BAGDAD: Deux roquettes se sont abattues dimanche près de la base aérienne de Balad, abritant des soldats américains au nord de Bagdad, trois jours avant la reprise du « dialogue stratégique » avec la nouvelle administration américaine.
Les tirs de ces roquettes n'ont fait ni victimes ni dégâts, a indiqué une source de sécurité. Ils n'ont pas été revendiqués mais Washington accuse régulièrement les groupes armés irakiens pro-Iran de viser ses troupes et ses diplomates.
C'est la quatorzième attaque, dont six à la roquette, visant les troupes américaines, l'ambassade des Etats-Unis ou des convois irakiens de soutien logistique aux troupes étrangères depuis que Joe Biden est arrivé à la Maison Blanche en janvier.
Au cours de ces attaques --précédées par des dizaines d'autres sous l'administration de Donald Trump-- deux Américains ont été tués, ainsi qu'un civil irakien. Un autre Irakien, travaillant pour une entreprise de maintenance des avions américains F-16 de l'armée irakienne, a été blessé lors de ces tirs de roquettes.
Ces tirs sont parfois revendiqués par des groupuscules obscurs, en réalité des faux-nez des groupes armés pro-Iran présents de longue date dans le pays, selon les experts.
La preuve pour eux ? Une déclaration récente de Qaïs al-Khazali, l'un des leaders du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires née de la guerre contre le groupe Etat islamique (EI) et désormais intégrée à l'Etat, qui regroupe majoritairement des pro-Iran.
« La résistance mènent actuellement des attaques et continuera à le faire de plus en plus et de plus en plus fort si les Etats-Unis ne retirent pas toutes leurs troupes combattantes de tout l'Irak, du centre, de l'ouest mais aussi du nord », c'est-à-dire au Kurdistan, a-t-il dit récemment lors d'un rassemblement.
Quid des 2 500 soldats américains ?
Mercredi, la nouvelle administration américaine va entamer un « dialogue stratégique » par visioconférence avec le gouvernement irakien de Moustafa al-Kazimi, régulièrement menacé par les factions armées pro-Iran.
Comme un coup de pouce avant le début des discussions, Washington a déjà accordé il y a quelques jours un nouveau répit à Bagdad : quatre nouveaux mois d'exemption des sanctions visant les entités commerçant avec l'Iran, pour permettre à l'Irak d'aborder l'été --l'un des plus chauds au monde-- avec assez d'électricité pour fournir les foyers en climatisation et autres équipements.
Ennemis jurés, la République islamique d'Iran et les Etats-Unis ont tous deux une présence ou des alliés en Irak.
Washington y déploie quelque 2 500 militaires et l'Iran a entre autres le soutien du Hachd.
A chaque attaque meurtrière, Washington menace de faire « le nécessaire » et promet de faire payer le prix fort à l'Iran.
Fin février, les Etats-Unis ont ainsi mené un raid contre des miliciens irakiens pro-Iran en Syrie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 22 miliciens irakiens avaient péri. Selon le Pentagone, la frappe n'avait fait qu'un mort.
Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a reconnu que cette frappe n'avait pas eu l'effet dissuasif escompté mais plaidé que « personne ne veut d'une escalade ».
En janvier 2020, une telle spirale avait failli dégénérer en conflit ouvert en Irak, après qu'un drone américain avait tué le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, en riposte à la mort d'Américains en Irak.