Affaire des «écoutes»: décision lundi pour Nicolas Sarkozy

Une combinaison de 3 photos, réalisée le 18 novembre 2020, montre l'avocat français Thierry Herzog, l'ancien président français Nicolas Sarkozy et le juge français Gilbert Azibert (Photo, AFP)
Une combinaison de 3 photos, réalisée le 18 novembre 2020, montre l'avocat français Thierry Herzog, l'ancien président français Nicolas Sarkozy et le juge français Gilbert Azibert (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 26 février 2021

Affaire des «écoutes»: décision lundi pour Nicolas Sarkozy

  • Quatre ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis, ont été demandés pour l'ex-chef de l'Etat ainsi que pour ses deux coprévenus
  • L'ex-président au casier judiciaire vierge doit une nouvelle fois comparaître dès le 17 mars, dans l'affaire Bygmalion, pour des soupçons de financement illégal de sa campagne en 2012

PARIS: Une relaxe ou une condamnation inédite: le tribunal de Paris se prononce lundi dans l'affaire dite des « écoutes » sur le sort de l'ancien président Nicolas Sarkozy, contre lequel le parquet a requis de la prison ferme pour corruption et trafic d'influence. 

Quatre ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis, ont été demandés pour l'ex-chef de l'Etat ainsi que pour ses deux coprévenus, son avocat Thierry Herzog et l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert.  

Offensif lors du procès qui s'est achevé le 10 décembre, Nicolas Sarkozy a dit vouloir être « lavé de cette infamie », assurant avoir « encore confiance en la justice de notre pays ». 

Avant lui, seul un ancien président, Jacques Chirac, a été jugé et condamné, dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris en 2011.  

Quelle que soit la décision que rendra la 32e chambre correctionnelle, elle sera scrutée de toutes parts et déterminante pour Nicolas Sarkozy, sous forte pression judiciaire depuis sa retraite politique en 2016 et encore populaire à droite.  

Mis en cause dans plusieurs affaires, l'ex-président au casier judiciaire vierge doit une nouvelle fois comparaître dès le 17 mars, dans l'affaire Bygmalion, pour des soupçons de financement illégal de sa campagne en 2012. 

Les trois semaines électriques du procès des « écoutes » ont été le théâtre d'une polarisation entre deux visions opposées de ce dossier, né en 2014 d'interceptions téléphoniques entre l'ancien locataire de l'Elysée et son avocat. 

Au terme d'un lourd réquisitoire, le parquet national financier (PNF) a estimé qu'un »pacte de corruption » avait bien été conclu entre les trois prévenus.  

Pour le ministère public, Gilbert Azibert a transmis, via Thierry Herzog, des informations couvertes par le secret et tenté d'influer sur un pourvoi en cassation formé par Nicolas Sarkozy. En échange, ce dernier a accepté d'appuyer la candidature du magistrat pour un poste à Monaco. 

L'ancien locataire de l'Elysée voulait alors faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. Gilbert Azibert, avocat général dans une chambre civile, n'intervenait pas directement dans ce dossier mais il aurait joué de ses relations. 

Aux fondements de l'accusation: des conversations interceptées par la justice entre l'ancien président et son avocat sur une ligne officieuse - deux téléphones prépayés achetés sous le nom de « Paul Bismuth ». « Il a bossé hein ! » lance notamment Me Herzog. « Moi, je le fais monter », affirme un autre jour Nicolas Sarkozy. 

Dans cette affaire aux « effets dévastateurs », qui « vient cogner les valeurs de la République », le PNF a aussi demandé cinq ans d'interdiction professionnelle pour Me Herzog. 

« Désert de preuves »  

Tout cela n'est que « fantasmes », « hypothèses » et « procès d'intention » pour les avocats des trois prévenus, qui ont vivement plaidé la relaxe face à un »désert de preuves ». Les conversations retranscrites n'étaient que des « bavardages entre amis » et ne prouvent aucune corruption, ont-ils argué.  

Les conseils ont fait valoir qu'in fine, Nicolas Sarkozy n'a pas eu gain de cause devant la Cour de cassation et que Gilbert Azibert n'a jamais eu de poste à Monaco. Selon la loi, il n'est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l'influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d'influence. 

Tout au long du procès, la défense a pilonné un dossier « poubelle », réclamant l'annulation de toute la procédure, basée selon elle sur des écoutes « illégales » car violant le secret des échanges entre un avocat et son client. Elle a aussi torpillé une enquête préliminaire parallèle menée par le PNF. 

Cette enquête visait à identifier une « taupe » qui aurait informé le 25 février 2014 Thierry Herzog que la ligne Bismuth était « branchée ». Dans ce cadre, les factures téléphoniques détaillées (« fadettes ») d'avocats ont été examinées. L'enquête a été classée sans suite après près de six ans et, selon la défense, volontairement « cachée ».   

A ce sujet, une enquête administrative a été ouverte contre trois magistrats du PNF, notamment son ancienne cheffe Eliane Houlette. Ses conclusions sont imminentes.  

Dans un contexte tendu depuis plusieurs mois pour le parquet financier, son actuel patron Jean-François Bohnert est venu en personne le jour du réquisitoire pour défendre l'institution créée en 2014 et assurer: « Personne ici ne cherche à se venger d'un ancien président de la République ». 

Le PNF porte aussi l'accusation dans le dossier des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, indirectement à l'origine de l'affaire des « écoutes » et dans lequel il reste mis en examen. 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.