BEYROUTH: Le gouvernement syrien a signé un contrat de 4 ans avec une société russe pour l'exploration pétrolière et gazière en mer Méditerranée, un accord qui pourrait déclencher une nouvelle crise frontalière entre le Liban et la Syrie.
Les deux blocs à explorer dans le cadre du nouveau contrat chevauchent des zones maritimes libanaises destinées à l’exploration énergétique le long de la frontière nord du pays.
Selon cette démarcation, la partie syrienne se serait emparée d'une zone libanaise de 750 kilomètres carrés à partir du bloc n°1, où le processus d'exploration russe va commencer.
Le Liban avait précédemment délimité ses frontières maritimes en 2011 et, en 2014, en lançant une série de permis d’explorations et des appels d'offres pour le bloc n°1 dans le nord. Mais la Syrie n'a toutefois pas reconnu la démarcation libanaise.
Pendant des années, le Liban était occupé à délimiter ses frontières maritimes et terrestres du sud avec Israël. En novembre dernier, Tel Aviv a accusé le Liban d'avoir changé sept fois de position concernant la démarcation des frontières maritimes, ce qui a conduit à des négociations indirectes sous la supervision des États-Unis et de l'ONU.
Le différend concerne une zone maritime d'environ 860 kilomètres carrés, connue sous le nom du bloc n °9, selon une carte envoyée en 2011 à l'ONU. Mais on a découvert plus tard que la carte se basent sur des approximations erronées. Lors des négociations les plus récentes, le Liban a demandé une superficie supplémentaire de 1 430 kilomètres carrés, qui comprend une partie du champ Karish.
Lors des négociations avec Israël, le président libanais Michel Aoun a demandé à sa délégation «d’observer et de défendre les droits libanais internationalement reconnus».
Cependant, l'inquiétude au sujet des frontières sud avec Israël n'a pas été la même pour les frontières nord, malgré la signature de l'accord russo-syrien le 1er mars.
«La démarcation établie par le Liban de ses frontières a eu lieu par décret, ce qui constitue une législation interne émise en vertu des lois nationales libanaises, et elle n'a pas de caractère contraignant», estime Bachar Jaafari, représentant permanent syrien à l'ONU, dans son objection de 2014 sur le sujet.
Marc Ayoub, un expert des affaires énergétiques au Liban et au Moyen-Orient, a déclaré à Arab News que le Liban doit informer la Syrie de son objection par les moyens disponibles.
«Cela pourrait être par l'intermédiaire de l'ambassadeur syrien au Liban ou d'une visite du ministre libanais des Affaires étrangères en Syrie», explique-t-il. Si la Syrie refuse de reconnaître cette objection, le Liban doit recourir à l'ONU pour s'opposer à tout processus d'exploration qui aura lieu. Le Liban peut demander l'arrêt de l'exploration s’il présente des documents qui prouvent sa propriété de ces zones».
Le mutisme apparent des responsables libanais sur la question de la frontière maritime s'est heurté à une réaction politique de la part de leurs détracteurs.
La députée Rola Tabch, du bloc du Mouvement du futur, s’est demandé: «Quelle est la position des autorités libanaises officielles sur cette question? Qu’est-ce que ce coma suspect? Nous nous sommes attendus à ce que les transgressions arrivent du sud, de l'ennemi, mais en réalité elle vient du nord, d'un pays frère».
Richard Kouyoumjian, ancien ministre et membre actif du bloc parlementaire des Forces libanaises, affirme que le «gouvernement et les ministères concernés sont tenus de maintenir une position souveraine et de réclamer des clarifications claires».
Il a par ailleurs appelé à «la reprise des négociations de démarcation dans le sud, la fin de la complicité syrienne et du pillage de notre argent et de nos richesses pétrolières».
Le leader druze Walid Joumblatt confie que le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a œuvré pendant 10 ans pour délimiter la frontière sud du pays, mais qu’il avait été surpris par «l’extinction de la démarcation» des frontières maritimes avec Israël.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com