BENGHAZI: La ville de Benghazi, dans l'est de la Libye, a accueilli mi-mars un championnat national de « drift », rassemblant des pilotes automobiles de plusieurs villes, y compris de l'Ouest, un évènement rare dans un pays fragmenté qui cherche à tourner la page des conflits et des divisions.
A grands renforts de glissades, coups de volant et crissements de pneus, les participants se sont succédé sur une grande piste de bitume, pilotant leurs voitures customisées devant un public majoritairement jeune, masculin et visiblement enchanté.
Né dans les années 1970 au Japon, le « drift », sport automobile consistant à manœuvrer une grosse cylindrée en la faisant déraper d'un bout à l'autre d'une piste, est très populaire auprès de la jeunesse libyenne.
Après dix ans de chaos et de divisions, la Libye retrouve peu à peu un semblant de normalité: les combats ont cessé à l'été 2020, un cessez-le-feu est observé depuis l'automne et un nouveau gouvernement d'unité vient d'être mis sur pied pour mener la transition jusqu'aux élections de décembre.
Le championnat à Benghazi, deuxième ville de Libye et berceau de la révolte ayant entraîné la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avait pour thème « Unité et paix pour la Libye ».
Les pilotes, qui conduisaient tous de vieilles BMW vrombissantes, ont été notés sur leur style, leur technique et la vitesse du véhicule, devant l'imposant hôtel Tibesti, en bord de mer.
« Nous avons d'excellents pilotes. Il est temps que le monde les découvre », lance dans un nuage de gomme cramée Marwan al-Manfi, un spectateur de Tobrouk (est).
« C'est un succès », se félicite Mohamad al-Marghani, un « drifteur » de Tripoli, casquette et barbe de hipster.
L'évènement a été organisé par une association locale de quelque 200 amateurs de la marque germanique, sponsorisé par une compagnie pétrolière russe dans ce pays qui dispose des plus abondantes réserves de pétrole d'Afrique. Des participants de la ville hôte ont raflé les trois premières places.
Ahmad Bishun, un spectateur de Benghazi, se réjouit de voir « des jeunes participants venus de toutes les villes libyennes ». C'est un « exemple d'unité », abonde Salah Houedi, du « Club des Jeunes de Benghazi ».