DUBAI: Les prix du pétrole ont repris leur envolée sur les marchés mondiaux mardi, alors que les traders semblaient bloquer le souvenir du «lundi noir» de 2020, quand les prix du brut ont atteint une phase négative au début de la récession pandémique.
Le Brent, la référence mondiale en termes de qualité et de prix, est passé au-dessus de 68 dollars le baril pour la première fois en plus d'un an, tandis que West Texas Intermédiate, qui s'approchait, sans les atteindre, des 40 dollars il y a exactement un an au plus fort de la crise pétrolière, a bondi au-dessus de 64 dollars.
Cette recrudescence des cours du pétrole, et qui incite des experts à évoquer la possibilité d'un «super-cycle» où le brut remonte au-dessus de 100 dollars le baril, est en partie due à l'amélioration des perspectives au moment où l'économie mondiale sort des périodes de confinements dictés par la pandémie.
La distribution mondiale des vaccins contre le coronavirus a incité les experts économiques à prédire une forte reprise de la croissance en 2021, et le Fonds monétaire international a récemment prédit une forte hausse de l'activité économique pour le reste de l'année. La Chine a déclaré la semaine dernière que son économie a augmenté de 18,3% au premier trimestre de l'année en cours.
Mais les analystes pétroliers estiment que les actions de l’OPEP, l’alliance de producteurs dirigée par l’Arabie saoudite et la Russie, sont le facteur le plus important dans la réduction de l’énorme surplus du pétrole qui menaçait de submerger le marché mondial au printemps dernier.
Depuis avril dernier, l’OPEP + a retiré plus de 3 milliards de barils de pétrole du marché mondial, grâce à l’adoption d’une série de mesures de rigueur interne et de coupes volontaires de l’Arabie saoudite, le plus grand exportateur du monde.
Le prince Abdel Aziz ben Salmane, ministre saoudien de l'énergie et coprésident de l'OPEP +, a appelé les 23 membres de l'organisation à la prudence à maintes reprises lors de la réapparition de pics de Covid-19 dans certaines régions du monde. C’est d’ailleurs le cas de l’Europe et l’Inde en ce moment.
«L'image globale est loin d'être uniforme et la reprise est loin d'être complète, c’est la réalité», a déclaré le prince lors de la dernière réunion de l'OPEP +.
La hausse des prix du pétrole est provoquée par la demande croissante de la Chine, le plus gros consommateur de pétrole au monde.
Les chiffres du régulateur douanier du pays, publiés mardi, indiquent que les importations du pétrole brut d'Arabie saoudite, son plus grand fournisseur, avaient augmenté de près de 9% en mars, avec une forte demande intérieure soutenue par une libération des approvisionnements après la congestion des ports.
Certains analystes estiment toujours que le Brent pourrait atteindre 75 dollars cette année, et que le baril pourrait atteindre les 100 dollars l'année prochaine.
Toutefois, personne ne semble croire que les conditions du marché volatiles du printemps dernier et les prix négatifs du pétrole vont se reproduire.
Robin Mills, directeur général du cabinet de conseil Qamar Energy, parle à Arab News d’un «cocktail de circonstances assez inhabituel».
«Il ne faut jamais dire jamais, et les négociants ont la mémoire courte. Mais je crois que les mesures en vigueur rendent peu probable un retour des valeurs négatives».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com