PARIS: La soprano guyanaise Marie-Laure Garnier a été sacrée mercredi soir révélation lyrique de l'année aux Victoires de la musique classique, une première pour une artiste lyrique issue des territoires ultramarins.
La cérémonie, dont c'était la 28e édition, s'est déroulée à Lyon, à huis clos pour cause de crise sanitaire.
Agée de 30 ans, Marie-Laure Garnier avait remporté en 2019 la première édition du concours « Voix des Outre-mer » qui vise à donner plus de visibilité à ces régions en manque de conservatoires mais pas de talents. « Je voudrais dédier ce prix à tous les chanteurs en herbe d'Outre-mer », a-t-elle dit.
La soprano a remporté plusieurs récompenses prestigieuses : lauréate du Concours international de chant de Mâcon en 2014, de la Fondation Cziffra en 2015, prix de la Mélodie Française en 2017 aux côtés de la pianiste Célia Oneto Bensaid.
« Venant de Guyane à 14 ans, je ne m'imaginais pas être là ce soir. Je suis heureuse et honorée », a-t-elle déclaré, appelant à combler le manque d' « institutions qui permettent de former des jeunes au chant lyrique » dans les territoires d'outre-mer.
Côté révélation soliste instrumental, c'est le percussionniste Aurélien Gignoux, 23 ans, qui a été sacré.
Dans la catégorie compositeur, c'est une compositrice qui a été récompensée pour la 2e année consécutive, la Franco-Américaine Betsy Jolas pour son quatuor à cordes Topeng. Jolas, 94 ans, figure de la musique contemporaine, a construit avec une grande indépendance sa carrière et son œuvre, inscrite dans la modernité tout en étant ouverte à l'émotion.
La soprano française Julie Fuchs, 36 ans, est quant à elle sacrée artiste lyrique de l'année. Sa voix de miel lui avait valu d'être distinguée comme une des révélations de ces dernières années, en 2012 et 2014.
A ses côtés, le pianiste Alexandre Tharaud, 52 ans, a été distingué dans la catégorie artiste soliste instrumental de l'année. Il avait été révélé au public avec l'enregistrement les Suites de clavecin de Rameau, en 2001. Mercredi, il a déclaré dédier sa récompense « aux musiciens qui vont très mal », en raison de l'absence de concert à cause de l'épidémie.
La catégorie enregistrement a été remportée par le Quatuor Ebène, considéré comme le quatuor français le plus connu au monde (les violonistes Pierre Colombet et Gabriel Le Magadure, l'altiste Marie Chilemme et le violoncelliste Raphaël Merlin) pour leur album « Beethoven, Around the world », publié par Erato.
Chaque année, une Victoire d'honneur est remise à un artiste international, mais cette fois, les organisateurs ont accordé cette récompense à deux étudiants du Conservatoire de Lyon, où s'est tenu la cérémonie. Un geste symbolique pour signifier leur soutien aux musiciens et à la profession qui subissent de plein fouet les effets de la crise sanitaire.
A mi-parcours de la cérémonie, deux représentantes du monde de la culture ont pris la parole pour demander à l'Etat « des gestes forts » pour les intermittents, afin de les aider à traverser cette crise.