GENÈVE: Comment rendre visibles les morts anonymes de la pandémie ? Un journaliste suisse a trouvé la réponse dans une boîte à musique, qui crée une mélodie au rythme du nombre de morts, jour après jour, depuis plus d'un an.
Pour Simon Huwiler, data-journaliste au sein du quotidien Tagesanzeiger, la boîte à musique semblait parfaite « parce que vous voyez ce que vous allez entendre », a-t-il expliqué.
Dans la vidéo qu'il a postée mardi sur Twitter et Youtube, une main invisible tourne la manivelle du modeste instrument mécanique.
Le titre de la musique apparaît d'abord: « A song of crowns and tears, written by Covid-19 and shu (les initiales de Simon Huwiler) » puis des messages expliquant que les perforations dans le papier correspondent aux morts du Covid.
Avec l'indication du « premier mort » commence la mélodie qui va ensuite pendant plusieurs minutes reproduire les hauts et les bas de la courbe des décès liés à la Covid, visible sur le papier à musique.
La vague du printemps montre une hausse de la mortalité: la mélodie s'emballe vers les aigus, avec un rythme plus soutenu, mais c'est surtout lors de la deuxième vague - beaucoup plus forte que la première en Suisse - que la musique devient stridente, marquant les pics de mortalité de l'automne.
I made a #covid19 #davaviz using a music box and a four meter long punch card. Thats the sound of the first and second wave in #Switzerland.
— Simon Huwiler (@simon_huwiler) March 30, 2021
?Full video: https://t.co/VrHizxsIhL#ddj #visualization #music #data #corona #crownsandtears pic.twitter.com/t1R0x6JfK0
Alors que l'épidémie n'est visible que dans des statistiques impersonnelles, Simon Huwiler voulait « faire une visualisation qui puisse émouvoir les gens », « montrer de manière sensible que les gens meurent » du Covid.
Il a alors pensé à une petite boîte à musique qu'il avait achetée en Chine, un instrument « innocent », utilisé « pour jouer de petites mélodies » pour enfants. Puis il a commencé à percer de trous dans le bandeau de papier.
Les trous ne correspondent pas scientifiquement aux chiffres exacts de la pandémie car il fallait tenir compte de la musicalité de l'ensemble, a indiqué M. Huwiler, mais ils en reproduisent les variations en une sorte d'interprétation artistique des statistiques.
La bande de papier perforée fait 4 m de long et l'ensemble a demandé à son auteur environ « un mois de travail ».
La pandémie a fait un peu moins de 10 000 morts dans le pays alpin, qui compte 8,6 millions d'habitants.