L'enquête sur Trump s’accélère depuis que le procureur de New York a récupéré ses déclarations de revenus

 Le domaine de Seven Springs à Mount Kisco, à New York, fait partie des propriétés de l'ancien président Trump qui sont examinées par les procureurs de Manhattan. (Photo AP/John Minchillo, Archive)
Le domaine de Seven Springs à Mount Kisco, à New York, fait partie des propriétés de l'ancien président Trump qui sont examinées par les procureurs de Manhattan. (Photo AP/John Minchillo, Archive)
Le procureur du district de Manhattan, Cyrus Vance Jr.,  aperçu devant le tribunal pénal de New York sur cette photo du 14 février 2020. (Photo AP/Bebeto Matthews, Archive)
Le procureur du district de Manhattan, Cyrus Vance Jr., aperçu devant le tribunal pénal de New York sur cette photo du 14 février 2020. (Photo AP/Bebeto Matthews, Archive)
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Publié le Vendredi 19 mars 2021

L'enquête sur Trump s’accélère depuis que le procureur de New York a récupéré ses déclarations de revenus

  • Le procureur de New York a récemment recruté comme procureur adjoint spécial dans l’affaire Trump l'ancien procureur Mark Pomerantz, qui a fait tomber d’importants barons de la mafia
  • L'enquête visant Trump examinera si l’ancien président ou ses entreprises ont menti sur la valeur des actifs déclarés pour obtenir des conditions de prêt avantageuses et des avantages fiscaux

NEW YORK: Une équipe de procureurs de New York dirigée par un ancien vétéran récemment recruté qui a pu se procurer les déclarations de revenus de Donal Trump sur plusieurs années, scrute dans les moindres détails ses pratiques commerciales. L’équipe a envoyé de nouvelles assignations à comparaître et veut organiser des rencontres en face-à-face avec des témoins clés. 

Vendredi, le bureau du procureur du district de Manhattan doit de nouveau rencontrer l'ancien avocat de longue date de Trump, Michael Cohen, selon une personne proche de l'enquête qui s’est confiée anonymement à l’agence Associated Press (AP). Ce serait la huitième fois qu’il s’entretiendrait avec des enquêteurs travaillant pour le procureur de Manhattan, Cyrus R. Vance Jr. 

Lors d’une récente entrevue avec Cohen, les enquêteurs l’ont questionné sur le domaine Seven Springs appartenant à l’ancien président, dans le cadre d'une enquête visant à déterminer si la valeur de sa propriété de 213 acres dans le comté de Westchester n'a pas été indûment gonflée pour réduire ses impôts.

Les enquêteurs ont interrogé l’ancien avocat personnel de Trump sur les personnes impliquées dans l'évaluation de la succession et les avantages en découlant, notamment une déduction fiscale de 21 millions de dollars (environ 17,6 millions d’euros).

Condamné par la justice américaine et mis en prison en mai 2019, Cohen a été assigné à résidence un an plus tard, après avoir contracté la Covid-19. Il a donc fait ses dernières auditions par vidéoconférence.

Le bureau du procureur a refusé de commenter l’information révélée par l’agence AP, tout comme l’avocat de Cohen, Lanny Davis. Vance a annoncé la semaine dernière qu'il quitterait ses fonctions à la fin de l'année et ne chercherait pas à être réélu, mais dans une note personnelle, il a souligné que l'enquête ne s'arrêterait pas avec son départ. 

«Le travail se poursuit», a écrit Vance, faisant une brève déclaration après la décision de Cour suprême des États-Unis autorisant le transfert des dossiers fiscaux de Trump au procureur de New York. 

Vance a récemment recruté comme procureur adjoint spécial dans l’affaire Trump l'ancien procureur Mark Pomerantz, qui a fait tomber d’importants barons de la mafia, notamment l’ancien chef de la famille Gambino, John Gotti, dans les années 1990. 

L'enquête, selon les documents déposés par le tribunal, examinera si Trump ou ses entreprises ont menti sur la valeur des actifs déclarés pour obtenir des conditions de prêt avantageuses et des avantages fiscaux. Le procureur du district examine également les pots-de-vin versés à certaines femmes au nom de Trump.

Après une longue bataille judiciaire, le bureau du procureur de New York est désormais en possession de huit ans de dossiers fiscaux de Trump, notamment des versions finales et préliminaires des déclarations de revenus de l’ancien président, des documents contenant des données financières brutes et d'autres documents financiers détenus par son cabinet comptable.

L'accent mis par Vance sur Seven Springs concerne un arrangement de conservation de l'environnement que Trump a conclu en échange d'une déduction fiscale à la fin de l’année 2015, à la suite de tentatives infructueuses de transformer la propriété en terrain de golf et en maisons de luxe.

Trump a accordé une servitude à une fiducie foncière de conservation pour préserver 158 acres (60 hectares) et a bénéficié d’une déduction d'impôt sur le revenu de 21 millions de dollars, égale à la valeur des terres conservées, selon les archives. Le montant était basé sur une évaluation professionnelle estimant la valeur de l'ensemble de la propriété Seven Springs à 56,5 millions de dollars (environ 47 millions d’euros) au 1er décembre 2015.

Un montant beaucoup plus élevé que l'évaluation des autorités locales, qui ont estimé sa valeur à 20 millions de dollars (16,8 millions d’euros). Trump a acheté la propriété, y compris un manoir de style géorgien qui appartenait autrefois à la famille de l'éditeur de journaux Katharine Graham, pour 7,5 millions de dollars en 1995.

Signe de l'intérêt croissant des procureurs pour Seven Springs, le bureau de Vance a envoyé de nouvelles assignations à comparaître ces dernières semaines aux autorités locales des villes sur lesquelles s'étend la propriété – Bedford, North Castle et New Castle – à la suite d’une première série d'assignations envoyées à la mi-décembre.

Le bureau de Vance a aussi envoyé des assignations à comparaître à des personnes qui ont travaillé sur des projets de développement de la propriété pour Trump, y compris un ingénieur qui a déclaré que ses tâches impliquaient de présenter des plans au conseil local de planification.

L'ingénieur Ralph Mastromonaco a déclaré mercredi qu'il avait reçu l'assignation de Vance à la mi-février et avait rapidement remis les documents demandés, y compris les enregistrements de son travail sur la propriété et la correspondance avec l'organisation Trump.

Mastromonaco a été assigné à comparaître pour des raisons similaires en décembre 2019 à la suite d’une demande du procureur général de New York, Letitia James, qui enquête sur les mêmes questions que le procureur de New York. «Je ne suis vraiment pas du tout au courant!», a déclaré Mastromonaco mercredi.

Les enquêteurs du procureur de New York ont également assailli Cohen de questions sur le rôle qu'Allen Weisselberg a joué en tant que directeur financier de la Trump Organization. Mercredi, l'avocat de Weisselberg, Mary Mulligan, a refusé de faire des commentaires.

Mais il est apparu ces derniers jours que son ancienne belle-fille, Jen Weisselberg, coopérait avec les enquêteurs de Vance et de James, selon son avocat. «Elle continuera à coopérer pleinement avec les différents services de police qui enquêtent sur la famille de son ex-mari et les intérêts très puissants qu’elle représente», a déclaré son avocat, Duncan Levin, dans un communiqué à l’AP. «Jennifer refuse d'être réduite au silence plus longtemps par ceux qui tentent à tout prix de l'empêcher de partager ce qu'elle a appris au cours des vingt-cinq dernières années.»

 

 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.