La visite à Alger, le 24 mars, de la conseillère fédérale Karin Keller Sutter, ministre suissesse de la Justice et de la Police, avait pour principal objectif d’arracher un accord pour le renvoi des 600 Algériens se trouvant en situation illégale sur le territoire helvétique.
Depuis plus d’une année, la Suisse peine à les renvoyer en raison de la fermeture des frontières et de la suspension des vols internationaux à cause de la pandémie de Covid-19. Est-il possible que la ministre de la Justice et de la Police puisse réussir là où son collègue, le conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du département fédéral des Affaires étrangères, a échoué ? Probablement.
En tout cas, c’est ce qui ressort de ses déclarations aux médias suisses, faites dès son retour à Berne. Dans un entretien à RTS (Radio Télévision suisse), elle affirme avoir eu «des entretiens avec les personnes-clés sur place (…), ce qui est important pour ce dossier. Moi-même j’ai été étonnée de constater un chef de département compétent en la matière sur place».
Et de préciser que ses interlocuteurs lui ont déclaré qu’ils étaient «prêts à reprendre» les citoyens algériens «une fois les frontières rouvertes», ajoutant : «Mais nous avons convenu de trouver des solutions. Ce qui est important, c’est de trouver des solutions pratiques malgré ces restrictions. Des réunions techniques doivent se poursuivre entre les deux Etats.»
Sur l’accord de réadmission signé entre l’Algérie et la Suisse en 2007, la ministre affirme qu’«en principe, il (accord) fonctionne», mais reconnaît qu’avant même la pandémie, la Suisse avait du mal à renvoyer en Algérie les demandeurs d’asile déboutés, les personnes arrivées illégalement ou celles qui ont perdu leur autorisation de séjour.
«C’est clair qu’il y avait des restrictions, comme par exemple n’accepter que les vols directs. C’est une piste que l’on peut discuter, d’accepter aussi les vols en transit, de partir de Paris par exemple, une possibilité tout à fait praticable.»
En ce qui concerne les vols spéciaux destinés aux récalcitrants, que les compagnies aériennes refusent de prendre sur leurs vols passagers, ainsi que l’exigence par l’Algérie d’une preuve de la nationalité avant tout renvoi, la ministre ne donne pas de réponse. «Je serais très tentée de tout vous dire, publiquement, mais si j’en parle trop, je mets peut-être le résultat en péril», affirme la ministre.
La ministre suisse avare de détails
Elle reste très avare sur les détails des négociations et surtout sur les points qui pourraient peser sur les échanges entre son pays et l’Algérie, notamment ceux liés au dossier d’anciens cadres du parti dissous, qui vivent sur le territoire helvétique, considérés par la justice algérienne comme des «hors-la-loi», à l’image de Mourad Dhina, visé par un mandat d’arrêt international pour «financement du terrorisme».
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