Une université américaine célèbre l'art arabe avec le prix Khayrallah et ses deux lauréats

Couverture du roman arabe de Rula Jurdi Abisaab, Dans une boîte de lumière. (Fourni)
Couverture du roman arabe de Rula Jurdi Abisaab, Dans une boîte de lumière. (Fourni)
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Publié le Jeudi 04 mars 2021

Une université américaine célèbre l'art arabe avec le prix Khayrallah et ses deux lauréats

  • L’une des activités remarquables du centre Khayrallah consiste à célébrer la culture arabe à travers le prix annuel Khayrallah, lancé en 2015
  • «Nous recherchons des œuvres qui montrent un haut niveau de compétence et qui évoquent aussi les thèmes de la diaspora et de l'immigration», explique le directeur du centre

DUBAÏ: Depuis sa fondation, en 2010, le centre Khayrallah de l’université d’État de Caroline du Nord poursuit sa mission de recherche et d'archivage et informe le public sur l'histoire de la diaspora libanaise.

L’une des activités remarquables du centre consiste à célébrer la culture arabe à travers le prix annuel Khayrallah, lancé en 2015.

«Quand vous évoquez l’histoire d’une communauté, la culture est un aspect central de son identité, qu'il s'agisse de la culture quotidienne, comme la nourriture, ou de la haute culture telle que nous la concevons, comme la littérature, la poésie et l'art», confie le directeur du centre, le Dr Akram Khater, à Arab News.

Originaire du Liban, il explique: «Nous voulions non seulement reconnaître, mais aussi encourager les gens à explorer l’idée d’appartenance à la diaspora de manière artistique.»

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Le cinéaste new-yorkais Zayn Alexander a présenté un court métrage d’une dizaine de minutes, Abroad, son premier film, dans lequel il joue. (Fourni)

Pour l'édition 2020 de ce prix, qui a reçu environ cent candidatures dans les domaines de l’art visuel, du théâtre, de la poésie et du cinéma, deux lauréats ont été annoncés: le cinéaste new-yorkais Zayn Alexander et la poétesse et universitaire montréalaise Rula Jurdi Abisaab.

Né au Liban, Alexander a présenté un court métrage d’une dizaine de minutes, À l'étranger, dans lequel il joue. C’est son premier film. Il raconte l'histoire d'un couple libanais, Jad et Rania, qui vit à New York mais qui a du mal à se faire une place dans le milieu du cinéma, en partie à cause des préjugés dont sont victimes les acteurs arabes. Les choses deviennent plus sérieuses lorsque Jad décide de rentrer au Liban.

Quant au roman arabe Dans une boîte de lumière, écrit par la professeure Rula Jurdi Abisaab, qui travaille à l’université McGill, il a pour thèmes la lumière et l’illumination.

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Portrait de Rula Jurdi Abisaab. (Fourni)

Le personnage principal de cette histoire est une jeune femme libanaise qui se rend à New York pour étudier le cinéma. C’est l’occasion pour elle de croiser des personnes venues horizons très divers. Elle fait une rencontre capitale, celle d’un homme irakien, mais cette relation n’est pas acceptée par sa famille, originaire d’un village libanais.

 M. Khater note que les œuvres individuelles qui ont été couronnées répondaient aux critères du prix: «Nous recherchons des œuvres qui montrent non seulement un haut niveau de compétence, mais qui évoquent aussi les thèmes de la diaspora et de l'immigration en les explorant avec honnêteté, posant un regard neuf et apportant une profondeur», indique-t-il.

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Portrait de Zayn Alexander. (Fourni)

Les deux lauréats se partageront le prix de 10 000 dollars (8 306 euros). En raison des restrictions imposées par la pandémie de Covid-19, 2020 a été une année difficile pour les arts du monde entier. C’est la raison pour laquelle la contribution financière du prix Khayrallah est salutaire.

Dans des circonstances normales, le lauréat est invité à présenter son travail lors d’une cérémonie au musée Sursock de Beyrouth. Mais, en raison du contexte sanitaire, l’événement qui aura lieu devrait être virtuel.


La Semaine de l'art de Riyad marque un nouveau chapitre dans la renaissance culturelle saoudienne

La Semaine de l'art de Riyad fait des vagues dans la capitale saoudienne cette semaine, les conservateurs et les créateurs saluant l'événement comme un moment charnière dans le paysage culturel en pleine évolution du Royaume. (SPA)
La Semaine de l'art de Riyad fait des vagues dans la capitale saoudienne cette semaine, les conservateurs et les créateurs saluant l'événement comme un moment charnière dans le paysage culturel en pleine évolution du Royaume. (SPA)
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  • Cet événement, organisé par la Commission des arts visuels et accueilli dans le JAX District du 6 au 13 avril, est salué comme un moment charnière dans le paysage culturel en pleine évolution du Royaume.
  • Riyad se définit de plus en plus comme un espace où modernité et tradition se rencontrent, favorisant une évolution créative unique selon Vittoria Matarrese.

RIYAD : La Semaine de l'art de Riyad fait des vagues dans la capitale saoudienne. Les conservateurs et les créateurs saluent l'événement comme un moment charnière dans le paysage culturel en pleine évolution du Royaume, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Organisé par la Commission des arts visuels et accueilli au JAX District du 6 au 13 avril, l'événement rassemble des artistes locaux et internationaux, des conservateurs et des institutions pour célébrer la créativité contemporaine et le dialogue interculturel.

Cette initiative reflète l'élan croissant de la transformation culturelle de l'Arabie saoudite, qui s'inscrit dans le cadre du programme de réforme Vision 2030 visant à remodeler le tissu social et artistique du Royaume, selon les organisateurs. 

Vittoria Matarrese, directrice et commissaire artistique de la Semaine de l'art de Riyad, a décrit l'événement comme un tournant important.

« Nous avons choisi le titre Au bord, car il reflète la nature de la phase que traverse Riyad », a-t-elle déclaré. « C'est une ville située entre le désert et l'urbanisation, entre le patrimoine et le renouveau. Cet équilibre est visible dans la diversité des œuvres présentées et des dialogues de l'exposition ».

Elle a ajouté que Riyad se définit de plus en plus comme un espace où modernité et tradition se rencontrent, favorisant une évolution créative unique.

Shumon Basar, conservateur du programme culturel public de l'Art Week Riyadh, a souligné l'importance des conversations qui se tiennent dans le cadre du programme intitulé « Comment créer un monde de l'art : Lessons in Value ». 

Il explique : « Notre objectif n'est pas seulement de partager des expériences, mais aussi de soulever des questions essentielles sur les types de valeur que l'art crée dans le monde contemporain — qu'elle soit économique, symbolique ou sociale — et sur la manière dont l'art peut servir d'outil pour comprendre les transformations culturelles, plutôt que de simplement les refléter. »

La Semaine de l'art de Riyad est une plateforme culturelle essentielle qui embrasse la diversité et encourage l'expérimentation artistique, offrant un espace de réflexion critique sur l'évolution du rôle de l'art dans la société, ajoute la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Alejandra Castro Riosecco: « L'émancipation des femmes n'est pas une question régionale, c'est une question universelle »

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  • Pour Alejandra Castro Riosecco, collectionneuse chilienne d’origine espagnole et fondatrice de MIA Art, « l'émancipation des femmes n'est pas une question régionale, c'est une question universelle »
  • Castro Riosecco revient également sur l’exposition organisée à la Dubaï Tower par le MIA en collaboration avec le musée d'art latino-américain MOLAA

DUBAI : Pour Alejandra Castro Riosecco, collectionneuse chilienne d’origine espagnole et fondatrice de MIA Art, « l'émancipation des femmes n'est pas une question régionale, c'est une question universelle ». Pour Arab News en français, elle estime que les femmes ont toujours été dans une lutte constante pour rechercher des opportunités dans tous les domaines, « et l'art ne fait pas exception ». Castro Riosecco revient également sur l’exposition organisée à la Dubaï Tower par le MIA en collaboration avec le musée d'art latino-américain MOLAA ainsi que sur le MIA Art Collection Gala & Awards, un classique de la foire de l’art.

Question - Pouvez-vous nous parler de l'inspiration derrière l'exposition MIA en collaboration avec le musée d'art latino-américain MOLAA ? Quels thèmes les visiteurs peuvent-ils s'attendre à voir le 17 avril ?

Réponse - L'inspiration pour cette exposition est venue lors d'une visite à Los Angeles, en Californie, l'année dernière, lorsque mon mari et moi avons rejoint le comité international du conseil d'administration du MOLAA. Nous avons découvert ce musée et nous avons voulu le soutenir en le faisant connaitre avec le Moyen-Orient.

Nous sommes une organisation qui tente de faire fleurir l'inspiration et cherche à apporter quelque chose de différent chaque année à Dubaï dans le domaine de l'art.

Depuis 6 ans maintenant, nous créons des expositions innovantes, pleines de beauté et de sens, qui rencontrent un énorme succès, de sorte que l'inspiration est pour nous comme l'amour dans l'air...

Mon expérience de l'art latino-américain, ayant vécu de nombreuses années en Amérique latine, fait de moi une personne très bien informée sur ce sujet et en particulier sur les femmes artistes et leur rôle dans la société et dans le monde de l'art.

Pendant des décennies, les musées ont représenté la vision la plus pure de l'art en collaboration avec des fondations, en particulier ce musée, le MOLAA, qui est l'un des rares musées spécialisés dans l'art latino-américain et qui abrite une collection d'œuvres d'artistes historiques et d'artistes internationaux de premier plan tels que Leonora Carrington, Botero, entre autres.

Q - Y a-t-il des artistes ou des œuvres en particulier qui vous captent votre enthousiasme ?

Ils nous enthousiasment tous beaucoup, plus que les œuvres, nous aimons toujours voir l'effet et l'impact de ce mélange d'œuvres d'artistes plus établis et d'artistes plus jeunes. Cette conversation émergente entre les œuvres d'art génère beaucoup de créativité et de dynamisme et nous invite en même temps à découvrir l'histoire des dernières décennies et plus encore de l'art féminin latino-américain. Les œuvres qui nous enthousiasment le plus sont bien sûr celles de Leonora Carrington, la mère du surréalisme, et Doris Salcedo par exemple, une artiste cubaine qui participe à des expositions dans des musées tels que le MOMA à New York.

R - Quelle importance revêt l'organisation de cette exposition à la Dubaï Festival Tower pour le MIA et le musée MOLAA ?

C’est important pour une multitude de raisons. Tout d'abord, parce que pour la première fois dans l'histoire des pays arabes, nous avons obtenu qu'un musée américain déplace des pièces de sa collection vers une exposition. Il s'agit vraiment d'un effort "public-privé". Je suis très heureuse que Dubaï Festival City, propriété d'une famille émiratie locale, soutienne un projet comme le nôtre. J'admire et respecte leur esprit d'entreprise et leur engagement envers la société, et cela me semble être un merveilleux exemple pour les groupes économiques de Dubaï. La responsabilité sociale ne devrait pas être un simple sujet de conversation, elle devrait être réellement mise en pratique. DFC (Dubaï Festival City) le fait dans tous les domaines : arts, éducation, environnement et développement durable, etc.

Nous sommes heureux de cette collaboration, et pour le MOLAA, cette fenêtre qui s'est ouverte est un cadeau. En ces temps difficiles où les frontières nationales semblent être des barrières énormes, les Émirats sont toujours ouverts et prêts à apporter leur soutien.

Q- Le MIA Art Collection Gala & Awards est un événement prestigieux prévu pour le 18 avril. Quels sont les principaux objectifs de ce gala et comment contribuera-t-il à la communauté artistique ?

Le MIA Art Collection Gala & Awards est un classique de la foire d'art de Dubaï, un classique parce que c'est un gala unique, avec un sens profond de la chaleur humaine, et cette année, il se tiendra pour la première fois au Lana - Dorchester Collection Hotel. Grâce à leur collaboration, nous pouvons à nouveau organiser ce magnifique dîner au cours duquel MIA ART Collection récompense 10 personnalités distinguées du monde de l'art, 10 personnes qui, par leur engagement, changent chaque jour la scène artistique internationale. Les lauréats sont l'âme de ce gala. Notre contribution à la scène artistique est énorme, MIA est une organisation à but non lucratif qui se concentre entièrement et exclusivement sur la philanthropie et l'aide aux femmes artistes dans le monde entier. Basée dans une ville où la plupart des œuvres d'art sont des affaires et évoluent dans des limites transactionnelles, MIA Art Collection le fait simplement pour l'amour de l'art et la simple passion de la conviction.

R - Quel impact espérez-vous que l'exposition HER LAND aura sur les artistes émergents et sur l'appréciation de l'art dans la région ?

Il est très important d'avoir une large scène artistique à Dubaï, qui ne se concentre pas uniquement sur l'achat et la vente d'œuvres d'art, mais aussi sur des projets qui cherchent uniquement à éduquer. Je pense que si nous voulons que Dubaï continue à devenir une référence dans le monde culturel, nous devons avoir la capacité d'aller au-delà de la transaction et de comprendre que l'art est plus que cela, et que la culture améliore la société et la rend plus sensible et plus hospitalière.

Q - Quel rôle l'art joue-t-il dans l'émancipation des femmes artistes de la région ?

L'émancipation des femmes n'est pas une question régionale, c'est une question universelle. La recherche d'opportunités a été une lutte constante pour les femmes dans tous les domaines, et l'art ne fait pas exception. Nous savons qu'au cours des 100 dernières années, nous avons fait de grands progrès. Le droit de vote universel pour les femmes a été approuvé il y a 45 ans à peine. Cependant, il reste encore beaucoup à faire.

Pour moi, les Émirats arabes unis font un excellent travail en ce qui concerne le rôle des femmes. Les femmes émiriennes sont très fortes et intelligentes. Elles savent ce qu'elles doivent faire et comment le faire. Les femmes artistes arabes sont des pionnières en matière de techniques artistiques, et ce depuis plusieurs décennies. Je suis sûre que le rôle important que les femmes ont joué dans l'art est une question que de nombreuses organisations doivent aborder, reconnaître et soutenir. Il est essentiel pour atteindre notre objectif de donner aux femmes artistes plus de visibilité, plus d'espace, plus de soutien.

La façon dont les femmes voient et observent le monde est fascinante, et lorsque l'art le montre, il nous émeut, il nous touche, mais surtout, il nous enseigne, et une chose que nous ne devrions jamais cesser de faire, c'est d'apprendre.

L'exposition est ouverte au public du 18 avril au 17 mai à la DUBAI FESTIVAL TOWER, 30ème étage.

 


Un voyage à travers les chefs-d’œuvre préhistoriques de NEOM

 Les sculptures du désert de Hisma - représentant des animaux, des scènes de chasse et des silhouettes humaines - sont un pont entre notre vie moderne et le monde des hommes d'il y a des milliers d'années. (SPA)
Les sculptures du désert de Hisma - représentant des animaux, des scènes de chasse et des silhouettes humaines - sont un pont entre notre vie moderne et le monde des hommes d'il y a des milliers d'années. (SPA)
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  •  Un musée en plein air d'œuvres d'art anciennes permet de décoder les civilisations du passé
  • Les dessins révèlent comment les êtres humains interagissaient avec les animaux aujourd'hui disparus de la région

LA MECQUE : Au cœur du désert d'Hisma du NEOM, où des montagnes et des plateaux de grès s'élèvent dans un paysage aride, se trouve une extraordinaire collection d'œuvres d'art rupestre et d'inscriptions archéologiques anciennes. Ces trésors inestimables témoignent de la vitalité culturelle et économique de civilisations disparues depuis longtemps.

Autrefois couloir vital pour les caravanes empruntant les anciennes routes commerciales de la péninsule arabique, cette région conserve un héritage inestimable gravé dans ses formations géologiques.

Interrogé par Arab news, Abdulelah Al-Fares, photographe et expert en artefacts anciens, membre de la Société saoudienne de préservation du patrimoine, a déclaré que l'art rupestre se trouve dans les montagnes et les plateaux de NEOM, qui fait partie d'une chaîne de montagnes situées dans la partie nord-ouest de Tabuk.

Le désert de Hisma est bordé par les montagnes d’Al-Sharah au nord, par Wadi Araba au nord-ouest, par les montagnes de Hedjaz à l'ouest et par Harrat Rahat au sud.