ALGER: Le directeur général des Archives nationales algériennes, Abdelmadjid Chikhi, a accusé samedi la France d'avoir « exterminé » la population alphabétisée de l'Algérie pendant les premières décennies de la colonisation, et ses historiens de l'avoir sciemment ignoré.
« Durant les 30 premières années de la colonisation, la France a exterminé toute la population alphabétisée », a affirmé M. Chikhi lors d'une rencontre sur « le rôle de la société civile dans la préservation de la mémoire historique » à Biskra, dans le nord-est de l'Algérie, selon le média arabophone Ennahar.
M. Chikhi a été chargé en juillet par le président algérien Abdelmadjid Tebboune de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie (1954-1962), de concert avec l'historien français Benjamin Stora.
« Les Français ont rédigé ce qu'ils voulaient. Ils ont écrit l'Histoire avec la lecture laïque de l'époque », a-t-il estimé, en référence à l'historiographie française sur la période coloniale (1830-1962), précise Ennahar.
Vendredi, lors d'un colloque, M. Chikhi avait appelé les chercheurs et les historiens à « s'éloigner de l'école française dans la recherche historique en adoptant une véritable approche d'analyse permettant de lever le voile sur toutes les vérités », selon l'agence officielle APS.
Samedi, à Biskra, le directeur des archives a dénoncé « les complots et les conspirations contre l'Algérie, qui n'est pas épargnée par ses voisins, ou les pays pouvant être considérés comme ennemis ou amis », sans donner plus de détails sur la nature de ces complots, a rapporté l'APS.
Selon M. Chikhi, nommé conseiller du président chargé des archives et de la mémoire nationale, la conjoncture actuelle « impose la préservation de la cohésion nationale et la protection de la mémoire nationale pour déjouer tout complot ».
M. Tebboune a réclamé vendredi « toute la lumière » sur les disparus pendant la guerre d'indépendance (1954-1962) et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans les années 1960, dans un message à l'occasion de la fête de la Victoire. Cette date marque l'anniversaire du cessez-le-feu le 19 mars 1962 après une guerre d'indépendance de près de huit ans.
Ces évènements « ne s'effacent pas de l'histoire des nations par prescription », a averti M. Tebboune à propos des dossiers mémoriels.
À l'approche du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962), son homologue Emmanuel Macron a engagé ces derniers mois une série d'« actes symboliques » afin de « réconcilier les mémoires » entre Français et Algériens.
Ces gestes font partie des recommandations de Benjamin Stora figurant dans un rapport remis en janvier au président français dans le but de « regarder l'Histoire en face ».