PEKIN : Le réseau social professionnel LinkedIn, détenu par l'américain Microsoft, a annoncé qu'il suspendait les nouvelles adhésions à ses services en Chine, le temps de vérifier qu'il est bien en conformité avec les lois chinoises.
LinkedIn a une version en langue chinoise depuis 2014, lorsqu'il a décidé de s'étendre en acceptant la censure stricte en vigueur en Chine. Il compte désormais 50 millions d'utilisateurs.
C'est l'une des rares plateformes internationales accessibles en Chine, où tous les sujets considérés comme politiquement sensibles sont soumis à la censure au nom de la stabilité nationale et les géants de la tech sont poussés à bloquer tous les contenus indésirables en ligne.
"Nous sommes une plateforme globale avec une obligation de respecter les lois qui s'imposent à nous, y compris les régulations du gouvernement chinois pour notre version de LinkedIn en Chine", a affirmé le groupe dans un communiqué daté de mardi, qui ne donne pas davantage de détails sur les lois à l'origine de cette décision.
"Le risque juridique majeur pour [LinkedIn], c'est qu'il est très difficile de s'assurer que tous les utilisateurs y sont enregistrés sous leur vrai nom" comme l'exige la réglementation en Chine, estime Jyh-An Lee, professeur de droit à l'Université chinoise de Hong Kong.
Les géants de la tech qui refusent de se plier à la censure chinoise, comme Facebook, Twitter, Instagram ou YouTube, ont depuis longtemps été bloqués grâce à un système très perfectionné, surnommé le "Great Firewall", jeu de mot en anglais qui mélange les termes "Grande Muraille" ("Great Wall") et pare-feu ("firewall").
Microsoft se plie toutefois aux règles chinoises pour LinkedIn à travers une joint-venture chinoise.
Le réseau social professionnel a été critiqué en Chine pour avoir retiré les comptes de dissidents - à ce sujet LinkedIn a affirmé qu'il s'agissait d'une erreur - et avoir effacé des contenus politiquement sensibles de ses pages.
La semaine passée, Microsoft Exchange, a été victime d'un piratage, attribué à un groupe de hackers chinois soutenus par Pékin, qui a affecté au moins 30 000 organisations américaines, y compris des entreprises, des villes et collectivités locales aux Etats-Unis.
Un porte-parole de LinkedIn a toutefois assuré à l'AFP que la suspension des nouvelles adhésions n'avait aucun rapport avec cette attaque.
Le voyage de Microsoft en Chine n'a pas toujours été un long fleuve tranquille : son moteur de recherche Bing a ainsi été temporairement suspendu en 2019 et en 2014 son logiciel Windows a fait l'objet d'une enquête anti-trust.