Un grand mémorial aux Américains morts de la Covid, une idée qui monte

Des photos des victimes de la Covid sont projetées sur le Brooklyn bridge à New York, le 20 mars (Photo, AFP).
Des photos des victimes de la Covid sont projetées sur le Brooklyn bridge à New York, le 20 mars (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 21 mars 2021

Un grand mémorial aux Américains morts de la Covid, une idée qui monte

  • Les appels en ce sens se multiplient, réclamant un grand lieu de pèlerinage pour le pays officiellement le plus endeuillé au monde par la pandémie, avec plus de 540 000 morts
  • Minutes de silence, drapeaux en berne et lieux de recueillement, souvent éphémères, ont fleuri un peu partout

NEW YORK: Les Etats-Unis auront-ils bientôt leur monument national aux victimes du Covid-19? Les appels en ce sens se multiplient, réclamant un grand lieu de pèlerinage pour le pays officiellement le plus endeuillé au monde par la pandémie, avec plus de 540 000 morts. 

Depuis que Joe Biden a remplacé Donald Trump à la Maison Blanche fin janvier, et que le pays a entamé sa deuxième année de pandémie, les cérémonies officielles - essentiellement virtuelles - se multiplient.

Minutes de silence, drapeaux en berne et lieux de recueillement, souvent éphémères, ont fleuri un peu partout : 20 000 drapeaux plantés sur l'immense esplanade du « Mall » à Washington en septembre dernier - en hommage aux 200 000 morts américains recensés alors, 30 000 rubans récemment accrochés par une résidente de Floride pour chaque mort de cet Etat, fresques rendant hommage aux soignants... La pandémie a depuis des mois ses marqueurs dans le paysage. 

Maintenant que la campagne de vaccination bat son plein, que les Etats-Unis espèrent voir le bout du tunnel, les appels à des lieux de mémoire permanents s'intensifient.

« Dure vérité »

« Nous militons pour un monument permanent sur le Mall à Washington (...) et des monuments (locaux) dans tout le pays », a indiqué Kristin Urquiza, co-fondatrice de l'association « Marked by Covid », lancée peu après la mort de son père du coronavirus en juin 2020.

« Il est impossible d'exagérer l'aspect tragique de cette période pour les Etats-Unis », dit-elle. « On s'attend désormais à perdre plus de gens que durant la Guerre de Sécession », le plus sanglant des conflits américains avec un bilan estimé, au bas mot, à 620 000 morts.

Pour cette femme qui avait témoigné sur la mort de son père trumpiste à la convention démocrate d'août 2020, ériger des monuments, comme décréter un jour férié national dédié aux morts du virus, est essentiel pour « le processus de cicatrisation » collectif et pour « transmettre aux générations futures la dure vérité sur ce qui s'est passé, et pourquoi ».

«Il faudra me forcer»: aux Etats-Unis, de nombreux républicains anti-vaccin

Le centre de vaccination anti-Covid de Martinsburg, en Virginie Occidentale, est si près de chez Todd Engle qu'il pourrait presque le toucher depuis son jardin. Mais comme de nombreux républicains aux Etats-Unis, pas question qu'il y mette les pieds.

« Ils devront me mettre en prison », assure cet homme de 58 ans, casquette camouflage vissée sur la tête, assis sur son porche. « Je n'ai vraiment pas confiance. »

Les réticences à se faire vacciner sont très souvent liées à un manque de confiance, mais aux Etats-Unis, encore en proie aux divisions extrêmes qui ont marqué la campagne pour l'élection présidentielle lors de laquelle Donald Trump a été accusé de minimiser la pandémie, la question est aussi politique.

« C'est la méfiance habituelle, puissance mille », analyse Neil Johnson, professeur à l'université George Washington.

Il y voit une combinaison de facteurs : la conviction que les médias ont exagéré la pandémie pour nuire à l'ex-président républicain, une résistance de longue date aux vaccins et une méfiance à l'égard du gouvernement.

A échelle nationale, 41% des républicains déclarent ne pas vouloir se faire vacciner, contre seulement 11% des démocrates, selon un sondage paru la semaine dernière.

Plusieurs municipalités ont déjà donné leur feu vert à des monuments locaux : Jersey City, dans la banlieue new-yorkaise, fut la première, en décembre, à désigner un parc, en cours d'aménagement, comme le lieu où seront plantés quelque 500 arbres censés symboliser tous les décès de la commune. 

Beaucoup de proches de victimes veulent voir figurer les noms de toutes les victimes, même si leur nombre rend le pari quasi-impossible.

Tous les noms ?

Les partisans d'un lieu de recueillement national citent tous la même référence : le mémorial de Washington aux soldats américains morts pendant la guerre du Vietnam, long mur de granit érigé en 1982 sur le « Mall ». Avec ses 58 000 noms, c'est l'un des monuments les plus visités des Etats-Unis. 

Avec le mémorial new-yorkais aux victimes des attentats du 11 septembre 2001, qui compte lui près de 3 000 noms, « c'est le mémorial contemporain le plus réussi », estime Emily Godbey, spécialiste en design de monuments à l'université d'Iowa State. « C'est une véritable expérience, pas simplement quelque chose qui se regarde ». 

Mais « comment honorer les victimes quand les chiffres sont si élevés, et pas encore définitifs ? », interroge-t-elle. 

Elle juge plus réaliste un monument anonyme, tel le projet en Uruguay de « Mémorial mondial à la pandémie » proposé par l'architecte Martin Gomez Platero, sorte d'immense soucoupe qui serait installée sur la côte à Montevideo.

Mais aux Etats-Unis, où l'épidémie a été extrêmement controversée, et où les proches se sont souvent sentis « ignorés », « il faut trouver une façon de reconnaître chaque vie perdue », affirme Kristin Urquiza.

Une chose est sûre : s'entendre sur un projet de monument national, même avec le militantisme des associations, pourrait prendre des années.

En attendant les monuments physiques, l'heure est au virtuel. Les sites d'hommage sur internet, avec photos et hommages aux victimes, sont légions. 

A New York, un site lancé par des écoles de journalisme en avril, appelant les proches des victimes à fournir photos et témoignages, constitue la base de données la plus exhaustive jusqu'ici, selon une des éditrices du site, Anjali Tsui.

Malgré l'aide de nombreux bénévoles, il ne compte pour l'instant que quelque 2 000 noms, sur les plus de 30 000 morts du coronavirus déplorés par la première métropole américaine.

« Ce qui est terrible avec les morts du Covid, c'est que l'expérience est uniquement virtuelle », dit Emily Godbey. 

Après avoir vu leurs proches mourir par écrans interposés depuis leur lit d'hôpital, et avoir assisté à des enterrements en ligne, « les gens vont avoir besoin d'un endroit où aller » pour se recueillir, dit-elle.


Guerre commerciale: Pékin dénonce les pays jouant l'"apaisement" à l'égard de Washington

Short Url
  • « L'apaisement n'apportera pas la paix et le compromis ne sera pas respecté », a estimé dans un communiqué un porte-parole du ministère du Commerce chinois.
  • « Si une telle situation se produisait, la Chine ne l'accepterait jamais et prendrait résolument des contre-mesures. »

PEKIN : La Chine a dénoncé lundi les pays qui pratiquent l'apaisement à l'égard des États-Unis dans les négociations commerciales sur les droits de douane américains, affirmant « s'opposer fermement » à tout accord nuisant à ses intérêts.

« L'apaisement n'apportera pas la paix et le compromis ne sera pas respecté », a estimé dans un communiqué un porte-parole du ministère du Commerce chinois, ajoutant que le pays « s'oppose fermement à ce qu'une quelconque partie parvienne à un accord au détriment de ses intérêts ».

« Si une telle situation se produisait, la Chine ne l'accepterait jamais et prendrait résolument des contre-mesures. »

Le président américain Donald Trump a imposé des droits de douane allant jusqu'à 145 % sur un grand nombre de produits importés de Chine, ce qui porte le total des taxes à 245 % dans certains cas, notamment pour les véhicules électriques. 

Pékin a répliqué en instaurant une taxe de 125 % sur les produits américains.

Les partenaires commerciaux des États-Unis sont frappés par une surtaxe plancher de 10 %, tandis que M. Trump a suspendu, le 9 avril, l'entrée en vigueur de droits de douane bien plus élevés pour la plupart des pays concernés, pour une période de 90 jours. Nombre de ces pays ont engagé des discussions avec Washington.

« Chercher ses propres intérêts égoïstes temporaires au détriment des intérêts des autres (...) finira par échouer des deux côtés et nuira aux autres », a averti le ministère du Commerce chinois dans son communiqué.


Au Canada, le Premier ministre Mark Carney est toujours en tête, alors qu'un vote décisif est prévu dans une semaine

Le Premier ministre canadien et leader libéral Mark Carney, aux côtés de son épouse Diana Fox Carney, s'exprime lors d'un meeting de campagne à Nepean, Ottawa, Ontario, Canada, le 20 avril 2025. (Photo par Dave Chan / AFP)
Le Premier ministre canadien et leader libéral Mark Carney, aux côtés de son épouse Diana Fox Carney, s'exprime lors d'un meeting de campagne à Nepean, Ottawa, Ontario, Canada, le 20 avril 2025. (Photo par Dave Chan / AFP)
Short Url
  • À une semaine du vote au Canada, l'espoir des conservateurs de revenir au pouvoir s'amenuise
  • Tous les sondages donnent les libéraux du Premier ministre Mark Carney vainqueurs.

MONTREAL : À une semaine du vote au Canada, l'espoir des conservateurs de revenir au pouvoir s'amenuise. En effet, tous les sondages donnent les libéraux du Premier ministre Mark Carney vainqueurs, ce dernier étant considéré comme plus crédible pour affronter Donald Trump.

Le scrutin du 28 avril se déroule dans un climat tendu dans ce pays du G7 de 41 millions d'habitants, toujours sous le choc des secousses provoquées par les tensions commerciales et les menaces d'annexion du président américain.

Signe que cette campagne est considérée comme exceptionnelle par de nombreux citoyens : les débats entre les candidats ont été très suivis et, vendredi, premier jour du vote par anticipation, deux millions d'électeurs ont déposé leur bulletin dans l'urne, un record.

Christine Bonenfant, à la sortie d'un bureau de vote de Montréal, explique à l'AFP qu'elle a choisi le parti qui, selon elle, « s'en sortira le mieux face à Donald Trump » et ramènera « la sérénité ». Elle « espère que beaucoup de gens iront voter » pour cette élection « importante ».

« C'est la première fois que j'hésite autant », explique Josée Fournier, venue elle aussi voter par anticipation. Le Canada a une « épée de Damoclès » au-dessus de la tête « à cause de la situation avec le voisin du Sud ». 

 Majorité

Deux partis ont largement dominé cette campagne : les libéraux du nouveau Premier ministre Mark Carney, qui a remplacé Justin Trudeau il y a un mois, et les conservateurs de Pierre Poilievre.

Selon les dernières projections, les libéraux pourraient remporter suffisamment de sièges pour obtenir une majorité, ce qu'ils avaient échoué à accomplir lors des deux précédents scrutins.

Ils sont crédités d'environ 44 % des votes, contre 38 % pour les conservateurs. Viennent ensuite le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) avec 8 %, suivi par le Bloc québécois (parti indépendantiste) avec 5 %, et le parti vert avec 2 %.

Finalement, le profil international de Mark Carney et son expérience de banquier central semblent avoir davantage convaincu un électorat en quête de stabilité face aux défis économiques à venir, selon les enquêtes de sondage.

« Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump ? », a-t-il déclaré pendant le week-end, depuis Niagara, à la frontière américaine, devant les chutes. 

Dans le bras de fer commercial qui oppose le Canada aux États-Unis, ce novice en politique a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington resteraient en place.

Il a également annoncé son intention de développer le commerce intérieur en levant les barrières douanières entre les provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

Il s'est également engagé à investir massivement dans la défense, l'énergie et le logement, et à réduire les impôts des ménages les plus modestes.

« En recentrant le parti libéral par rapport aux années Trudeau, il a sûrement réussi à convaincre une partie de ceux qui étaient prêts à voter conservateur », estime Félix Mathieu, politologue à l'université de Winnipeg.

Et puis, « son calme et son pragmatisme rassurent les gens ». « Lors des débats, il a donné l'impression d'être au-dessus de la mêlée ». 

« Besoin d'un changement » 

Âgé de 45 ans, Pierre Poilievre, son principal opposant, est un vétéran de la politique canadienne qu'il exerce depuis plus de 20 ans. Chef du Parti conservateur depuis 2022, cet adepte des formules choc a dominé les sondages pendant des mois et semblait promis au poste de Premier ministre.

« Après la décennie libérale, marquée par l'augmentation des coûts, de la criminalité et la chute de l'économie, les libéraux ne méritent pas un quatrième mandat », a-t-il lancé ce week-end lors d'un événement de campagne.

« Nous avons besoin d'un changement avec un nouveau gouvernement conservateur qui réduira les impôts, construira des logements, libérera nos ressources et renforcera notre économie. »

Son style et certaines de ses idées, proches de celles des républicains américains, lui ont aliéné une partie de l'électorat, notamment les femmes, selon les analystes.

Le vainqueur devrait être connu quelques heures après la clôture des bureaux de vote, le 28 avril. 


Ukraine : Zelensky accuse la Russie de violer le cessez-le-feu qu'elle a pourtant annoncé

Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • « Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques.
  • En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé samedi la Russie de violer le cessez-le-feu que Vladimir Poutine venait d'annoncer pour Pâques et que l'Ukraine s'était engagée à respecter, ce qui constituerait la pause la plus significative dans les combats depuis le début du conflit il y a trois ans.

« Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd'hui, de 18 heures (15 heures GMT) à minuit entre dimanche et lundi (21 heures GMT dimanche). Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période », a déclaré le chef de l'État russe.

« Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple », a-t-il ajouté, tout en demandant aux forces russes de se tenir prêtes à une « réponse immédiate et complète » en cas de « violations de la trêve ».

« Si la Russie est prête à vraiment s'engager, l'Ukraine fera de même », a écrit le président ukrainien sur X, ajoutant qu'il proposait « d'étendre le cessez-le-feu au-delà du 20 avril ».

En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

Le gouverneur de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a pour sa part fait état d'attaques de drones russes au même moment.

« Les combats se poursuivent et les attaques russes continuent », a déclaré samedi soir le chef d'état-major de l'armée ukrainienne. « Dans certaines zones de la ligne de front, l'artillerie russe continue d'être entendue, malgré la promesse de silence du dirigeant russe. Des drones russes sont utilisés. »

« Poutine vient de faire des déclarations sur sa prétendue volonté de mettre fin aux hostilités. Nous savons que ses paroles ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les paroles », a mis en garde Andriy Sybiga, le ministre ukrainien des Affaires étrangères. 

Samedi, la Russie a par ailleurs annoncé avoir échangé 246 prisonniers de guerre ukrainiens contre le même nombre de prisonniers russes, ainsi que 31 blessés ukrainiens et 15 blessés russes.

Les Émirats arabes unis, médiateurs dans ce dossier, ont confirmé l'opération dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié samedi soir, saluant « le plus grand échange de prisonniers depuis le début de la guerre ».

La Pâques, l'une des plus importantes fêtes du calendrier chrétien qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.

Des tentatives d'instaurer un cessez-le-feu à cette occasion en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.

La trêve ordonnée samedi par M. Poutine intervient alors que les efforts de l'administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine semblent s'enliser ces derniers jours.

Par ailleurs, la Russie a revendiqué samedi avoir « libéré » 99,5 % de la région russe de Koursk, cible en août 2023 d'une offensive surprise des forces ukrainiennes.

Une telle progression replacerait à nouveau la totalité du front sur le sol ukrainien, ce qui renforcerait la confiance de la Russie.

À Moscou, Evgeniy Pavlov, 58 ans, a exprimé son scepticisme à l'égard de la trêve annoncée.

« Il ne faut pas donner de répit à l'Ukraine. Si nous insistons, cela signifie que nous devons aller jusqu'au bout », a-t-il dit à l'AFP.