BEYROUTH : La francophonie est en pleine essor en Arabie Saoudite. L'Alliance française, créée en octobre 2010 et reconnue comme centre culturel en 2016 par les autorités locales, a formé des milliers d'étudiants saoudiens. Plus de 5 000 étudiants apprennent le français chaque année dans les universités saoudiennes. L'université du Roi-Saoud, première université établie au sein du Royaume et faisant partie des meilleurs établissements au Moyen-Orient, a en son sein un département de langue française. Arab News en français s'est entretenu avec la créatrice de contenu et directrice marketing, Ghaliah Ali, jeune diplômée de la Faculté de langues et de traduction de l'université du Roi-Saoud, pour mieux saisir l'intérêt des Saoudiens pour la langue de Molière.
L'amour de la langue française
Lorsque l’on parle avec des Saoudiens et des Saoudiennes francophones, un élément prépondérant surgit à chaque fois: leur amour de la langue française. La notion d'amour n'est pas en l'espèce galvaudée, elle est bel et bien réelle et s'inscrit dans une démarche intellectuelle, culturelle mais aussi professionnelle. «Il y a deux raisons principales qui m'ont amenées à faire des études de langues et de traduction: ma passion constante pour l’apprentissage de nouvelles choses, et mon grand amour pour la beauté des mots et de leur sens.»
Pour tomber amoureux de la langue française, il y a généralement un tournant, ou plutôt une rencontre avec un grand classique de la littérature ou parfois même avec une chanson populaire. «La liste des œuvres françaises que j'apprécie est longue. Mon livre préféré est le conte Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry. C'est la première œuvre que j'ai lue en français, et qui est d'ailleurs une parfaite introduction à la littérature française.»
Pour Ghaliah Ali, l'ascension de la langue de Molière résulte aussi de la stratégie politique et culturelle de son pays. «Le royaume d'Arabie saoudite est dans une période de développement avec des changements radicaux dans divers domaines, notamment au niveau des langues. Il existe une réelle volonté étatique d'ouverture, à laquelle nous aspirions par le biais de la promotion des échanges culturels et de l'apprentissage de langues étrangères.
Cette dynamique a été accentuée par la création du ministère de la Culture [le 2 juin 2018] et l'attribution d'une section spéciale pour la traduction.
Le développement de la francophonie
Ghaliah Ali promeut la langue française bénévolement au sein de Ketabei, un club culturel très populaire qui compte plus de 250 000 abonnés sur Twitter et Instagram. «Ketabei est un club culturel qui contribue à diffuser la culture et à sensibiliser le public. J'ai participé à plusieurs initiatives comme celle qui invite les enfants à découvrir la littérature. Je suis aussi membre de l'initiative culturelle qui vise à traduire des œuvres en français mais aussi en d'autres langues étrangères, comme l'ourdou ou encore l'espagnol. Cette expérience de volontariat est très enrichissante.»
Cette démarche locale est salutaire car le développement du secteur touristique et culturel va conduire de facto à une demande accrue de professionnels locaux francophones.