BEYROUTH: Une coalition de groupes issus de la société civile libanaise a appelé mardi à la formation d'un bloc politique et électoral élargi face aux partis au pouvoir accusés de corruption, lors des législatives prévues en 2022.
L'appel conjoint lancé par 16 groupes, dont le Bloc national, Beyrouth Madinati et Mentechrin, vise à rassembler le plus grand nombre de forces issues du mouvement de contestation de l'automne 2019 en vue d'affronter des dirigeants inchangés depuis des décennies lors des élections de mai 2022.
« Nous appelons toutes les forces de changement et les différents groupes révolutionnaires (...) à unifier leurs rangs et à travailler ensemble pour former un bloc d'opposition le plus large possible », a déclaré la porte-parole de la coalition Nada Sehnaoui.
« Ensemble, nous développerons un plan conjoint pour participer au scrutin parlementaire à travers des listes d'opposition communes », a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse au siège du Bloc national à Beyrouth.
Le soulèvement populaire, amorcé le 17 octobre 2019, avait secoué le pays et sa classe dirigeante par son ampleur et son étendue géographique. Mais aucune initiative n'a réussi jusqu'ici à faire émerger un front d'opposition élargi.
Les partis traditionnels, dont certains sont au pouvoir depuis la guerre civile (1975-1990) sont accusés par la rue de corruption, d’archaïsme, de népotisme et d'entretenir un régime politique « confessionnel » basé sur un partage communautaire du pouvoir ayant nourri le clientélisme.
Depuis l'automne 2019, l'élan révolutionnaire s'est toutefois tassé, en raison notamment de la pandémie et d'une explosion gigantesque au port de Beyrouth en août 2020 ayant dévasté des pans entiers de la ville et tué plus de 200 personnes.
Mais la grogne et la colère sociales sévissent à mesure que le pays s'enfonce dans une crise économique et financière inédite ayant propulsé le taux de pauvreté à 55% de la population.
La livre libanaise a perdu plus de 85% de sa valeur par rapport au dollar en moins de 18 mois, provoquant une inflation à trois chiffres.
« Nous n'avons pas de temps à perdre », a insisté mardi Mme Sehnaoui.
« La faim traque la grande majorité de notre peuple et le sort de notre pays est en jeu », souligne-t-elle.