WASHINGTON: La conjoncture a été morose en février aux Etats-Unis, balayés par une vague d'intempéries, mais les économistes en sont sûrs: l'économie est bien sur les rails vers le rebond.
«Gel hivernal avant la floraison printanière», a résumé dans une métaphore Gregory Daco, chef économiste d'Oxford Economics.
Les dépenses de consommation des ménages, qui représentent plus des deux tiers de l'activité économique, ont ainsi diminué de 1% en février après un bond de 3,4% le mois précédent. Et cette baisse est supérieure aux attentes (-0,6%).
Mais elles devraient rebondir avec un optimisme grandissant dans le pays grâce à la vaccination accélérée et aux chèques du gouvernement versés à des millions d'Américains.
La confiance des consommateurs américains s'est nettement améliorée en mars, atteignant même son plus haut niveau depuis un an, selon l'enquête de l'Université du Michigan publiée vendredi.
Les chiffres de mars et avril devrait donc faire oublier le mauvais mois de février.
Le mois dernier, une vague de froid à travers le pays ainsi que les tempêtes de neige qui ont paralysé notamment le Texas a empêché de nombreuses personnes de sortir de chez eux, de manger au restaurant ou de se rendre dans les magasins.
Les revenus des ménages ont, eux, plongé de 7,1% après des niveaux anormalement élevés enregistrés en janvier lorsque le gouvernement avait distribué des chèques à des millions d'Américains.
Ces chèques de relance économique, allant jusqu'à 600 dollars par personne, avaient été actés dans le plan d'aide économique de 900 milliards de dollars approuvé, sous Donald Trump, par le Congrès à la fin de l'année dernière.
Ces mauvais chiffres, qui s'ajoutent aux ventes au détail en berne annoncées la semaine dernière, ne reflètent toutefois pas la tendance de fond.
«Revers temporaire»
«Le recul des revenus et des dépenses en février n'est qu'un revers temporaire», insiste Gregory Daco.
«Nous nous attendons à ce que la hausse du taux de vaccination combinée à l'arrivée de nouveaux chèques de relance (...) fournissent un puissant coup de pouce aux dépenses de consommation en mars», a-t-il souligné.
En moyenne 2,5 millions de personnes sont vaccinées quotidiennement aux Etats-Unis. Une majorité de la population va ainsi l'être d'ici le 4 juillet, jour de la fête nationale.
Le pays retrouve de la vitalité avec l'ouverture des restaurants, des cinémas, des salles de gym et des spas.
Le secteur du voyage frémit aussi grâce au tourisme intérieur en attendant les visiteurs internationaux.
Selon les calculs d'Oxford Economics, la fin du premier trimestre va être solide, ce qui «devrait porter la croissance des dépenses de consommation à 7,4%» et «la croissance du PIB à environ 8%» pour les trois premiers mois de l'année.
«Quels que soient les dégâts enregistrés en février, nous nous attendons à un solide rebond en mars et en avril», notamment parce que «le montant des nombreux chèques de relance sont aussi deux fois et demi plus importants que celui de décembre», à 1 400 dollars par personne, a abondé Ian Shepherdson, chef économiste chez Pantheon Macroeconomics.
Le Trésor a indiqué cette semaine que les services fiscaux avaient décaissé quelque 37 millions de paiements supplémentaires, portant le total des paiements versés dans le cadre de l'American Rescue Plan à environ 127 millions de paiements, d'une valeur totale de quelque 325 milliards de dollars.
Sur le front de l'inflation, surveillée comme le lait sur le feu par les marchés financiers, elle a légèrement accéléré sur un an en février, tirée notamment par la hausse du coût de l'essence, selon l'indice PCE, baromètre favori de la Fed pour observer l'augmentation des prix, publié également vendredi.
Sur le seul mois de février, l'augmentation des prix à la consommation a ralenti, à 0,2% quand les analystes tablaient sur +0,3% comme le mois dernier.
Mais sur un an, les prix ont augmenté de 1,6% contre 1,4% le mois d'avant, selon les chiffres du département du Commerce.
Les craintes que l'inflation ne s'emballe en raison des plans de relance et finisse par contrarier la croissance ont secoué Wall Street ces dernières semaines.
Mais Jerome Powell, président de la Banque centrale, a assuré que s'il y avait une hausse des prix à court terme, elle serait «temporaire».