Khaled Drareni à Arab News en français: «la peur n'est pas une option»

Le journaliste Khaled Drareni. (AFP)
Le journaliste Khaled Drareni. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 03 avril 2021

Khaled Drareni à Arab News en français: «la peur n'est pas une option»

  • «Être à la solde de parties étrangères est une accusation habituelle que l’on colle facilement à ceux qui dérangent. Je ne suis pas le premier à la subir et je ne serai certainement pas le dernier»
  • «Je me sens concerné par le combat juste et légitime qui doit se poursuivre pour une presse libre en Algérie, au Maghreb et dans le monde»

ALGER : Pendant longtemps, Khaled Drareni a été le journaliste très BCBG qui a fait les beaux jours de plusieurs médias et interviewé un grand nombre de personnalités, y compris le président Abdelmadjid Tebboune. Connu pour son professionnalisme et son engagement pour les causes nobles, qui lui vaudront la reconnaissance de ses pairs et un succès populaire, il a été de toutes les batailles, notamment à la faveur du Hirak, non sans déboires et démêlés avec la justice. À travers cet entretien à bâtons rompus, Arab News en français a tenté d’en savoir un peu plus sur ce journaliste militant, et dans quel état d’esprit il aborde son retour sur le terrain.

La Cour suprême a accepté le pourvoi en cassation présenté par vos avocats. Quel est votre sentiment? 

C’est un sentiment plutôt positif, car c’est ce que nous espérions avec mon collectif d’avocats. La Cour suprême nous a donné raison, nous espérons maintenant que le nouveau procès dont nous attendons la programmation va corriger l’énorme erreur judiciaire dont j’ai été victime en août et en septembre 2020.

Faites-vous confiance à la justice algérienne? 

Je fais confiance à ma famille, à mes proches, aux avocats, à tous mes soutiens en Algérie et dans le monde qui ont cru en mon combat pour une presse libre en Algérie et qui ont cru en mon innocence. Quant à la justice algérienne, j’espère qu’elle corrigera le dérapage judiciaire dont j’ai été victime.

«Khaled Drareni est un khabarji (“informateur”) à la solde de parties étrangères.» Cette accusation vous touche-t-elle? Et quelle est votre réponse à tous ceux qui le pensent et qui relaient ce propos?

C’est une accusation habituelle que l’on colle facilement à ceux qui dérangent. Je ne suis pas le premier à la subir et je ne serai certainement pas le dernier. Une accusation sans preuves ni éléments tangibles, juste pour ne pas avouer qu’on a mis un journaliste en prison pour avoir fait son travail de journaliste. Entre l’été 2019 et février 2020, j’ai été arrêté et interrogé près de quinze fois par les services de sécurité. À aucun moment on ne m’a posé une question en ce sens (travail pour des parties étrangères). Toutes les questions concernaient ma couverture du Hirak et mes publications sur les réseaux sociaux.

Qu’en est-il de la liberté de presse et d’expression en Algérie? 

Je suis triste pour l’état de la presse en Algérie. Jamais la situation n’a été aussi critique, des dizaines de journalistes ont été persécutés, poursuivis, emprisonnés, menacés. La protection de la liberté de la presse n’est qu’un slogan en Algérie et n’a rien de réel. Nous pensions que le Hirak allait changer les choses et faire libérer la presse. C’est tout le contraire qui s’est produit. Pour contrôler le Hirak et l’affaiblir, les autorités ont décidé de contrôler la presse et les journalistes qui couvrent ce Hirak. La liste des journalistes persécutés est tristement longue: Abdelkrim Zeghileche, Said Boudour, Sofiane Merrakchi, Abdelmonji Khelladi, Adel Azeb Echikh, Mustapha Bendjama et bien d’autres. Le combat pour une presse libre en Algérie doit se poursuivre.

Vous vous dites déterminé à mener ce combat universel en tant que journaliste algérien. Comment cela?

Je me sens concerné par ce combat juste et légitime pour une presse libre en Algérie, au Maghreb et dans le monde. En Algérie, les journalistes continuent d’être persécutés lorsqu’ils décident de travailler librement et sans ordres. Au Maroc, deux journalistes, Omar Radi et Souleyman Raissouni, sont actuellement en prison pour avoir fait leur travail. Ce combat doit être collectif, nous devons le faire pour nous et pour les générations de journalistes à venir.

Sitôt libéré, vous avez repris vos activités journalistiques et vous continuez à couvrir le Hirak. N’avez-vous pas peur des représailles ou d’être emprisonné une nouvelle fois? 

Si j’avais peur des représailles, je ne serais pas allé en prison pendant onze mois. Je pense que je suis arrivé à un stade où la peur n’est plus une option. Le journalisme est le seul métier que je sais faire. La chose la plus terrible en prison, c’est d’être privé d’exercer son travail de journaliste, il était donc pour moi normal de revenir rapidement à ce formidable métier que j’exerce avec bonheur depuis quinze ans.

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".