«Système d'espionnage»: le procès d'Ikea France s'est ouvert à Versailles

Seize personnes physiques sont également jugées, dont des directeurs de magasins, des fonctionnaires de police mais aussi d'anciens dirigeants (Photo, AFP).
Seize personnes physiques sont également jugées, dont des directeurs de magasins, des fonctionnaires de police mais aussi d'anciens dirigeants (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 22 mars 2021

«Système d'espionnage»: le procès d'Ikea France s'est ouvert à Versailles

  • Dans cette affaire dite d'espionnage, la filiale d’Ikea encourt jusqu'à 3,75 millions euros d’amende
  • «C'est un procès qui doit être exemplaire», a déclaré Adel Amara, ex-délégué du syndicat Force ouvrière (FO) du magasin d'Ikea à Franconville (région parisienne)

VERSAILLES: Le procès d'anciens dirigeants d'Ikea France, mais aussi des policiers et le patron d'une société privée de surveillance, accusés d'avoir espionné des salariés de la filiale française du géant suédois de l'ameublement, s'est ouvert lundi matin devant la justice française.

Dans cette affaire dite d'espionnage, la filiale du géant de l'ameublement suédois, poursuivie comme personne morale et représentée légalement par sa directrice générale et financière Karine Havas, encourt jusqu'à 3,75 millions euros d’amende.

Quinze personnes physiques sont également jugées, dont des directeurs de magasins, des fonctionnaires de police mais aussi d'anciens dirigeants, tels que l'ex-PDG Stefan Vanoverbeke (2010-2015) et son prédécesseur Jean-Louis Baillot.

Les deux hommes, présents à l'ouverture du procès devant un tribunal de Versailles (région parisienne), se sont refusés à tout commentaire devant de la presse.

« C'est un procès qui doit être exemplaire », a déclaré Adel Amara, ex-délégué du syndicat Force ouvrière (FO) du magasin d'Ikea à Franconville (région parisienne), en amont de l'audience.

« On est là aujourd'hui pour démontrer qu'il y a ce type de manœuvres dans les entreprises qui fliquent les organisations syndicales et surtout les salariés », a abondé Amar Lagha, secrétaire général du syndicat CGT commerce et service.

Révélée par l'hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné et le site d'information Mediapart en 2012, l'affaire instruite après une plainte d'un syndicat avait ébranlé Ikea France, contrainte de licencier quatre hauts responsables.

L'instruction a ainsi dévoilé, selon les termes du parquet de Versailles, un « système d'espionnage » d'employés mais aussi de candidats à l'embauche, s'étendant sur l'ensemble du pays, d'Avignon (sud-est) à Reims (nord-est), en passant par l'Ile-de-France (région parisienne).

Selon l'accusation, plusieurs centaines de personnes, dont des syndicalistes, ont ainsi été passées au crible, leurs antécédents judiciaires ou leur train de vie scrupuleusement examinés. 74 parties civiles se sont ainsi constituées.

Mais pour certains avocats de la défense, l'enquête contient de nombreuses faiblesses. Me Olivier Baratelli, conseil de l'ancienne directrice des ressources humaines Claire Héry, a indiqué qu'il plaiderait la nullité du dossier, dénonçant une « fable montée de toutes pièces par des syndicats ».

Dans ce procès qui doit durer jusqu'au 2 avril, les prévenus auront notamment à répondre des chefs de collecte et divulgation illicite d'informations personnelles, violation du secret professionnel ou encore de recel de ces délits, ce qui expose certains d'entre eux à une peine maximale de dix ans d'emprisonnement.

Listes de personnes à tester

Si les prévenus comparaissent pour des faits couvrant la période 2009-2012, ces pratiques remontaient au début des années 2000 selon l'accusation.

Au cœur de ce « système », Jean-François Paris, ex-directeur de la gestion des risques d'Ikea France, présent à l'audience lundi matin.

D'après l'instruction, Paris envoyait des listes de personnes « à tester » à des sociétés d'investigation privées auxquelles la filiale allouait un budget de 30 000 à 600 000 euros par an.

Ces listes, que l'ex-responsable assure avoir reçues de directeurs de magasins, étaient notamment adressées à Jean-Pierre Foures, dirigeant de la société en « conseil des affaires » Eirpace.

Jean-Pierre Foures est notamment accusé d'avoir eu recours, par l'entremise de policiers, au STIC (système de traitement des infractions constatées, un fichier de police informatisé), leur permettant d'accéder à des données confidentielles.

Les quatre fonctionnaires de police impliqués ont tous assuré lors de l'enquête n'avoir reçu aucune contrepartie financière. L'avocat de l'un d'entre eux, Me Hervé Lehman, a évoqué une simple « imprudence ».

Devant les enquêteurs, Paris s'est défendu d'avoir « fliqué » les personnels de l'entreprise, en assurant avoir suivi une consigne généralisée de Jean-Louis Baillot, des affirmations que l'ancien directeur conteste.

Balayant les accusations « d'espionnage », le conseil d'Ikea France, Me Emmanuel Daoud, a plutôt évoqué « des faiblesses organisationnelles » de l'entreprise.

En amont de l'audience, il a tenu à souligner la mise en place d'un « plan d'action » adopté par l'entreprise après la révélation des faits en 2012, comprenant notamment « une refonte totale du processus de recrutement à l'ouverture de nouveaux magasins ».


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.