WASHINGTON: La Chine pourrait envahir Taïwan d'ici six ans pour atteindre son ambition affichée de supplanter les Etats-Unis comme première puissance militaire dans l'océan Pacifique, a estimé mardi le commandant des forces américaines dans la région, l'amiral Philip Davidson.
«Je crains qu'ils ne soient en train d'accélérer leur projet de supplanter les Etats-Unis (...) d'ici 2050», a déclaré le chef du commandement militaire indo-pacifique (Indopacom) devant une commission du Sénat. «Je crains qu'ils ne veuillent atteindre leur objectif plus tôt que prévu.»
«Il est clair que Taïwan fait partie de leurs ambitions et je pense que la menace est évidente dans la décennie qui vient, en fait au cours des six prochaines années», soit d'ici 2027, a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec Taipei en 1979 afin de reconnaître Pékin comme seul représentant officiel de la Chine, mais ils restent l'allié le plus puissant de Taïwan et son fournisseur d'armes numéro un.
Or la Chine considère l'île comme une province chinoise et menace de la reprendre par la force en cas de proclamation formelle d'indépendance, ou d'intervention étrangère.
Après avoir repris le contrôle de Hong Kong de façon musclée, Pékin a multiplié les avertissements à Taïwan par des démonstrations de force et en tentant d'empêcher la navigation dans le détroit de Taïwan, qui sépare les deux territoires.
La Chine, qui a aussi des ambitions territoriales en mer de Chine méridionale (vis-à-vis notamment du Vietnam et des Philippines), en mer de Chine orientale (sur les îles Senkaku contrôlées par le Japon) ainsi que dans l'Himalaya face à l'Inde, menace même l'île américaine de Guam, dans le Pacifique, a souligné l'amiral Davidson.
«Guam est une cible aujourd'hui», a-t-il averti, rappelant que l'armée chinoise a publié l'an dernier une vidéo promotionnelle montrant des pilotes chinois attaquer une base militaire sur cette île située à 2 500 km à l'est des Philippines.
Il a appelé les élus du Sénat à approuver l'installation sur Guam d'une batterie antimissiles Aegis Ashore de dernière génération, capable d'intercepter en vol les missiles chinois les plus performants.
Guam «doit être défendue et doit être préparée pour les menaces à venir, parce qu'il est clair pour moi que Guam n'est plus simplement un endroit d'où nous pensons pouvoir nous battre», a-t-il ajouté. «Il va falloir nous battre pour elle.»
Outre trois autres systèmes de défense antimissile Aegis destinés à l'Australie et au Japon, l'amiral Davidson a demandé aux élus de prévoir dans le budget militaire 2022 des armements offensifs «pour que la Chine sache que le coût de ce qu'ils essaient de faire est trop élevé et pour les faire douter de leurs chances de succès».