BEYROUTH: Le président libanais Michel Aoun a prononcé un discours télévisé mercredi soir et a demandé au premier ministre désigné Saad Hariri de se présenter au palais présidentiel afin de former un nouveau cabinet immédiatement, ou de laisser la place à quelqu'un qui en soit capable.
«Si le premier ministre désigné, Hariri est incapable de former un gouvernement, il devrait céder la place à une personne apte à le faire», déclare Aoun, disant son appel «déterminé et sincère au premier ministre désigné pour qu'il fasse immédiatement son choix, car le silence n'est plus une option à partir d’aujourd'hui».
Aoun s’est par ailleurs défendu contre les accusations d’entrave à la formation du gouvernement qui le touchent.
«Nul ne profitera des prises de positions et du blâme si le pays s’effondre et que les gens sont pris au piège du désespoir et de la frustration», a-t-il affirmé. «La colère est leur seule échappatoire. La souffrance du peuple, évitable, est devenue insupportable».
Aoun et Hariri se disputent au sujet de la formation du gouvernement depuis la nomination de ce dernier en octobre.
Hariri a riposté, se disant surpris d’entendre les propos du président.
«Plusieurs semaines après avoir présenté au président un cabinet composé de technocrates, non affiliés à des partis politiques, capables de mettre en œuvre les réformes pour arrêter l'effondrement et reconstruire ce qui a été détruit par l'explosion du port de Beyrouth, je m’attendais à ce que le président me contacte personnellement pour en discuter», affirme-t-il.
Hariri rappelle avoir rendu visite au président seize fois depuis qu'il s'était vu confier la tâche de former un nouveau gouvernement. Il affirme qu'il serait «honoré» de visiter Aoun pour une dix-septième fois, lorsque l’emploi du temps de Aoun le permettrait, pour discuter de la formation du gouvernement.
Hariri estime que Michel Aoun devrait déclencher des élections présidentielles anticipées s'il n’est pas en mesure de signer les décrets de formation d’un nouveau cabinet.
Plus tôt mercredi, les manifestants ont tenté de prendre d'assaut le bâtiment du ministère de l'Économie à Beyrouth et assiégé le domicile d'un ministre, après que la livre libanaise en chute libre ait atteint un niveau alarmant.
Des manifestations ont eu lieu au moment où la livre libanaise continuait sa chute, plongeant à un record de 15 000 contre le dollar américain sur le marché noir.
«Ce peuple qui souffre n’aura aucune pitié envers ceux qui sont responsables de l'obstruction, de l'exclusion, ainsi que du mandat gouvernement intérimaire qui s’éternise», d’après Aoun.
«Se taire et se terrer dans les bunkers ne profite plus à personne. Espérons que nous pourrons sauver le Liban».
Le pays est confronté à une impasse politique, toujours sans nouveau gouvernement, sept mois après la démission du premier ministre Hassan Diab suite à l’explosion du 4 août.
L’explosion a tué plus de 200 personnes et laissé une grande partie de la capitale libanaise Beyrouth en ruines.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com