PARIS: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mardi devant le Sénat à Paris pour réclamer le retrait de la proposition de loi « Sécurité globale », qu'ils jugent liberticide et dont l'examen par la Haute assemblée vient de débuter, a constaté une journaliste.
Les manifestants brandissaient dans le calme des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Démocratie matraquée », « Police floutée, justice aveugle ». Plusieurs élus étaient également présents, dont la sénatrice écologiste Esther Benbassa, le sénateur communiste Pierre Laurent ou le député LFI Éric Coquerel.
Ils répondaient à l'appel de la coordination Stop loi sécurité globale, mobilisée depuis novembre à l'initiative des syndicats de journalistes et de la Ligue des droits de l'homme, rejoints par diverses organisations de défense des libertés et des »gilets jaunes ».
Ce texte est « attentatoire aux libertés fondamentales, à la liberté d'informer et d'être informé », a résumé devant la foule Emmanuel Poupard, premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ).
Dans le cadre d'une semaine de mobilisation, d'autres rassemblements étaient organisés mardi dans plusieurs villes, notamment à Rennes, où une vingtaine de personnes se sont réunies également dans le calme devant la permanence de la sénatrice PS d'Ille-et-Vilaine Sylvie Robert, pour dire non au texte mais aussi au fichage des syndicalistes.
Déjà adoptée par les députés, cette proposition de loi très controversée, notamment pour son article 24 qui vise à pénaliser la diffusion malveillante de l'image des policiers, est examinée dès mardi en première lecture au Sénat.
Des centaines d'amendements ont été déposés et l'article 24 a été totalement réécrit en commission.
Mais pour le collectif, la proposition de loi est irrécupérable.
« L'ensemble de la loi élargit de manière indiscriminée les pouvoirs de surveillance de la police, en généralisant l'usage des drones et de caméras-piétons, dispositifs pouvant être reliés à des logiciels de reconnaissance faciale qui annihilent toute notion de vie privée dans l'espace public », souligne la coordination.
Ce texte, « avec le projet de loi ‘confortant les principes de la République’, les décrets élargissant le fichage politique ou les récentes attaques contre les libertés académiques, est le symbole d'une évolution d'un Etat de droit vers un Etat de police », plaident les membres du collectif.
La dernière mobilisation nationale contre le projet de loi, le 30 janvier, a rassemblé 32 770 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, « plusieurs dizaines de milliers » selon la coordination.
La plus importante journée de mobilisation, le 28 novembre, avait rassemblé 500 000 personnes dans le pays selon la coordination, 133 000 selon le gouvernement.