Art, mode, gastronomie, la France accompagne l'entreprenariat des diasporas

"Aujourd’hui, les Français issus des diasporas attachent une grande importance à l’univers du digital et à toutes les formes innovantes que prend ce dernier", affirme Pedro Novo.
"Aujourd’hui, les Français issus des diasporas attachent une grande importance à l’univers du digital et à toutes les formes innovantes que prend ce dernier", affirme Pedro Novo.
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Publié le Jeudi 11 mars 2021

Art, mode, gastronomie, la France accompagne l'entreprenariat des diasporas

  • La France s’engage à accompagner l’entrepreneuriat des diasporas
  • L'enjeu, tant pour les entreprises françaises en Afrique que pour les entreprises africaines en France, c'est de pouvoir évoluer vers l'émergence de partenariats fructueux et durables, affirme Novo

PARIS : Créé en 2017 par le président de la République, Emmanuel Macron, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) rassemble des personnalités venues de France et d’Afrique. Il s’engage à développer un lien permanent avec les représentants des diasporas africaines en France œuvrant dans l’entrepreneuriat et le développement de la coopération entre la France et l’Afrique. Le CPA a lancé avec d’autres partenaires (l’Agence française de développement, Bpifrance, Expertise France et Business France), un Tour de France de l’entrepreneuriat des diasporas et de la diversité. L’événement a permis aux participants d’identifier les besoins, les attentes et les enjeux des diasporas africaines en France.

Pedro Novo, directeur exécutif Export à Bpifrance, répond aux questions d’Arab News en français sur les solutions proposées pour accompagner les entrepreneurs français issus de l’immigration. Il revient également sur les dispositifs inédits Meet Africa, Pass Africa, mis en place pour renforcer le lien humain entre la France et l’Afrique, et relate la mise en œuvre d’une dynamique nouvelle dans les relations de partenariats entre la France et l’Afrique.

Quelles solutions ont été proposées lors du Tour de France de l’entrepreneuriat des diasporas et de la diversité pour encourager les Français issus de l'immigration dans l'entrepreneuriat France-Afrique?

Chaque projet d’entrepreneuriat est singulier par sa taille, sa structuration ou encore son fondateur. Néanmoins, «seul on va vite, mais ensemble on va plus loin». C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’événement du Conseil présidentiel pour l’Afrique qui permet d’entrevoir des solutions d’accompagnement pour les entrepreneurs français issus de l’immigration. Ces solutions doivent être analysées comme des accélérateurs dans ce qui constitue le terrain de jeu hétéroclite entre la France et l’Afrique.

La table ronde a fait naturellement émerger différents types de solutions proposées par différents partenaires, dont Bpifrance. Plus précisément, sept solutions complémentaires ont été avancées pour encourager l’entrepreneuriat de la diaspora en France et en Afrique. Ces solutions, que nous appelons un «continuum», aux maturités différentes, répondent à deux problématiques principales: l’accès à l’information et le financement.

Le Pass Africa de Bpifrance, par exemple, permet la création d’un parcours unique dédié aux entrepreneurs pour l’Afrique disposant de ce label, pour accélérer leur croissance et la création de la communauté du Pass Africa au sein d’Euroquity, qui offre un service digital de networking et de partenariats dédié. Une autre solution avancée concerne le renforcement du programme Meet Africa qui vise à promouvoir et accompagner la création d’entreprises en Afrique par la diaspora africaine formée en France et en Allemagne. Le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) a également annoncé le développement d’une application web sur son site consacré à l’entrepreneuriat des diasporas.

En ce qui concerne plus spécifiquement Bpifrance, nous mettons en place dans le cadre de notre initiative Entrepreneuriat pour tous un programme de valorisation des diasporas dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV). Également sur la thématique de l’accompagnement, on peut citer le dispositif Talents en Commun qui encourage la mise à disposition d’experts et de cadres au service d’entrepreneurs ou de projets en lien avec l’Afrique. Enfin, la septième solution est le chèque relance des VIE [Volontariat international en entreprise] pour la mobilité des jeunes en Afrique.

Que sont les dispositifs inédits Pass Africa et Meet Africa? Quels sont leurs objectifs?

Le Pass Africa, crée par Bpifrance en 2021 est un parcours simplifié, dédié aux entrepreneurs pour l’Afrique comprenant trois éléments clés: un accès unique, prioritaire et accéléré aux différents domaines d’expertise de Bpifrance – investissement, accompagnement, financement, assurance, garantie et innovation – , un suivi privilégié et coordonné, avec des contacts réguliers avec nos collaborateurs et enfin une communauté forte et engagée promouvant notamment des opportunités de networking.

Il s’agit d’un dispositif s’appuyant largement sur le réseau national de directions régionales de Bpifrance qui permet ainsi de faciliter des relations de proximité avec une promotion de 20 entrepreneurs ayant un intérêt pour l’Afrique. Quant au dispositif Meet Africa, créé par l’AFD et Expertise Finance, il s’agit d’un programme de trois ans spécifique à six pays:  Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Maroc, Sénégal et Tunisie.

Enfin, les objectifs de ces deux dispositifs consistent à favoriser la création de richesses et d’emploi notamment via une plate-forme euro-africaine de services accessibles aux diasporas. Ce programme entend également financer des projets et apporter un accompagnement technique sur le développement des entreprises.

Quels sont les secteurs d'activités qui suscitent l'intérêt des Français issus des diasporas?

Sans vouloir dresser une liste exhaustive, on peut aisément dire que les industries créatives, le digital et le développement durable sont les grandes thématiques retenant l’attention de ces Français.

De l’art à la mode en passant par la gastronomie, nombreux sont les projets en lien avec ces secteurs fortement encouragés par les Français issus de la diaspora. Ces derniers apprécient tout particulièrement les diverses manifestations culturelles mettant en avant leur double héritage.

La rapide montée en puissance des technologies de l’information et la communication (TIC) a largement accéléré les flux d’informations. Aujourd’hui, les Français issus des diasporas attachent une grande importance à l’univers du digital et à toutes les formes innovantes que prend ce dernier. Parallèlement, le désir de mettre le développement durable au cœur des modèles économiques est fort. Manifestement, l’écologie, l’éducation et la santé tiennent une place importante au sein des débats.

Impulsée depuis quelques années, la coopération Afrique-France est-elle appelée à se développer dans les prochaines années? Si oui, quels sont les projets et les perspectives d’avenir?

Depuis son élection et le discours de Ouagadougou, le président Emmanuel Macron a défini de nouvelles ambitions pour la France en Afrique. Une évolution basée sur un partenariat ambitieux et renouvelé, en prise avec les nouvelles réalités sociales, environnementales et économiques du continent.

Dans le cadre de ce nouveau partenariat, la participation du secteur privé est essentielle. La dimension économique joue un rôle très important, dans la mesure où elle est efficace pour porter ce changement de paradigme. C'est ce qui guide l'ensemble de la nouvelle stratégie mise en œuvre par les acteurs institutionnels français impliqués, comme c'est le cas pour Bpifrance pour ce qui est du renforcement du partenariat entre entreprises africaines et françaises.  

L'enjeu, tant pour les entreprises françaises en Afrique que pour les entreprises africaines en France, c'est de pouvoir évoluer vers l'émergence de partenariats fructueux et durables. Le désir d’un destin commun est fort, il nous faut réunir les conditions et les moyens pour qu’il puisse se réaliser.

Plus concrètement, comment se traduit cette volonté de fructifier cette coopération?

Pour avancer en ce sens, nous déployons une ingénierie pour réunir les entrepreneurs des deux continents autour de projets communs et des priorités des entrepreneurs africains. Cette capacité à coopérer s’illustre notamment dans l’Afrique de l’Ouest francophone, culturellement plus proche, mais aussi en Afrique de l’Est et Centrale.

Cependant, être capable de faire la mise en relation, c’est déjà formidable, mais cela ne suffit pas. Il faut également du carburant financier pour permettre que les entreprises africaines et françaises se projettent dans des ambitions d’investissement significatives. C’est notre ambition à Bpifrance.

Pour cela, nous disposons de nombreux outils que nous comptons rendre plus visibles, plus simples, plus digitaux, donc plus rapides dans l’exécution, notamment sur les sujets du financement international.

Bpifrance est aujourd’hui la banque française du commerce extérieur 4.0, mais aussi la Banque française des entrepreneurs pour l’Afrique. Notre objectif est de mettre le continent à la portée de nos entreprises et symétriquement, de placer les entreprises africaines en capacité de coopérer plus avec des entreprises françaises. Ce sont les racines d’un nouveau récit entrepreneurial entre l’Afrique et la France. Il se passe quelque chose, il faut saisir ce momentum.


Le dessalement à grande échelle: Veolia, moteur d’innovation au Moyen-Orient

Le système modulaire breveté Barrel à l'usine de dessalement Sur à Oman. (Photo: Arab News)
Le système modulaire breveté Barrel à l'usine de dessalement Sur à Oman. (Photo: Arab News)
L'usine de dessalement de Sur est équipée des dernières avancées en technologies d’osmose inverse. (Photo: Arab News)
L'usine de dessalement de Sur est équipée des dernières avancées en technologies d’osmose inverse. (Photo: Arab News)
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  • Le dessalement n’est plus une solution de dernier recours, mais un pilier essentiel de la résilience
  • Veolia, leader mondial des technologies de l'eau, est au cœur de cette évolution

MASCATE: Dans un monde où le stress hydrique devient de plus en plus prégnant, le dessalement n’est plus une solution de dernier recours, mais un pilier essentiel de la résilience. Au cœur de cette évolution, Veolia, leader mondial des technologies de l'eau, non seulement étend son influence à travers le Golfe, mais fait également de cette région le centre névralgique de son innovation.

«Les pays du Golfe, et en particulier Oman, sont désormais notre centre mondial d'innovation en dessalement», a affirmé Estelle Brachlianoff, PDG de Veolia. «Ce que nous construisons ici représente l'excellence mondiale, soutenue par une constante évolution technologique.»

Un leader mondial en pleine expansion

Veolia contrôle actuellement 18% de la capacité installée de dessalement dans le monde, exploitant plus de 2 300 sites dans 108 pays. Son prochain grand objectif stratégique: doubler sa capacité opérationnelle, passant de 1,4 à 2,8 milliards de mètres cubes par an d’ici 2030, consolidant ainsi sa position sur un marché qui devrait dépasser les 40 000 millions de litres par jour (MLD) d’ici la fin de la décennie.

Les récentes victoires illustrent une dynamique de croissance forte: des projets comme Hassyan et Mirfa 2 aux Émirats arabes unis (2023-2024), ainsi qu’une grande installation à venir à Rabat, au Maroc. En Arabie saoudite, où les projets dépassent souvent les 500 à 600 MLD, Veolia soutient la transition vers le dessalement par membranes avec des solutions sur mesure adaptées aux échelles et aux objectifs à long terme. À travers ces mégaprojets, Veolia met en avant des technologies de pointe telles que le système modulaire breveté Barrel™, des usines alimentées par énergie solaire, et des systèmes de membranes optimisés par intelligence artificielle.

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L’usine Barka IV est la plus grande installation de dessalement d’eau de mer d’Oman et contribue à la Vision 2040 du sultanat. (Photo: Arab News)

Démystification des anciennes idées reçues sur le dessalement

Le succès de Veolia ne réside pas uniquement dans les capacités produites, mais dans la réécriture des règles du dessalement. Comme le dit Brachlianoff: «Tous les vieux mythes sur le dessalement, nous les avons brisés un par un.»

  1. Ce n'est plus énergivore: la consommation d'énergie a diminué de plus de 85% depuis le début des années 2000, grâce à des membranes de nouvelle génération et à une récupération intelligente de l'énergie.
  2. C'est plus abordable: autrefois, l'eau dessalée coûtait 5 $ par mètre cube, elle peut désormais être produite pour moins de 0,50 $, la rendant accessible même aux municipalités et industries de taille moyenne.
  3. Ce n'est pas seulement pour les villes: les solutions de Veolia servent désormais également les raffineries, les mines et même les centres de données.
  4. C'est plus propre et plus vert: de l’intégration solaire à Sur au contrôle avancé de la décharge de saumure, de nouvelles normes sont mises en place pour la gestion marine et environnementale.
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Conférence sur le dessalement avec Estelle Brachlianoff, PDG de Veolia et des experts de Veolia à Oman. (Photo : Arab News)

Oman, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis: la construction du modèle

Les initiatives de Veolia à Oman s’inscrivent dans les objectifs définis par la Vision 2040 du pays.

«Nous contribuons directement à l'objectif d'atteindre 30% d'énergie renouvelable dans le mix national», a déclaré Erwan Rouxel, PDG de Veolia Oman. Une centrale solaire alimente plus d’un tiers des besoins énergétiques de l'usine de dessalement de Sur, et des initiatives en cours de conversion de gaz de décharge en énergie soutiennent la décarbonisation générale.

Oman est également un terrain d'expérimentation pour le développement de la main-d'œuvre: 75% du personnel de Veolia Oman est constitué de nationaux. «Nos efforts d’omanisation sont cruciaux, non seulement pour la continuité des affaires, mais aussi pour créer une valeur partagée avec les communautés que nous servons», a ajouté Rouxel.

En Arabie saoudite, l'entreprise profite d’une vague de transformation. «Le pays passe du dessalement thermique au dessalement basé sur des membranes, en particulier l'osmose inverse», a expliqué Adrien de Saint Germain, PDG de la zone Technologies de l'eau chez Veolia. «Et ce ne sont pas des petits projets – certains font 500 à 600 MLD. Ce qui compte maintenant, c'est comment nous optimisons tout l'environnement autour des membranes», ajoute-t-il.

Le rôle de Veolia va au-delà de l’exécution technique. En proposant des ajustements de conception qui réduisent les coûts sans compromettre la qualité, l'entreprise a établi une relation de confiance à long terme avec ses clients du Golfe. «Ce qui rend les projets saoudiens uniques, c’est leur horizon sur plusieurs années et leur échelle. Nous pouvons planifier de manière stratégique et livrer de façon cohérente», a expliqué de Saint Germain.


L'Arabie saoudite progresse dans l'indice mondial 2025 de la propriété intellectuelle

Ces progrès sont le résultat d'une transformation complète de l'écosystème national de la propriété intellectuelle, avec notamment le renforcement des cadres juridiques et des mécanismes d'application. (Photo Fournie)
Ces progrès sont le résultat d'une transformation complète de l'écosystème national de la propriété intellectuelle, avec notamment le renforcement des cadres juridiques et des mécanismes d'application. (Photo Fournie)
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  • L'Arabie saoudite a réalisé des progrès notables dans l'indice mondial de la propriété intellectuelle 2025, avec un score en hausse de 17,5 %.
  • Ce qui la positionne parmi les économies qui progressent le plus rapidement parmi les 55 pays évalués.

RIYAD : L'Arabie saoudite a réalisé des progrès notables dans l'indice mondial de la propriété intellectuelle 2025, avec un score en hausse de 17,5 %, ce qui la positionne parmi les économies qui progressent le plus rapidement parmi les 55 pays évalués.

Selon la 13 e édition de l'indice, publiée par la Chambre de commerce des États-Unis, le Royaume se classe désormais au 40^e rang mondial, reflétant les réformes importantes menées dans le cadre de sa stratégie Vision 2030. Ces réformes visent à renforcer la protection de la propriété intellectuelle, à encourager l'innovation et à soutenir la croissance d'une économie basée sur la connaissance.

Depuis 2019, le score global de l'Arabie saoudite est passé de 36,6 % à 53,7 %, marquant une amélioration cumulée de plus de 40 % en seulement six ans.

Ces progrès découlent d'une transformation complète de l'écosystème de la propriété intellectuelle du pays, avec notamment le renforcement des cadres juridiques et des mécanismes d'application. 

Parmi les principales étapes notées dans le rapport, figurent l'extension de la protection des dessins et modèles de 10 à 15 ans, la création d'un bureau des poursuites spécialisé dans les affaires de propriété intellectuelle, ainsi que le lancement d'outils avancés d'application en ligne pour les droits d'auteur et les marques.

Ces développements soulignent la capacité institutionnelle croissante de l'Arabie saoudite et la modernisation réglementaire en cours, sous l'égide de l'Autorité saoudienne pour la propriété intellectuelle.

Le rapport a également mis en évidence des avancées significatives dans les initiatives de sensibilisation du public, la collaboration entre les agences et l'adhésion de l'Arabie saoudite à des traités internationaux clés en matière de propriété intellectuelle. Ces avancées ont permis d'aligner le cadre de la propriété intellectuelle du Royaume sur les normes mondiales. 

L'Arabie saoudite a notamment obtenu de meilleurs résultats en ce qui concerne l'application des droits, la participation aux traités internationaux et l'efficacité de son système d'application des droits d'auteur. Ces avancées renforcent l'ambition du royaume de devenir un centre régional et mondial d'innovation et de créativité.

En favorisant un environnement plus transparent et fiable en matière de propriété intellectuelle, l'Arabie saoudite attire davantage d'investissements étrangers tout en permettant aux entrepreneurs locaux de développer des idées, des produits et des technologies innovants. 

La Chambre de commerce des États-Unis a salué les efforts institutionnalisant les droits de propriété intellectuelle déployés par le Royaume, faisant de l'Arabie saoudite un modèle pour les marchés émergents.

Dans le même temps, les Émirats arabes unis ont également obtenu d'excellents résultats dans l'indice 2025, se classant au 26^e rang mondial avec un score global de 60,66 %. Les Émirats arabes unis ont été félicités pour la solidité de leurs protections en matière de brevets et de marques, pour l'application cohérente de la législation et pour leur engagement résolu en faveur de la transformation numérique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Algérie, Arabie saoudite : une dynamique de coopération globale en plein essor

Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
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  • La relation entre l’Algérie et l’Arabie saoudite connaît une avancée remarquable, portée par une vision commune en matière de développement, d’intégration régionale et de stabilité.
  • Ces dernières années, Alger et Riyad ont multiplié les cadres de dialogue économique, sécuritaire et diplomatique, explorant de nouveaux leviers de coopération.

RIYAD : Une délégation d’hommes d’affaires saoudiens a rencontré dimanche ses homologues algériens en vue de promouvoir et de dynamiser les relations économiques entre deux pays influents sur la scène régionale arabe, africaine et internationale à l’hôtel Sheraton dans la capitale algérienne.

Organisé par la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), cet événement cherche à explorer les opportunités de partenariat et d’investissement, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’agriculture, du tourisme et du bâtiment. 

Abdullah Bin Nasser Al Bussairy, l’ambassadeur du Royaume d’Arabie saoudite en Algérie, a évoqué les relations économiques bilatérales « profondes et enracinées » entre les deux pays. Il a également invité les hommes d’affaires saoudiens à profiter des opportunités d’investissement qu’offre l’Algérie, notamment grâce aux nouvelles mesures favorisant l'investissement. 

Selon le diplomate saoudien, la valeur des échanges commerciaux entre les deux pays, qui s'élève à environ un milliard de dollars, « ne reflète pas le niveau des relations bilatérales solides ». 

Relations bilatérales

La relation entre l’Algérie et l’Arabie saoudite connaît une avancée remarquable, portée par une vision commune en matière de développement, d’intégration régionale et de stabilité. Des échanges réguliers, des projets concrets et une volonté politique affirmée contribuent à faire de ce partenariat l’un des plus solides et prometteurs de la région arabe et africaine.

Ces dernières années, Alger et Riyad ont multiplié les cadres de dialogue économique, sécuritaire et diplomatique, explorant de nouveaux leviers de coopération dans les domaines de l’énergie, de l’agro-industrie, de la finance, des infrastructures et de la logistique, mais aussi, de manière croissante, dans les technologies de pointe.

Une montée en puissance de la coopération technologique et entrepreneuriale

L’Algérie marque désormais une présence affirmée dans les grands rendez-vous économiques régionaux, témoignant ainsi d'une montée en puissance de sa coopération technologique et entrepreneuriale. En mars dernier, le pavillon national algérien lors du salon LEAP 2025 à Riyad, l’un des plus grands salons mondiaux consacrés à la technologie et à l’innovation, témoigne de cette ambition partagée.

Des startups, des incubateurs, des agences publiques et des entreprises technologiques algériennes y ont présenté des solutions concrètes dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, de la santé numérique, des GreenTech et des plateformes de services intelligents. Cette participation, saluée par les milieux d’affaires régionaux, a confirmé le potentiel de créations de synergies bilatérales dans l’écosystème numérique.

L’Algérie et l’Arabie saoudite affichent une volonté claire de renforcer leurs échanges dans les domaines de la technologie, des industries créatives et de l’innovation entrepreneuriale, en favorisant les liens directs entre jeunes entreprises, institutions d’appui et fonds d’investissement.

Un carrefour stratégique entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique

La coopération économique entre l’Algérie et l’Arabie saoudite s’inscrit dans une vision géo-économique partagée, fondée sur la complémentarité et l'accès aux marchés régionaux. Grâce à sa position centrale sur la Méditerranée, à son ouverture naturelle vers le Sahel et l’Afrique subsaharienne, ainsi qu'à ses infrastructures logistiques en pleine modernisation, l’Algérie se positionne comme un carrefour régional incontournable, au carrefour des flux commerciaux entre l’Europe, le monde arabe et le continent africain.

Les investissements saoudiens, déjà présents dans des secteurs comme l’agriculture, l’énergie et la finance islamique, bénéficient désormais d’un environnement propice à l’élargissement de leur portée. Les zones industrielles intégrées, comme celle de Tamanrasset, conçues pour jouer un rôle de plateforme vers le Niger, le Mali ou encore le Nigeria, offrent de nouvelles perspectives d’implantation pour les chaînes de valeur saoudiennes.

Les pôles logistiques du Sud, notamment ceux d’Adrar et d’In Guezzam, s’insèrent dans un vaste projet de corridors transsahariens favorisant l’exportation depuis l’Algérie vers l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

Ce potentiel est renforcé par l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), à laquelle l’Algérie a pleinement adhéré. Dans ce cadre, les produits saoudiens fabriqués ou assemblés en Algérie peuvent accéder à plus de quarante marchés africains sans droits de douane, représentant un bassin de consommation de plus de 1,4 milliard d’habitants.

Ce statut d’accès préférentiel place l’Algérie en position de levier stratégique pour les entreprises saoudiennes désireuses d’investir sur le long terme sur le continent africain, tout en sécurisant leur chaîne logistique à proximité du Golfe et de l’Europe.

Selon les dernières estimations de la Banque mondiale, l’économie africaine dans son ensemble devrait enregistrer une croissance moyenne de 3,8 % en 2025, portée par la demande énergétique, les transitions numériques et l’urbanisation rapide.

L’Algérie, de son côté, pourrait atteindre une croissance du PIB non pétrolier de 4 à 5 % par an d’ici 2027, en accélérant sa diversification économique et ses réformes structurelles. Dans cette dynamique, la coopération algéro-saoudienne constitue une opportunité concrète d’industrialisation partagée, de montée en gamme technologique et d’intégration régionale durable.

Ainsi, en unissant leurs forces autour de projets structurants, l’Algérie et l’Arabie saoudite créent les conditions d’un partenariat Sud-Sud solide, fondé sur la transformation locale, l’exportation continentale et la souveraineté économique.

Convergence diplomatique et coopération sécuritaire

La relation algéro-saoudienne repose également sur une solide convergence diplomatique et une vision sécuritaire commune, fondée sur le respect mutuel, la non-ingérence et la promotion de la stabilité régionale.

Les nombreuses consultations de haut niveau entre ministères des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que les gestes politiques forts, en sont la preuve. Le chef d’état-major saoudien a ainsi pris part à la célébration du 1^(er) novembre 2024 à Alger, témoignant de la reconnaissance de l’histoire de l’Algérie et marquant un geste fort de fraternité militaire entre les deux pays.

Sur les questions régionales, Alger et Riyad partagent une vision stratégique similaire des enjeux de sécurité en Afrique du Nord, au Sahel, en Libye et au Soudan. Ils soutiennent des solutions fondées sur les processus politiques, la souveraineté des États et la coopération régionale inclusive, et s'opposent aux logiques de confrontation ou d'hégémonie.

Vers un partenariat global et structurant

La dynamique algéro-saoudienne s’inscrit désormais dans une perspective à long terme, où l’économie, la sécurité et la diplomatie s’articulent autour d’un objectif commun : favoriser un développement durable, souverain et pacifique dans un environnement régional en pleine mutation.

L’Algérie, acteur stabilisateur reconnu, et l’Arabie saoudite, puissance de transformation au sein du monde arabe et musulman, œuvrent de concert pour établir un partenariat équilibré, fondé sur la complémentarité, l’innovation et la confiance mutuelle.

L’Algérie et l’Arabie saoudite avancent aujourd’hui avec détermination sur une trajectoire commune, fondée sur la confiance, la complémentarité et la vision.

Depuis Alger jusqu'à Riyad, c'est une même ambition qui se dessine, celle de bâtir un avenir plus prospère, plus sûr et plus solidaire, au service de leurs peuples et de la stabilité régionale.