Après un an de Covid, comment l’attitude des gens au Moyen-Orient a évolué

Les fidèles exécutent la prière nocturne des Tarawih autour de la Kaaba, pendant le mois du Ramadan, dans l’enceinte de la Grande Mosquée de La Mecque, le 13 avril 2021. (Photo, AFP)
Les fidèles exécutent la prière nocturne des Tarawih autour de la Kaaba, pendant le mois du Ramadan, dans l’enceinte de la Grande Mosquée de La Mecque, le 13 avril 2021. (Photo, AFP)
Un émirati se fait vacciner contre de la Covid-19, au centre de santé al-Barcha à Dubaï, le 24 décembre 2020. (Photo, AFP)
Un émirati se fait vacciner contre de la Covid-19, au centre de santé al-Barcha à Dubaï, le 24 décembre 2020. (Photo, AFP)
Des agents de santé contrôlent les fidèles qui entrent dans la Grande Mosquée de La Mecque, dans le cadre des efforts visant à empêcher la propagation de la Covid-19, le 18 avril 2021. (Photo, SPA)
Des agents de santé contrôlent les fidèles qui entrent dans la Grande Mosquée de La Mecque, dans le cadre des efforts visant à empêcher la propagation de la Covid-19, le 18 avril 2021. (Photo, SPA)
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Publié le Lundi 19 avril 2021

Après un an de Covid, comment l’attitude des gens au Moyen-Orient a évolué

  • Depuis le lancement du programme national de vaccination en Arabie saoudite, plus de 2 millions de doses ont été administrées dans 500 centres à travers le territoire
  • Les Émirats arabes unis ont enregistré 500 000 cas de Covid-19 environ, tandis que le bilan de l'Arabie saoudite se dirige vers les 405 000

DUBAI: Le 11 mars 2020, quelques mois à peine après son apparition dans la ville chinoise de Wuhan, des épidémies du nouveau coronavirus se déclarent sur plusieurs continents, un moment qui marque le début d'une urgence sanitaire jusque-là inégalée et créé un changement brusque dans les habitudes quotidiennes.

Quand l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a sonné l’alerte et annoncé que les épidémies dispersées à travers le globe constituent une pandémie à part entière, les gouvernements au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) n'ont pas tardé à réagir.

Des fermetures obligatoires à l'échelle nationale ont été décrétées, les écoles et les lieux de travail désertés, les travailleurs de première ligne mobilisés et les ménages confinés chez eux. Rares sont ceux qui se souviennent d'avoir vécu un pareil bouleversement, ou qui ont vu les rues aussi vides de toute leur vie.

Les données recueillies par l'agence de sondage britannique YouGov indiquent qu'en avril 2020, au début de la pandémie, près de 75% des personnes interrogées en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis se sentaient «quelque peu» ou «très effrayées» de contracter le virus. Cette peur s’est généralement estompée au fur et à mesure que la pandémie se prolongeait.

Pour freiner la propagation de la Covid-19, les gouvernements responsabilisent le grand public et l’invitent à se conformer aux nouvelles directives d'hygiène personnelle et de distanciation sociale.

Dans le même sondage YouGov, 78% des sondés saoudiens et émiratis disent avoir amélioré leur hygiène personnelle (se laver et se désinfecter les mains fréquemment), tandis que 80% évitent les lieux publics et 70% indiquent avoir commencé à porter des masques en public.

La Covid-19 se propage principalement par le contact entre des personnes infectées, lorsque des particules de salive chargées du virus sont expulsées par la toux et les éternuements et restent suspendues dans l'air. Le virus peut également se propager à travers un contact avec des surfaces contaminées et le transfert subséquent des particules aux yeux, au nez et à la bouche.

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En avril 2020, un policier saoudien vérifie le permis de circulation d'un automobiliste durant le confinement décrété dans le Royaume afin de lutter contre la propagation de la Covid-19. (Photo, SPA/Archives)

Le cocktail de confinements et de l’omniprésence des messages des autorités de santé publique a un effet viscéral sur la vie quotidienne des gens. Tout change, de la façon avec laquelle ils travaillent et étudient, à la façon de voyager et de se socialiser.

Le rôle crucial des règles d'hygiène universelles et de la distanciation sociale dans les communautés pour contenir avec succès les foyers d’éclosion se précise.

Au cours des six premiers mois de la pandémie, les données de YouGov indiquent que les taux respectifs de port de masques sont élevés dans la zone desservie par le CCG. Près de 80% des répondants émiratis et 69% des répondants saoudiens disent arborer systématiquement le couvre-visage pendant cette période.

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Tout au long de la pandémie, les groupes à risque, qui comprennent les personnes âgées et les individus aux problèmes de santé sous-jacents, sont appelé à la vigilance extrême. En août 2020, 80% des Saoudiens de plus de 45 ans assure avoir évité les lieux publics, contre 58% des Saoudiens âgés de 18 à 24 ans seulement à avoir pris les mêmes précautions.

Au cours du même mois aux EAU, 81% des plus de 45 ans disent porter un masque facial en public, contre 66% dans la tranche des 18-24 ans.

Bien que les hommes et les femmes partagent les mêmes risques d'attraper le coronavirus, les données médicales suggèrent que les hommes sont plus susceptibles de souffrir de symptômes graves et d’en mourir.

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En août 2020, quatre Saoudiens de plus de 45 ans sondés sur cinq disent éviter les lieux publics. (Photo, Reuters/Archives)

Et pourtant, malgré les conseils de l'OMS, les données de YouGov révèlent que les hommes saoudiens et les habitants des Émirats arabes unis sont moins susceptibles d'améliorer leur habitudes hygiène personnelle, de porter un masque, d'éviter les endroits bondés ou d'éviter de toucher des surfaces potentiellement contaminées.

Depuis le début de la pandémie, près de 142 millions de personnes ont été infectées dans le monde et plus de 3 millions sont décédées. Les Émirats arabes unis ont enregistré 500 000 cas de Covid-19 environ, tandis que le bilan de l'Arabie saoudite se dirige vers les 405 000.

Contrairement à de nombreux États européens où les gouvernements ont été plus lents à réagir, l'épidémie dans les territoires du CCG a été relativement légère, avec un taux de mortalité bien plus faible. Mais même ici, et malgré la distribution des vaccins et l’assouplissement des restrictions, les choses semblent loin de la normale.

«Ce qui nous arrive peut sembler étranger et anormal pour beaucoup, mais les fléaux ne sont pas nouveaux pour notre espèce, seulement pour nous», écrit l'épidémiologiste social Dr Nicholas Christakis dans son livre «La flèche d’Apollo: L’impact profond et persistant du coronavirus sur notre mode de vie».

Et comme toutes les pandémies qui ont eu lieu dans le passé, écrit Christakis, celle de la Covid-19 n’est que de passage. De meilleurs jours viendront, quand les gens iront à la recherche ces interactions sociales longtemps boudées.

Le professeur de Yale prédit même un retour des «Années folles» (ou roaring 20s en anglais, NDLR), semblable à la décennie de prospérité et de renaissance culturelle qui a suivi la pandémie de grippe espagnole de 1918.

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Pour y parvenir, les gens doivent être en sécurité. Mais ils doivent surtout se sentir en sécurité. Des campagnes de vaccination annuelles, de meilleurs traitements, et un passeport vaccinal comptent parmi les outils envisagés pour redresser les sociétés et les économies.

D'ici là, le comportement des tranches de la société le moins à risque continuera d'avoir un impact sur les plus vulnérables. Le «retour à la normale» dépend par conséquent non seulement de la science médicale, mais des gestes de la communauté toute entière.

Si les vaccins et le confinement ne sont pas adoptés à grande échelle, le virus va s’ancrer plus profondément dans la communauté et les risques de mutation vont augmenter. Il devient ainsi plus transmissible, et ses symptômes gagnent en gravité.

«Lorsqu'un virus circule largement dans une population et provoque de nombreuses infections, la probabilité de mutation du virus augmente», selon la série des «vaccins expliqués» de l’OMS. «Plus un virus a d'occasions de se propager, plus il se réplique, et plus il a d'occasions de subir des changements», poursuit la série.

en CHIFFRES

83% des Saoudiens estiment que la situation pandémique s'améliore.

14% des répondants au EAU croient que la situation pandémique s'aggrave.

70% des répondants saoudiens et émiratis disent qu'ils continueront d’éviter les lieux bondés.


Source: Moniteur public YouGov Covid-19 , mars 2021

La fiabilité des vaccins proposés est un facteur majeur dans le succès de la campagne d’inoculation.

Au début du mois de décembre de l'année dernière, les EAU sont parmi les premiers pays à approuver le vaccin Sinopharm, de fabrication chinoise, pour une utilisation d'urgence. Les données du sondage de YouGov à la fin de ce mois indiquent que seuls 56% des répondants des EAU avaient pris ce vaccin ou se sentaient à l'aise de le faire. En Arabie saoudite, ce chiffre baisse à 42%.

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Un émirati se fait vacciner contre de la Covid-19, au centre de santé al-Barcha à Dubaï, le 24 décembre 2020. (Photo, AFP)

Depuis le lancement du programme national de vaccination en Arabie saoudite, plus de 2 millions de doses ont été administrées dans 500 centres à travers le territoire. Aux EAU, qui détiennent l’un des taux de vaccination par habitant les plus élevés au monde, plus de 10 millions ont été administrés.

Depuis le sondage de décembre 2020, la sécurité et l'efficacité des vaccins contre la Covid-19 inspire davantage de confiance. Les données du Moniteur public de Covid-19 publiées par YouGov en mars 2021 montre une hausse des intentions d’obtenir le vaccin chez 20% des répondants en Arabie saoudite et 26% aux Émirats arabes unis.

Aujourd'hui, la grande majorité des personnes interrogées aux EAU (82%) et en Arabie saoudite (62%) déclare avoir reçu un vaccin, ou avoir l’intention d’en recevoir.

De plus 83% des répondants saoudiens estiment que la situation pandémique s'améliore, 14% des répondants des EAU croient qu’elle s'aggrave, tandis que 70% des Saoudiens et des EAU ont l'intention de continuer d’éviter les lieux bondés.

Ces chiffres ne sont guère surprenants, étant donné que les scientifiques ont encore beaucoup à apprendre sur la Covid-19, ses mutations, ses modes de propagation, ses symptômes à long terme et sa capacité à déjouer les vaccins et les traitements.

Le port du masque, la désinfection des mains et la distanciation sociale vont probablement rester des gestes nécessaires pour quelques temps.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: des soldats israéliens tuent deux Palestiniens apparement en train de se rendre

Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
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  • Deux Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne à Jénine, une scène filmée sous plusieurs angles: l’Autorité palestinienne parle d’« exécution sommaire », tandis qu’Israël affirme que les forces ont agi face à une menace

Jénine, Territoires palestiniens: L'armée et la police israéliennes ont annoncé jeudi examiner les circonstances dans lesquelles deux Palestiniens ont été abattus lors d'une opération conjointe de leurs forces alors qu'ils étaient apparemment en train de se rendre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

La scène a été filmée sous plusieurs angles, notamment par un journaliste de l'AFP, dans cette ville bastion de groupes armés palestiniens.

L'Autorité palestinienne a identifié les Palestiniens tués comme Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans, et Youssef Ali Assassa, 37 ans, dénoncé les faits comme une "exécution sommaire" et accusé les forces israéliennes de "crime de guerre documenté et complet".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, a dit apporter son "soutien total aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés sortis d'un bâtiment à Jénine".

Des vidéos ayant largement circulé sur les médias sociaux montrent deux hommes sortir d'un bâtiment cerné par des soldats israéliens, les bras en l'air. On les voit ensuite se coucher à terre devant les soldats avant d'être redirigés vers l'intérieur du bâtiment. Des coups de feu retentissent. Les deux hommes gisent au sol.

Les images tournées par le JRI de l'AFP montrent les deux hommes sortir du bâtiment puis y rentrer avant les coups de feu. Un immeuble placé entre le journaliste et la scène obstrue une partie de l'image. On voit ensuite des soldats évacuer un cadavre.

- "Les terroristes doivent mourir !" -

Une fois la nuit tombée, un photographe de l'AFP a vu des Palestiniens nettoyer les lieux. Des flaques de sang maculaient encore le sol.

Dans un communiqué commun, l'armée et la police (dont dépend l'unité des gardes-frontières) indiquent que leurs forces ont procédé dans la soirée "à l'arrestation de deux individus recherchés pour des actes terroristes, notamment des jets d'explosifs et des tirs sur les forces de sécurité".

"Après leur sortie [du bâtiment où ils étaient cernés], des tirs ont été dirigés vers les suspects", ajoute l'armée, précisant que "l'incident est en cours d'examen".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé dans un communiqué une "exécution de sang-froid".

"Les soldats ont agi exactement comme on l'attend", a estimé de son côté M. Ben Gvir. "Les terroristes doivent mourir!" a-t-il écrit sur son compte X.

Citant une source au sein des gardes-frontières, le journal de gauche Haaretz a indiqué qu'une enquête préliminaire mentionnait d'ores et déjà qu'un des deux hommes tués avait tenté de se relever après avoir été au sol et fait un "mouvement suspect", qui a décidé les policiers et les soldats à tirer.

- "Déshumanisation" -

"L'exécution documentée aujourd'hui est le résultat d'un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l'abandon total de leurs droits par le régime israélien", a estimé B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.

"Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à l'impunité d'Israël et de traduire en justice les responsables de la planification et de l'exécution de sa politique criminelle contre le peuple palestinien", ajoute l'ONG.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël.

Elles n'ont pas cessé avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Mercredi, l'armée israélienne a annoncé le lancement d'une nouvelle opération contre les groupes armés palestinien dans le nord de la Cisjordanie.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."


Un an après le cessez-le-feu au Liban, la paix reste fragile alors que les violations israéliennes se multiplient

Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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  • Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
  • Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah

BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.

L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.

La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.

Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.

Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.

Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.

Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.

La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.

L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.

Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.

Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.

Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.

L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.

Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.

Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »

La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.

« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».

Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.

« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.

Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.

« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.

Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.

« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.

Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »

L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »

Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »

Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.

Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».

Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »

Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».

Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com