LE CAIRE: L'Égypte, l'Éthiopie et le Soudan ont organisé une rencontre mardi dans un nouvel effort pour tenter de résoudre la crise du barrage de la Renaissance. Les réunions entre les représentants des trois pays avaient pour objectif de résoudre les problèmes et de tenter de concilier les divergences de points de vue.
Il s’agit de la dernière étape des discussions sur ce projet de plusieurs milliards de dollars. Les trois pays impliqués dans ces négociations sur les barrages depuis 2011 n’ont toujours pas abouti à un accord, en raison des tensions entre Addis-Abeba, d’une part, et Le Caire et Khartoum, d’autre part.
Le Caire et Khartoum cherchent à signer un accord légalement contraignant pour toutes les parties afin de fixer des textes clairs pour réguler le remplissage du barrage, tandis qu'Addis-Abeba souhaite un accord non contraignant.
Le grand barrage de la Renaissance est en cours de construction à environ 15 kilomètres de la frontière entre l'Éthiopie et le Soudan. Il est devenu une source majeure de discorde entre les trois pays. L’Égypte redoute que le projet de barrage ne conduise à des pénuries d’eau en amont, tandis que le Soudan est préoccupé par la sécurité du barrage.
Selon le ministre soudanais des Affaires étrangères, Omar Qamar al-Din Ismail, les dernières réunions visaient à unifier les textes des projets d'accords soumis par les trois pays. Ainsi, un seul document serait validé par leurs représentants et facilitateurs de l'Union africaine (UA).
Ismail a déclaré que ce document final serait soumis au président sud-africain, qui dirige actuellement l'UA, afin qu’il l’examine et qu’il envisage la possibilité d’en faire la base de l'accord entre les trois pays.
Des réunions à distance ont eu lieu ces derniers jours avec la participation des ministres égyptien, soudanais et éthiopien de l'Irrigation et des Affaires étrangères. L'Afrique du Sud a déclaré qu'un semi-projet d'accord entre les trois pays semblait une solution à la crise et serait synonyme de grands progrès pour les négociations.
Mohamed Nasr Allam, ancien ministre égyptien de l'Irrigation et des Ressources en eau, a déclaré que l'Égypte recherchait un accord légal permettant à l'Éthiopie de remplir et d’exploiter le barrage, mais lui interdisant, sauf avis préalable, de construire sur le fleuve. Il a ajouté que l'Éthiopie voulait la domination de l'eau sur les sources du bassin du Nil.
Selon lui, l'accord doit être contraignant et contenir une clause assortie d’un instrument juridique clair pour résoudre les différends. La tentative de proposer un projet unifié par l'UA est une étape constructive, pour Allam, à condition qu’Addis-Abeba accepte les règles de la négociation et ne ralentisse pas le processus. Car de son côté, Le Caire sait ce dont il a besoin et comment l'obtenir. L’ancien ministre a exprimé sa conviction que les jours à venir verraient de nouveaux progrès si l'Éthiopie se montrait moins intransigeante dans les négociations.
Abbas Al-Sharaqi, spécialiste des ressources en eau à l'université du Caire, a déclaré que l'Égypte cherchait à établir des règles pour le remplissage du barrage, en particulier pour l'année à venir, en lien avec les conditions hydrologiques et pluviométriques, afin que le pays ne soit pas affecté par l’opération.
La longue dispute entre les trois États a attiré l'attention du pape François qui, la semaine dernière, a déclaré qu'il suivait l’évolution des négociations. Il a appelé au dialogue et a demandé que les trois pays agissent pour le bien de leurs peuples.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com