LE CAIRE: Un leader de la communauté des migrants de la capitale yéménite a appelé samedi à l’ouverture d’une enquête internationale sur un incendie qui a ravagé un centre de détention la semaine dernière, tuant au moins 44 personnes, pour la plupart des migrants éthiopiens.
Lors d'une conférence de presse à Sanaa, Othman Gilto, qui dirige la communauté éthiopienne, a accusé les Houthis qui contrôlent la capitale, ainsi que les Nations Unies, qui ont des agences d'aide présentes au Yémen, de « négligence ». L'incendie a également blessé plus de 200 personnes, a-t-il affirmé.
Environ 900 migrants, pour la plupart des Ethiopiens, ont été détenus dans l'établissement – dont 350 à l'intérieur d'un entrepôt – lorsque l'incendie a eu lieu dimanche, selon l'Organisation internationale pour les migrations. Cela fait trois fois la capacité du centre a-t-il ajouté.
Au moins 43 morts ont été enterrés vendredi dans un cimetière de Sanaa, et ce, sous des mesures de sécurité particulièrement renforcées.
Des femmes de la communauté migrante ont été vues hurler et pleurer au moment où des ambulances, transportant les corps, arrivaient d'un service funèbre dans une grande mosquée.
Abdallah Al-Leithi, chef de la communauté soudanaise à Sanaa, a révélé que de nombreux morts n'avaient pas de pièce d'identité et ne pouvaient pas être identifiés, ajoutant que la plupart «n'avaient pas donné leurs vrais noms» sur les documents lors de leur incarcération.
Toutefois, Il n'y a eu aucun commentaire immédiat de la part des Houthis.
L’Agence des Nations Unies pour les migrations a demandé à ce que les responsables de la tragédie soient tenus pour responsables, a signalé Olivia Headon, la porte-parole de l’agence au Yémen.
«Nous sommes aux côtés des victimes de l'incendie. Les migrants ont un besoin urgent de plus de protection et de soutien au Yémen, sinon nous continuerons de les voir souffrir et perdre la vie en vain. Un pas dans cette direction consiste à faire en sorte que les victimes de l'incendie ainsi que leurs familles voient les responsables de cet horrible tragédie subir le châtiment qu'ils méritent», a-ajouté Headon.
Des survivants et des militants locaux des droits humains affirment que l'incendie meurtrier a éclaté lorsque les gardes ont tiré des gaz lacrymogènes sur l'entrepôt bondé pour mettre fin à une manifestation contre les abus et les mauvais traitements présumés dans le centre.
La milice houthie soutenue par l'Iran n'a pas indiqué la cause de l'incendie, n'a pas mentionné de protestation ni même fait le bilan final des victimes. Le Houthis ont déclaré qu'une enquête avait été ouverte mais aucune conclusion n'avait été annoncée jusqu’à présent.
Les Houthis ont également empêché l'Agence des Nations Unies pour les migrations d'accéder aux migrants blessés dans les hôpitaux, a souligné l'Agence.
Quelque 138 000 migrants se sont embarqués dans des trajets ardus de la corne de l'Afrique au Yémen en 2019, mais ce chiffre est tombé à 37 000 l'année dernière à cause de la pandémie du coronavirus. Selon L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 2 500 migrants sont arrivés au Yémen depuis Djibouti en janvier
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com