SAINT-DENIS: La première évacuation sanitaire de quatre malades du coronavirus hospitalisés à la Réunion vers la métropole aura lieu cette semaine en raison de la saturation des hopitaux de l'île, qui fait face à une montée en puissance du coronavirus et de ses variants.
« Le ministère de la Santé veut pouvoir organiser pour la première fois d'ici la fin de cette semaine une opération d'évacuation sanitaire sans précédent de La Réunion vers la Métropole », a indiqué Martine Ladoucette, directrice de l'Agence régionale de santé (ARS) lors d'une conférence de presse à Saint-Denis de la Réunion, ajoutant que cela concerne « quatre malades ».
« Nous ne pouvons pas exclure une dégradation de la situation sanitaire à court terme » a expliqué le préfet Jacques Billant, à l'issue d'une réunion avec les 24 maires de l'île ou leurs représentants.
D'autant que le taux d'occupation des services de réanimation est déjà de « 90% », a indiqué Mme Ladoucette, soulignant qu'une évacuation sanitaire « ne va pas de soi ni sur un plan technique, ni sur un plan médical pour les personnes transférées, et elle est évidemment des plus éprouvantes sur le plan psychologique pour les personnes concernées, pour leur entourage, mais aussi pour les professionnels de santé ».
De plus, le voyage en avion dure au moins 10 heures.
« C'est pour ça qu'elle doit être conçue comme incontournable en cas de besoin absolu, mais aussi comme un ultime recours qu'il convient de pouvoir éviter le plus possible », a-t-elle ajouté.
Les évacuations sanitaires nous les faisons, « parce que nous sommes obligés de le faire », a aussi reconnu le ministre de la Santé Olivier Véran mardi devant l'Assemblée, ajoutant que les malades seraient dirigés « vers la région Nouvelle Aquitaine ».
« Nous le ferons avec parcimonie pour sauver les vies à la Réunion et sauver des vies à Mayotte », a précisé le ministre. Il a tenu à rappeler qu'il y avait déjà eu des évacuations sanitaires pour d'autres pathologies: « on en fait tout le temps de la Réunion vers la métropole pour des prises en charge adaptées, notamment en soins de cancérologie, lorsque les soins sur place spécialisés n'existent pas, nous savons le faire ».
Le ministre a également rappelé que « 70 renforts de médecins, d'infirmiers spécialisés, d'aides-soignants sont déjà venus de la métropole pour augmenter le nombres de lits et les capacités hospitalières ».
La Réunion dispose de 122 lits de réanimation. « 16 sont occupés par des malades réunionnais. Les autres le sont par des patients évacués sanitairement de Mayotte », a détaillé Martine Ladoucette.
Solidarité
Ces évacuations sanitaires en provenance du département voisin de La Réunion ont provoqué des nombreuses réactions hostiles aux patients mahorais accusés de saturer le système de santé réunionnais.
« Nous savions et nous l'avions d'ailleurs dit publiquement que La Réunion serait amenée à faire preuve de solidarité vis-à-vis de ses voisins mahorais, ainsi nous avons augmenté, et presque doublé, le nombre de lits de réanimation », a assuré M. Véran dans l'hémicycle.
Depuis le début de l'épidémie à La Réunion, le 11 mars 2020, et jusqu'au mercredi 24 février, 12.416 personnes ont été contaminées par le virus, et 52 patients sont décédés des suites de la maladie.
Le couvre-feu va également être étendu à partir de vendredi sur l'île, allant désormais de 18H00 à 05H00, a également annoncé mardi le préfet de La Réunion en disant agir pour éviter « un confinement très pénalisant ». Il commence actuellement à 22H00.
En une semaine 850 nouvelles contaminations au Covid-19 ont été recensées par les autorités sanitaires. « 60% de ces cas sont issus de variants », a noté le représentant de l'Etat.
Le taux d'incidence a légèrement augmenté. Mardi après-midi il était de 104 pour 100 000.