ATHENES: "L'Ecole d'Athènes", tapisserie tissée d'après la célèbre fresque de Raphaël au Vatican, a été accrochée lundi au parlement grec, prêtée pour la première fois par la France à l'occasion du bicentenaire de l'indépendance de la Grèce, pays de Platon et d'Aristote qu'elle représente.
Dans l'enceinte de la Vouli, le parlement hellénique, philosophes et savants de l'Antiquité grecque rejoignent les députés de la Grèce moderne pour les "inspirer dans leurs débats", s'est exclamé le président du parlement Konstantinos Tasoulas, se félicitant de ce "retour à Athènes".
Au centre de la tapisserie réalisée par la manufacture des Gobelins entre 1779 et 1785, Platon, en vieillard barbu aux traits empruntés à Léonard de Vinci, est en train de débattre avec Aristote, plus jeune, qui porte sous son bras son "Ethique".
Mais ce sont aussi Epicure, Pythagore, Socrate, Ptolémée ou encore Héraclite, à qui Raphaël a donné les traits de Michel-Ange, qui ornent désormais les murs de l'édifice des représentants du peuple.
"Les députés grecs pourront prendre des décisions à la lumière de l'esprit des anciens philosophes (...) et mettre en oeuvre, ici au parlement, ce que Platon pensait être le meilleur moyen de gouverner", a ajouté M. Tasoulas.
"A exactement trois jours du bicentenaire du début de la révolution (grecque) de 1821, le parlement accueille l'oeuvre d'art la plus diplomatique et artistique qui lui ait jamais été offerte", a déclaré le président de la Vouli, peu après l'accrochage de la tapisserie.
Cette majestueuse tenture de laine et de soie est prêtée à la Grèce, pour cinq mois à un an, par l'Assemblée nationale française, à l'occasion des festivités du 200e anniversaire de l'Indépendance grecque de l'Empire ottoman.
Les fresques, peintes entre 1508 et 1511 par le peintre italien Raphaël dans l'appartement du pape Jules II, ont été d'abord copiées à la fin du XVIIe siècle sur des cartons et des toiles par l'Académie de France à Rome, créée par Louis XIV, puis transposées en huit tapisseries par la manufacture des Gobelins.
La plus illustre, "L'Ecole d'Athènes" a donné lieu à deux tissages, tous deux exposés depuis 30 ans à Paris: l'un est toujours suspendu à l'Assemblée nationale, au dessus du perchoir (l'emplacement du président de l'assemblée), le second jusqu'ici à l'hôtel de Lassay, la résidence du président, a fait le voyage jusqu'à Athènes.
Attachement à la démocratie grecque
Cette tapisserie "signifie tout l'attachement que nous avons pour la démocratie, elle rappelle ce que toutes les démocraties occidentales doivent à la démocratie grecque", a souligné Patrick Maisonnave, l'ambassadeur de France en Grèce.
"Il est bon de rappeler que ces valeurs nées ici en Grèce doivent continuer à irriguer la démocratie demain", a-t-il souligné, se félicitant que "L'Ecole d'Athènes soit présente, au même moment, à l'Assemblée nationale française et au coeur même de la Vouli".
Avec ce prêt à l'initiative du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, et du directeur du Mobilier national, Hervé Lemoine, c'est la première fois que la tapisserie "quitte la France et qu'elle vient en Grèce", a déclaré à l'AFP Gérald Rémy, conservateur du patrimoine et inspecteur des collections au Mobilier national.
Elle sera montrée aux Athéniens dans le cadre d'une exposition consacrée aux Philhellènes - ces combattants étrangers qui ont participé à la guerre d'indépendance de la Grèce - à la Vouli à partir du 19 avril.
Thododris Koutsogiannis, commissaire de l'exposition, s'est dit "très heureux et fier" de voir cette "oeuvre monumentale", dont le prêt illustre "les liens étroits entre nos deux pays" au côté d'autres oeuvres maîtresses célébrant "la libération grecque".
La Grèce fête jeudi le bicentenaire de son indépendance de l'empire ottoman. Invité, le président français Emmanuel Macron ne pourra finalement pas faire le déplacement en raison de la situation sanitaire en France, mais la ministre des Armées Florence Parly le représentera.