Quel avenir pour un Liban en chute libre?

Sur le drapeau libanais, un seul mot: "Révolution" . Face à l'urgence, les injonctions de la communauté internationale n'ont pas suffi à sortir de sa torpeur une classe politique coutumière des tractations au long cours et qui semble déconnectée de la réalité. (AFP).
Sur le drapeau libanais, un seul mot: "Révolution" . Face à l'urgence, les injonctions de la communauté internationale n'ont pas suffi à sortir de sa torpeur une classe politique coutumière des tractations au long cours et qui semble déconnectée de la réalité. (AFP).
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Publié le Mercredi 17 mars 2021

Quel avenir pour un Liban en chute libre?

  • En l'absence d'un exécutif pleinement opérationnel, capable de mener des réformes et de fournir les services les plus élémentaires, beaucoup estiment que la survie du pays est engagée
  • La dépréciation continue de la devise a déclenché une inflation galopante et amputé le pouvoir d'achat d'une population déjà soumise à des restrictions bancaires draconiennes

BEYROUTH: La pire récession économique vécue par le Liban a poussé dans le précipice une population meurtrie, sans aucune solution en vue alors que les "barons" de la classe politique se disputent depuis sept mois pour former un nouveau gouvernement.

En l'absence d'un exécutif pleinement opérationnel, capable de mener des réformes et de fournir les services les plus élémentaires, beaucoup estiment que la survie du pays est engagée.

Pourquoi les manifestations ont-elles repris?

La situation n'a fait qu'empirer depuis le début d'un mouvement de contestation à l'automne 2019 pour dénoncer une classe politique accusée de corruption et d'incompétence.

Les restrictions liées au coronavirus, à partir du printemps 2020, ont contribué à étrangler l'économie. Tout comme l'explosion dévastatrice du 4 août au port de Beyrouth, qui a entraîné la démission du gouvernement de Hassan Diab.

La monnaie nationale, officiellement fixée à 1.507 livres libanaises pour un dollar depuis 1997, a perdu près de 90% de sa valeur sur le marché noir. Mardi, elle s'échangeait jusqu'à 15.000 livres pour un dollar, un plus bas historique.

La dépréciation continue de cette devise a déclenché une inflation galopante et amputé le pouvoir d'achat d'une population déjà soumise à des restrictions bancaires draconiennes. Cette situation a provoqué une nouvelle vague de protestations en mars, après que la crise sanitaire a temporairement étouffé les manifestations en 2020.

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Des manifestants tentent d'investir le ministère de l'Economie

Une poignée de manifestants libanais ont tenté mercredi d'investir le ministère de l'Economie, dénonçant l'hyperinflation et l'érosion du pouvoir d'achat dans un pays en proie à une dépréciation monétaire sans précédent et en plein effondrement économique.

Une vingtaine de manifestants se sont rassemblés devant le ministère, dans le centre ville de Beyrouth, dénonçant une nouvelle flambée des prix due à la dégringolade monétaire.

Certains d'entre eux "ont tenté de pénétrer dans le bâtiment, ce qui a provoqué des tensions avec les forces de sécurité", a indiqué l'agence nationale d'information ANI.

Pour quelles raisons la formation d'un gouvernement est-elle interminable?

Face à l'urgence, les injonctions de la communauté internationale n'ont pas suffi à sortir de sa torpeur une classe politique coutumière des tractations au long cours et qui semble déconnectée de la réalité.

Les principaux partis restent absorbés par des marchandages interminables, chaque camp s'agrippant à ses revendications. Le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri s'accusent du blocage.

Evoquant le "comportement des forces politiques et leurs calculs qui visiblement ne vont pas changer", une source diplomatique arabe se montre pessimiste et anticipe un statu quo "qui risque de durer (encore) des mois".

"Nous avons présenté de nombreuses solutions mais elles n'ont pas été acceptées", assure cette source.

Des informations de presse indiquent que M. Aoun et son parti réclament une quote-part, ce que le président dément.

"Chaque camp" essaie "de voir comment sécuriser des gains", résume l'universitaire Nasser Yassin, dénonçant "la déliquescence" des institutions publiques, "incapables d'accomplir ne serait-ce que le minimum de leurs prérogatives".

 

L'effondrement économique en nombres

Dépréciation:  La livre libanaise a perdu près de 90% de sa valeur. Si le taux officiel reste de 1.507 livres pour un dollar, au marché noir il avoisine les 15.000 livres pour un dollar.

Pauvreté : 55% des plus de quatre millions de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 3,84 dollars par jour, selon l'ONU.

La part de la population vivant dans l'extrême pauvreté est montée à 23% (ONU).

35% des foyers interrogés ont réduit le nombre de repas quotidiens, selon une étude réalisée fin 2020 par le Programme alimentaire mondial (PAM) et la Banque mondiale (BM).

Inflation: Fin 2020, l'inflation annuelle atteignait 145,8%, selon des statistiques officielles.

Les prix des produits alimentaires ont quintuplé en un an, selon le PAM.

Le prix d'un panier alimentaire, contenant notamment du riz, du boulgour, des pâtes et de l'huile, a pratiquement triplé depuis octobre 2019 (PAM).

Le tarif du pain au kilo a presque doublé depuis mai 2020. Début mars, le prix de la viande avait augmenté de 110% sur un an et celui du poulet de 65% (BM).

Salaire médian: Avant la crise de 2019, le salaire médian (qui sépare les salariés qui gagnent le moins de la moitié qui gagne le plus) était de 950.000 livres libanaises, selon l'administration des statistiques.

Au taux officiel, cela équivaut à environ 630 dollars. Au marché noir, c'est désormais un peu plus de 60 dollars.

Quant au salaire minimum (675.000 livres), il vaut désormais environ 45 dollars.

Chômage: Fin 2020, le taux de chômage était évalué à 39,5% par la BM et le PAM.

Entre 2019 et 2020, le nombre d'emplois à temps plein dans le secteur du bâtiment a baissé de 40% et de 31% dans le secteur de l'hôtellerie/restauration (ONU).

Récession: En 2020, le pays a enregistré une contraction de 25% de son Produit intérieur brut (FMI).

Dette publique: La dette publique a atteint 95,6 milliards de dollars fin 2020, selon une note de Byblos bank. Soit 171,7% du PIB (FMI).

Balance des paiements: Ultime signe d'une chute des transferts provenant de l'étranger: la balance des paiements a affiché un déficit record de 10,2 milliards de dollars sur les onze premiers mois de 2020, selon les statistiques de la Banque centrale citées dans un rapport de la banque Audi.

Réserves en devises: Les réserves de la Banque centrale s'élevaient mi-mars à 17,5 milliards de dollars, selon le site de la Banque du Liban, mais des experts estiment que le niveau pourrait être inférieur.

Un an plus tôt, les réserves étaient de 30,3 milliards de dollars, selon une note de Byblos bank, qui impute cette fonte aux subventions aux importations (carburant et blé notamment).

 

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 Vers un "Etat défaillant"?

Même certains responsables semblent admettre que l'Etat a failli à ses missions.

"La situation sécuritaire s'est effritée", a récemment reconnu le ministre de l'Intérieur, alors que la délinquance explose.

"Le Liban pourrait se trouver dans le noir total à la fin du mois" faute de carburant, a de son côté mis en garde le ministre de l'Energie.

Son homologue de l'Education a annoncé une semaine de suspension des cours pour protester contre le manque de financements et de soutien logistique au secteur.

Pas une semaine ne passe sans qu'un syndicat ou que les professionnels de tel ou tel secteur ne menacent d'une grève ou ne mettent en garde contre des pénuries: stations-service, boulangeries, commerçants et importateurs.

Même le chef de l'armée Joseph Aoun s'est récemment plaint de coupes budgétaires.

"Nous ne sommes pas encore arrivés au stade de +l'Etat défaillant+", tempère M. Yassin. "Mais ce qui est sûr, dit-il, c'est que sa capacité à mener à bien ses missions s'amenuise quotidiennement".

Quid des solutions?

Un redressement n'est pas impossible en dépit des difficultés mais "le problème est que nous n'avons pas encore initié un plan de sauvetage", souligne M. Yassin.

La communauté internationale, Paris en tête, conditionne le déblocage de toute aide financière à la formation d'un gouvernement de technocrates chargé de réformes structurelles.

Sans un tel cabinet, impossible de voir "se concrétiser les réformes" ou se débloquer tout "soutien financier", insiste la source diplomatique.

Le pays avait initié en 2020 des négociations avec le Fonds monétaire international qui ont rapidement déraillé.

Les attentes restent les mêmes: restructuration du secteur électrique et du secteur bancaire mais aussi baisse des dépenses, révision des subventions et flottement de la monnaie.

"On aurait pu éviter tout cela", a récemment tweeté l'économiste Henri Chaoul, en allusion à la dépréciation. "Mais les banques, la Banque centrale et la classe politique (...) en ont décidé autrement. Ils sont tous responsables de ce qui s'est passé", constate M. Chaoul.

Il avait participé aux négociations avec le FMI, avant de claquer la porte pour protester contre l'incurie du pouvoir.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.