karabakh, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev soutenant lui que ce conflit était bel et bien terminé.
«Nous avons réussi à assurer le cessez-le-feu, mais il reste encore beaucoup de questions à résoudre», a déclaré M. Pachinian, qui s'exprimait à l'issue d'une rencontre à Moscou avec M. Aliev, la première depuis la signature d'un accord de cessation des hostilités mi-novembre qui a consacré une large victoire de Bakou.
«Malheureusement, le conflit n'est toujours pas résolu», a poursuivi Nikol Pachinian, selon des propos diffusés en direct à la télévision russe.
Le dirigeant arménien a notamment mentionné la nécessité de définir le statut du Nagorny Karabakh - un point qui n'était pas abordé dans l'accord de novembre - et regretté que la «question des prisonniers de guerre n'ait pas été réglée».
Pour sa part, Ilham Aliev a affirmé que l'accord était appliqué «avec succès» et qu' «hormis de petits incidents», il n'y avait pas de «raisons de s'inquiéter».
«Tout cela nous donne confiance dans le fait que le conflit du Nagorny Karabakh fait partie du passé et que nous devons penser à l'avenir», a-t-il estimé.
Lors de ces pourparlers en compagnie du président Vladimir Poutine, les dirigeants arménien et azerbaïdjanais ont également convenu d'une déclaration commune sur la poursuite des négociations.
Cette dernière, publiée sur le site du Kremlin, prévoit la mise en place d'un groupe de travail tripartite visant à assurer «le déblocage des échanges économiques et des transports dans la région».
La déclaration prévoit que le groupe d'experts se réunisse une première fois avant le 30 janvier.
Signé le 9 novembre sous l'égide de Moscou, le dernier accord de cessez-le-feu avait mis fin à six semaines d'affrontements entre Erevan et Bakou pour le contrôle de la région indépendantiste du Nagorny Karabakh.
L'accord a marqué une cuisante défaite de l'Arménie qui a dû rétrocéder une partie du Nagorny Karabakh et d'importants territoires l'entourant.
Près de 2 000 soldats de la paix russes ont par ailleurs été déployés sur place pour assurer le respect du cessez-le-feu.
Lundi, Vladimir Poutine a salué une rencontre «utile et importante» entre MM Pachinian et Aliev.
«Nous constatons que nos accords tripartites se réalisent progressivement, et nous sommes convaincus que cela crée les conditions préalables pour une résolution complète du conflit sur le long terme», a indiqué le président russe.
«La situation est maintenant calme dans la région», a-t-il ajouté, soutenant que 48 000 réfugiés ayant fui les combats étaient déjà revenus au Karabakh depuis l'entrée en vigueur de l'accord.
Depuis novembre, plusieurs incidents meurtriers entre les troupes du Karabakh et l'armée azerbaïdjanaise ont néanmoins menacé la solidité de l'accord.
Vladimir Poutine a indiqué que plus de 22 000 engins explosifs avaient été neutralisés par des démineurs russes dans la région, et que 800 tonnes de matériaux de construction y avaient été livrées par Moscou.
Peuplée majoritairement d'Arméniens, la région montagneuse du Nagorny Karabakh, soutenue par Erevan, avait fait sécession de l'Azerbaïdjan à la chute de l'URSS, entraînant une guerre dans les années 1990 qui a causé la mort de 30 000 personnes et fait des centaines de milliers de réfugiés.
La reprise intensive des combats, entre septembre et novembre, a fait plus de 6 000 morts, selon les bilans officiels.