BAGDAD : Le Parlement irakien a voté jeudi le budget pour 2021, en baisse de plus de 30% par rapport au dernier budget adopté en 2019, alors que le pays, deuxième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, traverse sa pire crise économique.
En 2020, le taux de pauvreté en Irak a doublé: 40% de la population est désormais « pauvre », selon la Banque mondiale. Le dinar irakien a perdu en quelques semaines près de 25% de sa valeur et le gouvernement, qui peine lui aussi à boucler ses fins de mois, paye régulièrement ses fonctionnaires et pensionnés – a 20% de la population – avec une ou deux semaines de retard.
Aucun budget n'a été voté pour 2020, année marquée par une révolte populaire et un changement de gouvernement.
Les recettes escomptées en 2021 s'élèvent à 69,9 milliards de dollars (59 milliards d'euros), basées sur des exportations de pétrole de 3,25 millions de barils par jour au prix moyen estimé de 45 dollars – soit bien en-dessous des cours actuels situés aux alentours de 60 dollars.
Le déficit public ressort à 19,8 milliards de dollars – contre 23,1 milliards de dollars en 2019.
La proposition de budget soumise par le gouvernement au Parlement présentait toutefois un déficit public de 49 milliards de dollars. Les députés ont fait fondre ce chiffre en retirant du calcul les dettes et impayés de l'Etat pour l'énergie –notamment le gaz et l'électricité iraniens – et les infrastructures.
Les investissements prévus pour 2021 s'élèvent à 19,6 milliards de dollars, contre 27,8 milliards de dollars en 2019.
Alors que la corruption – qui a déjà coûté à l'Irak depuis 2003 deux fois son Produit intérieur brut, soit plus de 450 milliards de dollars – est la préoccupation première des Irakiens, les députés n'avaient cessé d'appeler à réduire le budget au maximum. Quitte à refuser d'y inscrire les dettes et à rogner sur les investissements pourtant vitaux dans un pays en pénurie d'électricité, d'hôpitaux et d'écoles.
Selon ce budget, 80% des recettes proviennent du pétrole – elles incluent 250 000 barils par jour produits au Kurdistan –, condition posée pour payer les salaires des fonctionnaires de la région autonome.