TAËF: Dans l'ouest de l'Arabie saoudite, des fusils anciens sont soigneusement préparés avant une représentation de la danse de guerre traditionnelle « Taachir », un spectacle saisissant fait de bonds et de détonations.
Des hommes et de jeunes garçons s'emparent d'armes disposées sur la plateforme d'un camion et remplissent leur canon de poudre avant d'entrer sur scène, un par un, pour montrer leur savoir-faire dans ce qui est également appelé la danse du feu.
Des dizaines de spectateurs, dont des femmes et des enfants, se tiennent en bordure d'une clairière entourée de tentes. Mariant l'ancien et le moderne, certains filment le spectacle avec des téléphones portables.
Pieds nus et vêtus d'une longue robe et d'une coiffe traditionnelles, les artistes dansent au son d'une musique entrainante avec en toile de fond les montagnes de la province occidentale de Taëf.
Ils bondissent, les genoux serrés l'un contre l'autre, en agitant leurs fusils et finissent par tirer en direction du sol, provoquant une explosion d'étincelles et de fumée sous eux.
Cette danse, une tradition tribale remontant à des centaines d'années, est aujourd'hui exécutée lors de mariages, de festivals et d'autres occasions spéciales.
Dans un royaume en pleine modernisation, qui connaît des réformes économiques et sociales spectaculaires sous l'impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, les Saoudiens maintiennent des traditions ancestrales.
« La danse Taachir est le patrimoine populaire des habitants de Taëf. Elle est considérée comme un événement essentiel en toute occasion », a déclaré Salmane al-Touweirgui, propriétaire d'un café de Taëf.
Selon lui, cette danse, exécutée à l'origine avant une bataille pour motiver les combattants et intimider les adversaires, a été transmise de génération en génération.
« C'est une ancienne danse de guerre et nous la préservons de cette manière », a déclaré M. Touweirgui. « Nous perpétuons cette tradition pour qu'elle dure pour toujours ».
De jeunes garçons prennent part à la danse, s'entraînant d'abord avec une arme non chargée. « Nous augmentons le niveau de formation à mesure qu'ils deviennent davantage capables d'exécuter la danse », a souligné M. Touweirgui.
« C'est un héritage populaire... et nous apprenons à nos enfants à le pratiquer pour que, à l'avenir, ils puissent eux aussi l'apprendre à leurs enfants ».