J’avais dix ans, quand pour la première fois j’ai entendu dire cette phrase. C’était un de la bouche d’un pères jésuites du Collège Notre Dame de Jamhour. Moi, fils d’une famille musulmane qui voyait dans les écoles des missions religieuses un potentiel qui permettrait à son enfant de gravir un jour les échelons à condition qu’il fasse les bon choix.
Mon cerveau d’enfant s’est occupé à déchiffrer cette phrase pendant des mois. Comment la connaissance de la vérité m’affranchirait et de quoi? J’allais chercher dans chaque idée, dans chaque circonstance, une réponse à cette équation, en me demandant: Est-ce la vérité? M’a-t-elle libérée ?
Les guerres se sont succédées depuis, pour envahir ma vie d’enfant heureux. Guerres locales et externes. Puis ce fut le temps des exodes, locaux, d’école en école, de la ville au village à l’intérieur de la ville, puis du village de la ville a un autre village de campagne. A plusieurs reprises nous avons sillonné le pays tout entier.
Je ne savais plus où résidait la vérité dans ce contexte de guerres et de déplacements. Je ne la cherchais plus. Je ne me demandais même plus si je serai libéré, et de quoi. Je m’étais pourtant libéré d’un seul et unique présupposé: Non, l’Evangile selon Saint Jean n’est pas écrit qu’en langue française, il l’affirme également en langue arabe: « vous connaitrez la vérité et la vérité vous affranchira »…