TUNIS: Hichem Mechichi, chef du gouvernement, et Noureddine Taboubi, secrétaire général de la centrale ouvrière UGTT, ont conclu le 31 mars un accord pour lancer le processus de réforme du secteur public.
L’étroitesse des liens qui unissent le gouvernement, la coalition menée par le parti islamiste Ennahda qui le soutient, et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a été confirmée par un nouvel accord signé le 31 mars par le chef du gouvernement et le secrétaire général de la centrale ouvrière.
Les deux parties se sont mises d’accord pour lancer le processus de réforme du secteur public et, à cet effet, elles ont mis sur pied cinq commissions mixtes. Ces dernières seront en charge d’une série de dossiers: la restructuration de sept entreprises publiques (Tunisair, El Fouledh, la Société tunisienne d’acconage et de manutention, l’Office des terres domaniales, la Pharmacie centrale, la Société des industries pharmaceutiques de Tunisie, et la Société tunisienne d’électricité et de gaz), la réforme de la fiscalité et l’instauration de la justice fiscale «comme porte d’entrée à la justice sociale», la réforme du système des produits de base et des hydrocarbures, l’examen du dispositif de subventions directes et indirectes à différents secteurs, ou encore la maîtrise des prix et la restructuration des circuits de distribution.
Sauver l’économie
Noureddine Taboubi a déclaré haut et fort que la privatisation d’entreprises publiques était exclue. Lui emboîtant le pas, M. Mechichi a affirmé: «Nous sommes tous des enfants du secteur public, avec la volonté de le préserver comme locomotive de l’économie nationale.» Il a ainsi pris le contrepied du ministre de l'Économie, des Finances et de l'Investissement, Ali Kooli. Ce dernier s’était attiré les foudres de l’UGTT en février, en révélant que la cession des parts détenues par l’État dans certaines entreprises publiques et banques faisait partie des mesures envisagées par le gouvernement pour sauver l’économie.
Déterminé à partir d’un bon pied avec l’UGTT, Hichem Mechichi lui a rapidement donné des gages, en signant deux accords le 20 octobre et le 6 février portant respectivement sur la régularisation de la situation de 31 000 travailleurs de chantier et l’activation des accords sectoriels en suspens dans le secteur public et la fonction publique. Selon le chef du gouvernement, ils ont permis de «bâtir un climat de confiance avec notre partenaire social sur lequel nous avons pu capitaliser».
Journée historique
M. Mechichi a qualifié le mercredi 31 mars de «journée historique de la signature de l’accord avec l’UGTT, qui permettra de livrer l’une des plus importantes des batailles du pays, celle des réformes économiques et sociales».
Le secrétaire général de la centrale ouvrière a pour sa part dit avoir perçu dans le gouvernement actuel «un sens des responsabilités plus grand que jamais». M. Mechichi a lui relevé chez son partenaire des «intentions sincères» et une «volonté nationale».